Macron doit s’évader de la macronie !

Publié par le 27 Avr, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Macron doit s’évader de la macronie !

Certes, le virage n’est pas à 180 degrés comme du temps de Mitterrand, mais Emmanuel Macron vient de vivre son petit 1983, mais à l’envers.

En 1981, François Mitterrand s’était lâché sur sa gauche en dépensant et en nationalisant à tout va ! C’est durant cette période irresponsable que l’âge de départ à la retraite avait été abaissé de 65 à 60 ans. Une grande victoire symbolique – à la Front populaire – pour la gauche, et une catastrophe pour la France qu’on continue de payer aujourd’hui. En 1983, ce fut le brutal tête à queue, avec une politique de rigueur imposée par une dérive catastrophique des finances publiques.

Emmanuel Macron a fait tout l’inverse. Il s’est lâché plutôt à droite, et après plusieurs mois de gilets  jaunes, il vient de virer à gauche en lâchant tous ses objectifs de maitrise des déficits. Mais attention, il s’est affaibli devant sa majorité qui va maintenant probablement lui imposer des gages sociétaux. Les bobos de LaREM piaffent déjà pour imposer la PMA pour toutes et doivent poser des jalons pour la GPA qui suivra inéluctablement.

Durant sa conférence de presse, ses propos totalement inattendus sur l’islam politique – destinés à l’électorat de droite à l’approche des élections européennes – n’ont pas été appréciés dans la gauche de la République en marche.

Denis Tillinac, dans Valeurs actuelles, conseille à Emmanuel Macron de résister à cette pression sociétale s’il veut rester dans l’histoire. Voici sa chronique :

Macron au risque de l’histoire

La gauche sociale du PS est morte, remplacée par la gauche « sociétale » de LREM.
Si le chef de l’État sait s’en extraire, il marquera son époque.

Denis Tillinac

Refondé par Mitterrand sur les décombres de la SFIO et sabordé par Hollande, le PS est en état de catalepsie. Seuls les initiés connaissent le nom de son patron d’infortune (Olivier Faure), et son naufrage l’accule pour la première fois à affronter un scrutin avec une fausse barbe, en l’occurrence une officine animée par Glucksmann (fils). Voilà ce malheureux « intellectuel » tête de liste par défaut d’une mouvance sociale-démocrate qui, il y a cinq ans, tenait l’Élysée, Matignon, l’Assemblée, le Sénat et de solides positions locales. Plus de vrai chef, panne de doctrine, aucun élan : serait-ce l’agonie de la gauche non révolutionnaire? Du tout. Elle n’a perdu que l’intitulé de la boutique. De même que la SFIO s’était recyclée en PS pour se redorer la pilule, le PS se pérennise sous la casaque LREM, le parti de Macron. Rappelons pour mémoire que notre président, qui a recruté ses plus proches conseillers dans l’ex-écurie Strauss-Kahn, fut un éminent collaborateur de Hollande à l’Élysée, puis son ministre à Bercy. Richard Ferrand fut jusqu’à sa conversion au macronisme un notable provincial PS des plus conventionnels. Comme Christophe Castaner. La majorité des députés LREM vient également du PS post-mitterrandien ou de ses dépendances associatives. Certes, un Blum, un Mollet, un Mauroy, un Jospin auraient du mal à s’y reconnaître.

La gauche LREM a bazardé l’héritage de Jaurès et du Front populaire; elle recrute exclusivement chez les bobos des métropoles, les cultureux et les pédagos. Incarnée entre autres par Marlène Schiappa, Aurélien Taché ou Sibeth NDiaye, elle tolère le libéralisme à coloration juppéiste de Macron parce que son combat se polarise sur le « sociétal ». C’est sur le champ des idées que l’on peut exercer une influence politique. Peser sur l’évolution des mentalités. La gauche LREM s’y emploie, en tenant une ligne invariable depuis la « déconstruction » des années soixante: tout pour l »‘ émancipation » de l’individu, rien pour la famille, la patrie, l’héritage, la mémoire.

Marlène Schiappa, Aurélien Taché et Sibeth NDiaye, figures de proue de la macronie « boboïsante » et bien-pensante.

Tout pour les marges, rien pour la norme. Moins que rien pour l’idéal, surtout s’il ose invoquer une transcendance.

C’est la gauche « libertaire » des soixante-huitards, acquise au brouillon de culture made in USA, (gender studies, etc.) au consumérisme (barbouillé d’écologie), à l’hédonisme égocentré. Elle survalorise les minorités en haine des peuples qu’elle s’arroge le droit de mépriser sous couvert de dénonciation du « populisme ». À l’aune de son scepticisme ricanant, toute aspiration à un minimum d’altitude de l’esprit est une « aliénation ».

La « droite » (terme générique) n’a d’autre raison d’être que de contester ses présupposés avec les mêmes armes, celles des idées. Que les politiques qui s’en réclament aient renoncé à ce combat n’a aucune importance: de tous les horizons surgissent des pensées iconoclastes. Y compris d’une certaine gauche, celle de Debray, celle de Julliard.

Quand un état d’esprit prend corps dans l’imaginaire collectif et détermine sans qu’il y paraisse une nouvelle approche des réalités, le politique est obligé de relayer celle-ci. Sinon, il se fait blackbouler. Le fond du débat en ce début de siècle porte manifestement sur la notion d’identité.

Qui suis-je? De qui, de quoi procèdent ma conscience, ma sensibilité, mes goûts et couleurs ? Sur quels référents et avec le concours de quelle symbolique puis-je arrimer ma soif de bonheur ? Quel sens donner à ma vie, en tant que personne et en tant que citoyen ? Rude tâche, à contre-courant de l’air du temps – mais pas insurmontable à condition d’ignorer les positionnements sur l’échiquier partisan. Les urnes, aujourd’hui, ne suffisent plus à légitimer les politiques; ce sont les états d’âme qui suscitent les adhésions, les espérances ou les allergies partagées.

Macron en a obscurément pris acte. Peut-être souffre-t-il de barboter dans le marigot d’une gauche sans foi ni loi qui le mutile et le fait se fourvoyer dans une impasse. Son allocution remarquable, au lendemain de l’incendie de Notre-Dame, rappelle le Macron ancré dans l’histoire de France des Bernardins (exhortation aux catholiques), des Invalides (obsèques de d’Ormesson), de la Madeleine (obsèques de Johnny). Il suffirait en somme, pour sauver son quinquennat de l’insignifiance, qu’il prenne son envol en s’évadant de la Macronie. Les institutions le lui permettent.

Tous nos grands chefs d’État ont osé rompre avec leur enracinement politique initial. Aura-t-il cette audace ?

Denis Tillinac pour Valeurs actuelles.

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