L’Europe, oui, mais laquelle ?

Publié par le 10 Mar, 2019 dans Blog | 0 commentaire

L’Europe, oui, mais laquelle ?

Mon divorce avec de l’Europe date de 1992 ! J’avais alors voté NON au traité de Maastricht, un peu, je le reconnais, pour dire non à Mitterrand !

Mais aujourd’hui, je ne regrette pas ce vote quand je vois où nous ont conduits les dérives des institutions de l’Europe.

Cette semaine, dans Le Figaro Magazine, Guillaume Roquette a publié un édito qui exprime exactement mon état d’esprit actuel. Oui à l’Europe, mais pas à celle de Bruxelles et de Macron !

Au moins ont-ils de la suite dans les idées. D’un président à l’autre, de gauche, de droite ou d’en marche, la vision française de la construction européenne est toujours la même:

quand ça marche, c’est grâce à l’Europe, et si ça ne marche pas,
c’est parce qu’il n’y en a pas encore assez.

Dans sa dernière tribune sur le sujet, Emmanuel Macron nous promet ainsi une Europe qui protège ses citoyens. L’idée n’est pas d’une originalité folle : en 1992 déjà, François Mitterrand jurait que Maastricht était « un traité de protection ». Or, depuis, le bilan est pour le moins mitigé. En économie, l’Europe nous a effectivement protégés contre les crises financières, merci l’euro. Elle a propulsé ses membres dans la mondialisation, pour le meilleur (Airbus .. . ) mais aussi pour le pire (désindustrialisation massive, 184 milliards de déficit avec la Chine … ). En politique étrangère, n’en déplaise aux adorateurs du mantra « l’Europe, c’est la paix », elle a été inexistante dans les grands conflits qui ont ébranlé le continent, de la Bosnie à l’Ukraine en passant par les poussées indépendantistes de Catalogne et d’ailleurs.

Et puis, il y a l’immigration.

En remettant les clés de nos frontières aux initiateurs de Schengen, nous avons commis une erreur tragique. La vague migratoire incontrôlée de 2015 a provoqué un mouvement de défiance populaire inédit contre l’Union, amenant au pouvoir dans plusieurs pays des majorités qualifiées avec mépris de populistes.

Et maintenant, que fait-on ?

Emmanuel Macron a raison de vouloir une Europe plus protectrice, mais le chemin qu’il a maintes fois évoqué, celui d’un transfert de nos souverainetés nationales vers des autorités supra-étatiques, n’est pas le bon. Dans son discours resté célèbre contre le traité de Maastricht, Philippe Séguin avait définitivement raison :

Le pouvoir qu’on enlève au peuple, aucun autre peuple ni aucune réunion de peuples n’en hérite. Ce sont des technocrates désignés et contrôlés encore moins démocratiquement qu’auparavant qui en bénéficient …

Laissons l’Europe régler les sujets pour lesquels elle s’impose comme l’échelon pertinent: le commerce, l’agriculture ou la monnaie. Mais cessons d’en faire l’horizon radieux de toute notre vie publique. L’Union européenne n’a pas vocation à décider à notre place de notre politique migratoire, de l’utilisation de notre armée ni de notre identité culturelle. Elle n’a pas non plus à nous imposer, par ses technocrates et ses juges, la façon d’organiser notre démocratie ou faire respecter notre mode de vie à ceux qui veulent y substituer les lois de l’Islam. Chacun des 27 pays membres de l’Union a son propre peuple avec sa culture, son histoire et sa langue. La construction européenne est fructueuse à condition qu’elle ne s’oppose pas à la volonté de chacun de ces peuples. Dire cela, c’est évidemment un peu plus compliqué que d’affirmer qu’on est pour ou contre l’Europe. Mais c’est faire un bon usage du désormais fameux « en même temps ».

Guillaume Roquette pour Le Figaro Magazine.

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