Macron : main basse sur le parlement

Publié par le 10 Juil, 2017 dans Blog | 0 commentaire

Macron : main basse sur le parlement

Voici un billet extrait du Bulletin hebdomadaire d’André Noël n°2524 paru le 3 juillet 2017 :

Emmanuel Macron et son mouvement entendaient incarner la « bienveillance » – ce que Martine Aubry, elle, appelait le « care » – dont le signe le plus visible fut l’interdiction de huer ses adversaires lors de ses meetings électoraux. La formule être « de gauche et de droite » en étant une manifestation, elle était censée mettre fin à cet antagonisme politique trop conflictuel aux yeux de Macron.

Cela, c’était « avant » ! Avant qu’il n’accède au pouvoir et, avec lui, des centaines de députés qui lui sont entièrement dévoués puisqu’ils lui doivent une élection qui eût été inespérée en d’autres circonstances.

Depuis, c’est autre chose … Se trouve ainsi confirmée cette vérité que l’expérience politique atteste : celui qui a le pouvoir veut aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jouir de tous les pouvoirs, la soif de puissance étant insatiable chez un homme politique. S’il arrive au sommet de l’Etat, c’est précisément à cause de cette soif-là qu’il a besoin d’étancher plus qu’un autre.

Le résultat ? C’est que son mouvement est hégémonique. Il ne lui suffit pas d’être largement majoritaire dans l’Assemblée nationale, il lui faut en accaparer presque tous les postes et en évincer les élus de l’opposition. Le cas le plus emblématique est celui de questeur. Ils sont quatre à exercer ces charges et l’une d’entre elles est réservée à un député de l’opposition. Un poste important – très bien rémunéré et pourvu de nombreux avantages – puisque les questeurs sont chargés de l’élaboration, de l’exécution et du contrôle du budget de l’Assemblée nationale. Une enveloppe qui, lors de la précédente législature, ne pesait pas moins de 537 millions € dont 518 millions € de dotation de l’Etat, d’après le rapport du collège des questeurs.

Thierry Solère, président du groupe des « constructifs », a été élu à la questure contre Eric Ciotti, candidat des Républicains canal historique. Les élus macronistes, ceux d’En marche comme ceux du MoDem, ont voté comme un seul homme pour le premier.

Du côté de la majorité, on se justifie en soulignant que Solère est toujours Républicain et qu’il siège dans l’opposition, les amis du président feignant donc de ne pas voir où il y a un problème.

La réalité est que Thierry Solère arbore une… fausse barbe – qui fut tour à tour pour Le Maire, Juppé et Fillon lors des primaires – et qu’il appartient bel et bien à la majorité, nonobstant l’étiquette « Républicain » dont il continue de se réclamer.

Il a déclaré qu’il allait voter la confiance au gouvernement et c’est là ce qui distingue un député de la majorité d’un autre de l’opposition et non pas le banc sur lequel il siège  ou le groupe dont il se réclame. Et c’est même un membre très zélé de la majorité puisqu’il a fait cette annonce avant même le discours de politique générale du premier ministre. Or, c’est en fonction de son contenu que l’on décide d’approuver ou non, de contester ceci ou cela. Solère, lui, votera les yeux fermés ; par avance il est d’accord avec tout !

Pour ne pas avoir de candidat macroniste contre lui lors des législatives, il se réclamait de la majorité présidentielle sur ses affiches mais, pour être élu questeur, il prétend incarner l’opposition ! Est-ce cela la nouvelle politique que veut instaurer Macron, c’est-à-dire légitimer et encourager l’opportunisme dont les électeurs sont dégoûtés, au point qu’ils s’abstiennent massivement de voter ?

« La présidence impériale désigne l’opposition officielle » a dénoncé le Républicain Guillaume Larrivé. « Nous ne serons pas au bureau de l’Assemblée nationale tant que nous ne serons pas revenus à des pratiques respectueuses des formations républicaines et du choix des Françaises et des Français » a déclaré le président du groupe des Républicains. Résultat : outre la présidence tous les vice-présidents appartiennent à la majorité ! Du jamais vu sous la Vème République !

Si Macron bafoue les traditions républicaines et piétine l’opposition, il invente aussi une nouvelle règle qui n’a aucun fondement légal : le nouveau président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, devra démissionner à mi-mandat pour laisser la place à un autre (plutôt une autre), au nom de la parité. Elu pour cinq ans, on ne peut l’y contraindre, mais l’intéressé s’y est engagé. Comme de Rugy, candidat lors des primaires de la gauche, s’était engagé verbalement devant 17 millions de téléspectateurs et par écrit « sur l’honneur » à soutenir le vainqueur, en l’occurrence Hamon. Il a en fait soutenu Macron.

Et l’on parle de « moralisation » des politiques !

Le problème qui subsistait pour le président, c’est le Sénat : il n’y a pas d’élus et pour cause. Or il ne veut pas qu’il lui échappe ; il a besoin du soutien de sénateurs lors d’un congrès pour une réforme constitutionnelle. Il a chargé l’un de ses affidés, le socialiste François Rebsamen, sénateur du département de la Côte-d’Or, de former un groupe à sa dévotion. C’est fait, après maintes tractations et sans doute moyennant contreparties. Le groupe est ouvert « à tous ceux » qui « souhaitent porter les valeurs, les principes et les propositions » d’Emmanuel Macron, a précisé François Rebsamen en s’adressant à des sénateurs PS, LR, centristes, radicaux et écologistes. Il y aurait déjà une trentaine d’inscrits.

On attend aussi que NKM fasse dissidence du groupe Républicain de la mairie de Paris pour créer un groupe … macroniste. Elle ne … marche pas, elle court maintenant sur les trottoirs de la réussite.

Pas rancunière la bobo : ne doit-elle pas sa défaite dans la capitale à la présence d’un candidat d’En marche qui l’a emporté ?

 

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