Ah, si les médias traitaient Macron comme Sarkozy !

Publié par le 10 Jan, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Ah, si les médias traitaient Macron comme Sarkozy !

Rappelez-vous comment la presse avait fait ses choux gras de la décision de l’agence de notation Standard & Poor’s, fin 2011, de priver la France de son triple A.

C’était à la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy et la France se relevait à peine de la gravissime crise financière de 2008.

Autres temps, autres moeurs !

La presse adore les symboles et ne rate pas une occasion de les traiter avec vigueur et parfois avec  outrance.

Pourtant, la dette de la France vient de passer la barre symbolique
des 100 % du PIB dans l’indifférence quasi générale des médias !

Mais voilà, Macron n’est pas Sarkozy !

Malgré l’échec patent de la politique économique d’Emmanuel Macron, les médias lui restent globalement acquis et ne renient rien de l’aide qu’ils lui avaient apportée pour le porter à l’Elysée. Les unes des magazines à l’époque, sont là pour en témoigner !

Et pourtant, il y aurait tant à dire sur ce quinquennat. Voici quelques points repris d’un article de Pierre-Antoine Delhommais paru dans Le Point :

Revenons à la dette …

Les Français n’ont guère eu le temps de prêter attention à cette statistique publiée le 20 décembre par l’Insee. La dette publique s’élevait fin septembre 2019 à 2 415,1 milliards d’euros, soit 100,4 % du PIB. La France a ainsi fait son entrée officielle dans le club très fermé et plutôt mal fréquenté des pays dont l’endettement dépasse la barre des 100 % et qui compte en Europe, parmi ses membres, la Grèce, l’Italie, Chypre ou encore le Portugal. La dette « citoyenne » de chaque Français est passée ainsi de 34 552 à 36 044 euros.

Dans ses vœux à la nation, Emmanuel Macron n’a bien sûr pas manqué d’évoquer les « bons chiffres » de l’économie française, en particulier les 500 000 emplois créés depuis le début de son mandat. Lui qui se dit très attaché à tenir un discours de vérité économique aux Français, il a en revanche curieusement oublié de mentionner cette augmentation de notre endettement qui contraste par exemple avec la baisse observée dans tout le reste de la zone euro, notamment en Allemagne, où le ratio dette/PIB a diminué de six points en deux ans et demi pour tomber à 61 %.

Durant ses voeux, le chef de l’État n’a même pas jugé utile de prononcer une seule fois le mot « dette », alors qu’il soulignait par ailleurs avec émotion le besoin de « solidarité entre les générations » et sa volonté de ne « pas trahir nos enfants, leurs enfants après eux, qui auraient à payer le prix de nos renoncements »

Une réforme des retraites qui se vide de sa substance …

Dans son allocution télévisée, Macron a utilisé à pas moins de quatre reprises les termes « renoncer » et « renoncement » pour expliquer, que contrairement à ses prédécesseurs, l’approche des échéances électorales ne l’empêcherait nullement d’« agir avec vigueur ». Mais cette insistance verbale a toutes les allures d’une figure de style laissant présager exactement le contraire. De fait, la réforme des retraites semble au fil des jours et d’après ce que l’on sait des négociations en coulisse se vider peu à peu de son contenu et s’éloigner de son double objectif initial : la création d’un régime universel et le retour à l’équilibre des comptes. Des régimes spécifiques vont remplacer les régimes spéciaux, et l’âge pivot est amené à connaître tant de dérogations qu’il ne devrait garder au final qu’un aspect purement symbolique permettant au gouvernement de sauver la face.

Quoi qu’il advienne, cette réforme n’aura rien d’une grande révolution : celle-ci aurait consisté d’une part à rompre une bonne fois pour toutes avec la logique malthusienne, en allongeant tout simplement jusqu’à 65 ans l’âge légal de départ à la retraite, comme l’ont décidé tous les autres pays européens ; d’autre part à introduire une dose de capitalisation au côté du régime de répartition, comme cela a été par exemple fait en Allemagne. Mais, sous prétexte de défendre l’exception du vieux modèle social français hérité du Conseil national de la Résistance, cette option a été écartée, et la capitalisation restera réservée, ce qui est tout de même un comble, aux fonctionnaires, avec la Préfon gérée par des dirigeants de FO et de la CFDT, et sera imposée aux hauts revenus supérieurs à 10 000 euros par mois. La solidarité et l’universalité ont vite trouvé leurs limites.

Bref, le nouveau monde des retraites promis par le président risque fort de ressembler beaucoup à l’ancien : inéquitable, structurellement déficitaire et financé à crédit.

Aucune réforme majeure dans le domaine économique …

Deux ans et demi après l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron,rien ne change ou presque :

  • les 35 heures sont toujours en place,
  • la France reste la championne du monde de la pression fiscale et des dépenses publiques,
  • le taux de chômage (8,5 %) y demeure deux fois et demi plus haut qu’en Allemagne (3,1 %),
  • la balance commerciale continue de pencher dangereusement du mauvais côté (60 milliards d’euros de trou prévu en 2019),
  • le déficit public de la France sera cette année le plus élevé de toute la zone euro,
  • sans oublier, éléments du folklore national, un régime des intermittents du spectacle plombant de 1 milliard d’euros par an le budget de l’Unédic,
  • et une Cour des comptes décrivant régulièrement des exemples croustillants de gabegie d’argent public.

Plus grave encore peut-être …

Emmanuel Macron semble également avoir renoncé à réformer, pardon, à transformer les mentalités économiques, à faire notamment passer l’idée dans l’opinion publique que la mondialisation constitue une chance pour la France et non une menace dont il convient par tous les moyens de se protéger. À plusieurs reprises, au cours des derniers mois, il a tenu un discours digne d’un militant d’Attac, dénonçant « un capitalisme devenu fou » ou encore « cette Europe ultralibérale ouverte à tous les vents ». Surtout, en acceptant de distribuer généreusement 17 milliards d’euros d’argent public pour vider les ronds-points de leurs occupants, le chef de l’État a clairement renoncé à rompre avec la logique économique à l’œuvre depuis des décennies dans notre pays, dans laquelle tout gouvernement ouvre son carnet de chèques chaque fois qu’une difficulté se présente et qu’un mouvement de grogne sociale prend de l’ampleur. Dans laquelle la croissance économique se trouve artificiellement soutenue par le recours à l’emprunt et les gains de pouvoir d’achat sont payés à crédit.

Rien ne changera ! La dette public continuera à se creuserpour qu’on puisse maintenir la possibilité aux agents de la RATP de prendre, à des âges précoces, de si confortables retraites.

Pierre-Antoine Delhommais pour Le Point.

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