Le Pape et Jupiter : même combat ? par Eric Zemmour

Publié par le 1 Juil, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Le Pape et Jupiter : même combat ? par Eric Zemmour

Emmanuel Macron donne des boutons
aux laïcards haineux de tout poil !

Ils s’étaient étranglés quand le président avait déclaré que les liens entre la République et l’Eglise avaient été abimés et qu’il convenait de les restaurer …

Sans doute, Macron, faisait-il allusion à la loi sur le mariage pour tous qui avait vu le passage en force de la pasionaria Taubira, l’humiliation des instances catholiques convoquées dans des auditions de la commission parlementaire ad hoc qui tournèrent à leur mise en accusation. Il y avait eu aussi la mise à la corbeille immédiate et méprisante de la pétition déposée au CESE avec plus de 700 000 signataires et le gazage de manifestants tout saut violents.

La visite d’Emmanuel Macron auprès du pape François et l’acceptation du titre de Chanoine d’Honneur de la basilique de Latran a dû encore exacerber l’hystérie de ces bouffeurs de curés patentés !

A cette occasion, Eric Zemmour revient dans le Figaro magazine sur les curieux rapports qu’entretient Emmanuel Macron avec le pape François :

Le rêve commun de Macron et du pape François

Au-delà de leurs divergences sur des nuances, les deux hommes sont liés par leur croyance en l’universalisme. Ils sont aussi des adversaires résolus du catholicisme identitaire.

Ils étaient faits pour s’entendre. L’élève des jésuites et le pape jésuite. Le président du « en même temps » et le souverain pontife de la « pensée complexe ». Macron et François veulent l’un et l’autre dépasser le clivage droite-gauche qu’ils trouvent ringard.

Le pape est à gauche en économie et à droite sur les questions de société.
Macron, c’est exactement l’inverse.

Un esprit superficiel y aurait vu une source de désaccords, voire de conflits. C’était mal connaître la subtilité des deux hommes. Macron a certes promis pendant sa campagne électorale d ‘étendre la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples de femmes lesbiennes et aux femmes célibataires, mais il ne veut pas brusquer les catholiques à la manière de son prédécesseur. Il cherche un compromis. Un « en même temps » qui ouvrirait la porte tout en la fermant. Bref, une embrouille.

Que le pape est tout à fait prêt à l’aider à trouver, lui qui veut aussi ouvrir l’Eglise aux évolutions sociétales, sur les femmes ou les homosexuels. De même, le pape ne manque jamais une occasion de critiquer le capitalisme et les inégalités sociales qu’il aggrave. De son côté, Macron est caricaturé par la gauche française en président des riches. Mais là aussi, ce qui les oppose en apparence les rapproche en réalité. Tout est une question de point de vue. La France est un des pays du monde où le système social est le plus puissant, le plus lourd, aussi ; on peut l’alléger sans le réduire en miettes. Le pape, même s’il a été proche dans sa jeunesse des milieux progressistes sud-américains, n’a jamais été communiste.

Emmanuel Macron recevant le titre de Chanoine d’honneur de la basilique de Latran

Au-delà de leurs divergences sur des nuances, les deux hommes sont liés par une approche commune : l’universalisme. Celui du « katholikos » pour le pape ; celui du « monde plat », pour notre président, de sa génération, du bain culturel et professionnel dans lequel il a baigné. Le pape est argentin et n’a pas pour la civilisation chrétienne les yeux de Chimène qu’avaient Jean-Paul II ou Benoît XVI. Macron est un ardent défenseur de l’Europe mais, comme ses prédécesseurs à l’Elysée, d’une Europe sans racines chrétiennes affichées, réduite aux acquêts économiques d’un grand marché. Les deux hommes sont les adversaires résolus de ce catholicisme identitaire qui s’est levé à l’Est, et grandit à l’Ouest, pour tenter de sauver le continent du multiculturalisme qui fait le lit de l’islamisation.

Macron dénonce la « lèpre populiste » tandis que François multiplie les gestes et les discours en faveur de « l’Autre » sanctifié. Macron et le pape François ont fait une croix sur la France et une Europe catholiques. Ils ne veulent connaître que des catholiques européens dans une Europe déchristianisée, une minorité parmi d’autres, au milieu d’autres, comme les autres. Une minorité qu’ils seront prêts alors tous deux à protéger.

Nos maîtres sont trop bons.

Eric Zemmour pour le Figaro Magazine.

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