L’ayatollah de la concurrence de Bruxelles

Publié par le 7 Nov, 2019 dans Blog | 0 commentaire

L’ayatollah de la concurrence de Bruxelles

Plus libérale que moi … Tu meurs !

(ou peut-être même … tumeur !)

Ça pourrait être la devise de Margrethe Vestager, commissaire à la Concurrence à Bruxelles.

L’escroquerie intellectuelle du siècle, selon moi, cela a été l’adhésion des socialistes français à l’Europe, et plus particulièrement aux principes de l’Europe économique.

Eux qui préfèrent les nationalisations aux privatisations, qui adorent les monopoles d’Etat, comment ont-ils pu accepter les trois piliers qui soutiennent la politique européenne  :

  • Libéralisme,
  • Rigueur budgétaire,
  • Concurrence.

On se souvient qu’il y a quelques décennies, la Commission de Bruxelles avait refusé le rapprochement du fleuron français de l’aluminium, Pechiney avec son concurrent canadien Alcan, au nom de son sacrosaint culte de la concurrence.

Quelques années plus tard, Pechiney s’effondrait et finissait vendu par appartement …

Plus récemment, la Commission européenne, emmenée par Margrethe Vestager, refusait la fusion Alstom – Siemens. On verra bien comment finira Alstom …

Critiquée par les dirigeants d’Allemagne et de France,  Margrethe Vestager se justifie dans une interview donnée entre autre au Figaro.

Le résumé de la position de cet ayatollah de la concurrence tient dans l’article du Figaro :

« Vouloir créer des champions européens est très vieille école »

Margrethe Vestager, commissaire à la Concurrence à Bruxelles, répond aux critiques de Paris et Berlin qui lui reprochent de négliger l’intérêt supérieur européen.

EUROPE Emmanuel Macron plaide pour la création de champions européens. Pour Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence, c’est aux entreprises, et à elles seules, de choisir leur stratégie. « L’industrie européenne, c’est un écosystème composé d’entreprises de toute taille, et c’est l’une des raisons de la résilience de l’économie européenne »indique la future vice-présidente exécutive de la Commission, dans un entretien accordé à l’alliance de quotidiens européens Lena, dont fait partie Le Figaro.

Le Figaro : Dans la future Commission, vous aurez à la fois en charge la concurrence et la supervision de la transition numérique. Cette double casquette pose question en termes de conflit d’intérêts. Qu’en pensez-vous ?

Margrethe VESTAGER : J’avais déjà, dans la Commission sortante, le rôle de gendarme tout en participant, avec d’autres commissaires, à la régulation de secteurs économiques. Cela a fonctionné jusqu’à présent, y compris pour mes prédécesseurs, et cela fonctionnera à l’avenir. Il existe un système de contre-pouvoir au sein de la Commission. Nous avons le poste d’économiste en chef dans les services de la concurrence ou encore le service juridique, qui défend les décisions de la Commission à la Cour de justice de l’UE. Il existe un troisième médiateur de l’Union. Il valide les décisions en matière d’équité, de proportionnalité et de transparence. Ceci dit, je remarque qu’actuellement les craintes portent moins sur l’influence que peut avoir la politique industrielle sur les décisions de concurrence, que sur l’inverse.

Le Figaro : Donald Trump vous avait traitée de « tax lady » après que vous vous êtes attaqué à des entreprises technologiques américaines. Quel nom pourrait-il vous donner quand vous aurez la tutelle sur le secteur numérique ?

Margrethe VESTAGER : Si j’étais dans la tête de Trump, j’en ferais un modèle cl’ affai.res !

Le Figaro : Votre maintien au poste de la Concurrence est-il la garantie que la Commission ne perdra pas de pouvoir en la matière comme la France et l’Allemagne l’ont suggéré après votre veto à la fusion Siemens-Alstom ?

Margrethe VESTAGER : Ce n’est pas une question de personne. Le sujet, c’est le mandat de la Commission européenne qui est de veiller à ce que le marché serve les consommateurs. Il n’y a pas de contradiction entre l’émergence de champions industriels et la protection des consommateurs.

Le Figaro : La France et l’Allemagne vous reprochent pourtant de négliger l’intérêt supérieur européen au nom de la protection des consommateurs.

Margrethe VESTAGER : Je ne fais pas de distinction entre être au service du consommateur et être au service de l’intérêt européen. Il est de l’intérêt supérieur européen que le consommateur, qui est un citoyen perçoive que le marché est à son service. Lorsqu’il y a des champions européens, c’est parce qu’ ils ont été stimulés par la concurrence, et non parce qu’ils ont été biber0nnés et chouchoutés.

La concurrence est le meilleur moyen pour une entreprise de se maintenir en forme et d’être innovante. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais moi, je ne vais pas au supermarché lorsque mon réfrigérateur est plein !

Le Figaro : Paris n’est pas satisfait de votre décision de lancer une enquête approfondie sur le rachat des Chantiers de l’Atlantique par l’italien Fincantieri. Que répondez-vous ?

Margrethe VESTAGER : Je ne fais jamais de commentaire sur des dossiers en cours.

Le Figaro : Nous n’avons pas de programmes destinés à créer des champions européens … Certains le préconisent. Qu’en pensez-vous ?

Margrethe VESTAGER : Nous ne devons pas avoir un tel programme. Si des entreprises veulent fusionner, qu’elles soient publiques ou privées, européennes ou pas, cela ne peut être notre choix, c’est le leur.

Le Figaro : Guy Verhofstadt appelle aussi à la création de champions européens, en particulier dans le numérique.

Margrethe VESTAGER : Cette façon de voir les choses est très vieille école. L’industrie européenne, ce ne sont pas que des entreprises géantes. C’est un écosystème composé d’entreprises de toute taille, et c’est l’une des raisons de la résilience de l’économie européenne.

Le Figaro : L’une de vos principales missions sera d’éviter que l’Europe ne soit exclue de la révolution technologique. N’arrive-t-on pas trop tard, sachant que les entreprises américaines ont déjà accumulé les données de millions de citoyens européens ?

Margrethe VESTAGER : L’une des raisons pour lesquelles les réseaux sociaux ont pu grandir si vite, est qu’ils disposaient déjà d’un grand marché domestique aux États-Unis, sans barrière de langue, avec une bonne infrastructure technologique. Cela leur a permis de s’installer en Europe avec des services que les consommateurs adorent. Mais la phase à venir est celle de la révolution technologique et nous sommes dans une situation bien meilleure car nous disposons d’un marché unique. On m’a dit récemment qu’il y a en Europe autant de startups dans le domaine de l’intelligence artificielle qu’aux États-Unis. Sur les supercalculateurs, nous sommes en passe de devenir leader en termes de capacité. Nos programmes satellitaires, Copernicus et Galileo, sont les plus grands producteurs de données. Nous partons donc avec une bonne base. Notre défi portera sur les petites et moyennes entreprises, qui constituent le gros de l’économie européenne. Leurs carnets cie commandes sont pleins actuellement et elles pourraient penser que la révolution technologique est pour demain. ll faut s’assurer qu’elles montent bien à bord du train et leur faciliter l’accès au numérique.

Le Figaro : Comment l’Europe peut-elle combler son retard sur les États-Unis et la Chine ?

Margrethe VESTAGER :  On dit souvent que les Chinois ont les d0nnées, et les Américains l’argent. Mais l’accès aux données et l’argent ne font pas tout. La question est de savoir où réside la demande, dans quels secteurs nous voulons déployer cette technologie. C’est pour cela que j’évoquais les PME: il faut qu’elles soient demandeuses d’intelligence artificielle pour développer leurs activités. Pour cela, nous avons besoin d’un environnement qui ait de l’appétit. Je parle autant de l’environnement des entreprises, que des syndicats ou de la société civile.

Le Figaro : Vous avez lancé des procédures de concurrence emblématiques sur des questions fiscales. Comment la nouvelle Commission poursuivra-t-elle le travail en ce domaine?

Margrethe VESTAGER :  Ce mandat sera assez différent du précédent, car Pierre Moscovici a réussi à faire adopter quatorze législations fiscales. La prochaine Commission devra faire respecter les nouvelles règles, car les autorités disposent maintenant de bien plus d’outils de surveillance, par exemple l’obligation faite aux entreprises de publier des rapports pays par pays. Mais tant que tout cela n’existe que sur le papier, personne ne paie un euro de plus d ‘impôt. iI faudra aboutir avec la taxe sur le numérique.

Le Figaro : Pourquoi l’Irlande, le Danemark, la Finlande ou la Suède soutiendraient-ils une telle proposition ? La semaine dernière, le Conseil européen a encore refusé le projet soutenu par le Parlement européen d’obliger les grandes entreprises à publier les montants d’impôts qu’elles paient par pays, ce qui serait la première étape vers une taxe numérique.

Margrethe VESTAGER :  Il y a peu, on disait encore qu’il ne servait à rien de mettre en place une telle taxe si on ne le faisait pas à l’échelle mondiale. Mais l’OCDE, qui en a le leadership, a commencé à bien avancer, ce qui d0nne de l’espoir, et les premières réactions européennes sont plutôt favorables.

Propos recueillis par Anne ROVAN (Le Figaro), Jurek KUCZKIEWICZ (Le Soir), Thomas BIELECKI (GAZETA WYBORCZA), Lluîs PELLICER (El Pais), Alberto D’ARGENIO li, Andrea BONANNI (La Republica).

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