Ne dites pas : c’était mieux avant

Publié par le 4 Juil, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Ne dites pas : c’était mieux avant

Les progressistes, béats, sûrs d’eux et arrogants, veillent et ne vous laisseront pas dire que c’était mieux avant !

Pour eux, par définition, tout ce qui évolue est progrès. Tout regard en arrière est ringard, imbécile et forcément réactionnaire !

C’est surtout à gauche qu’on tient ce discours : quand la droite juge la justice de plus en plus laxiste, la gauche applaudit à son « humanisation. Quand la gauche acclame le mariage pour tous, la PMA et bientôt la GPA, la droite dénonce la dénaturation du mariage, et le viol du droit de l’enfant au profit individualiste du droit à l’enfant.

Pourtant, des choses se dégradent réellement !

C’est dans le domaine de l’Education nationale que la gauche a fait le plus de dégâts en suivant aveuglément un quarteron de pédagogistes hyper-politisés. Mais si vous dîtes que le niveau des élèves baisse, à gauche, on vous dira que l’on ne peut pas comparer les élèves d’aujourd’hui avec ceux d’il y a 30 ans ! Aujourd’hui ils connaitraient beaucoup « plus de choses » en dehors de l’école ! Imaginez, Internet, Facebook, Whatsapp, Instagram !

Les employeurs apprécieront-ils leur dextérité à envoyer des textos !

Le classement PISA : l’école française à la dérive.

Osons ici aller à contrecourant du progressisme béat en relayant un article paru dans Valeurs actuelles sous la plume de Marie-Victoire Velut :

Inculture abyssale, prétention, clichés vides de sens … Une semaine dans la peau d’une prof de français face aux candidats du bac

Jeune professeur de lettre dans un lycée parisien, Marie-Victoire Velut a fait passer depuis lundi dernier les oraux du baccalauréat de français dans un établissement de banlieue. Elle raconte une semaine “éprouvante psychologiquement”, lors de laquelle elle fut confrontée “de plein fouet à la déliquescence de la transmission”.

Au cas où nous aurions été tentés d’évaluer les candidats à leur juste valeur durant ces oraux, il nous a été rappelé à tous, au cours d’une réunion préalable, la manière dont nous devions les noter. Positivement. Largement. Mais chaque jour de cette longue semaine a exigé des forces renouvelées de la part des examinateurs, de nouveaux séismes venant régulièrement ébranler notre confiance dans le progrès de l’esprit humain. Il ne fut pas rare que des âmes sensibles, parmi celles de nos collègues, ressentent par moment l’envie de pleurer devant la pauvreté de ce que proposaient les candidats.

De là où ils se trouvent, Lamartine et Musset, qui atteignaient le sublime dans le paroxysme de la tristesse, ressentent sans doute davantage de proximité avec notre affliction qu’avec le jeune godelureau les appelant prétentieusement par leurs prénoms d’Alfred et d’Alphonse pendant son oral, comme s’il s’agissait de ses copains de bringue qu’il a l’habitude de retrouver les soirs de match. Pascal fustigerait à nouveau le « cloaque d’incertitude et d’erreurs » qu’est l’homme, la vanité de ses prétentions, s’il avait entendu « ce cher Blaise » fusant de la bouche d’un adolescent de 15 ans qui s’imagine candidement l’égal des penseurs qui nous ont précédés…

« C’est ma grand-mère qui me l’a dit »

Plût à Pascal que ce jeune homme ait su d’abord construire correctement ses phrases et qu’il eut connu son sujet avant de se considérer l’ami des gens de Lettres les plus renommés. Pendant ces oraux, deux idées sont revenues sans cesse à mon esprit. Comment peut-on ignorer tant de choses et en confondre tant d’autres ? La pauvreté des analyses proposées faisait naître une sourde colère à l’égard de leurs maîtres. Que faisaient-ils au temps chaud ? Il fut rare d’être confronté à une explication reposant sur l’analyse de procédés littéraires. Peut-être n’est ce plus que l’apanage de lycées dits élitistes, le bibelot exotique d’un passé bourgeois. La plupart des exposés étaient paraphrastiques et répétaient (en moins bien) le texte de leur auteur. C’est la pointe de la modernité, paraît-il.

On en arrivait par conséquent à entendre des justifications très peu conventionnelles mais irréfutables. – « Pourquoi pouvez-vous dire que Baudelaire est romantique dans ce texte ? » – « C’est ma grand-mère qui me l’a dit. » Face à de tels arguments…

« L’albator » de Baudelaire, les vers libres de « Paul Verveine »

L’entretien nous a fait mobiliser des trésors d’ingéniosité pour faire sortir de la bouche des candidats autre chose que des réponses monosyllabiques, des clichés, des erreurs et des borborygmes. Certains réfléchissaient plusieurs minutes silencieusement avant de proclamer triomphalement que « l’humanisme parle de l’humain » ou « le réalisme du réel ». Le plus dramatique est que nous en étions presque à soupirer d’aise de leurs tautologies, car à côté de ce que proposaient leurs congénères qui ne réfléchissaient pas, et se lançaient dans un parallèle sans queue ni tête avec « L’albator » de Baudelaire ou les vers libres de « Paul Verveine », cela semblait limpide. Les courants, les genres et les registres ne sont clairement plus suffisamment étudiés puisque certains ont eu l’audace de présenter Ronsard comme un poète romantique, Montaigne comme un philosophe des Lumières, le lyrisme comme un genre, et la catharsis comme un courant littéraire et philosophique du XXème siècle.

Consciencieux bourrage de crâne

Pour le reste, les quelques notions à peu près situées semblaient l’effet d’un consciencieux bourrage de crâne. Des mots clés ressortaient régulièrement : « lutte contre l’intolérance », « l’obscurantisme » et « le fanatisme ». Mais dès lors que l’on demandait : « Qu’est-ce que l’intolérance ? L’obscurantisme ? Le fanatisme ? », le silence se faisait. Au terme de cette semaine, la déception est grande. Le sentiment que le bateau prend l’eau de toutes parts et que l’ignorance progresse se fait plus fort. C’est sans-doute une raison de plus pour ne rien lâcher à son échelle, auprès de ses élèves. Leur apprendre une véritable méthode d’analyse des textes littéraires et une bonne culture leur permettant de les expliquer en profondeur. Ne pas leur vendre des marchandises au rabais. Des artefacts de connaissances.

Mais, au contraire, leur proposer la complexité de la vérité à laquelle chacun a le droit et demander à chaque élève de donner le meilleur de ce qu’il peut fournir. L’exigence à l’égard de nos élèves est la preuve véritable de notre respect pour eux. Ils sont capables du meilleur si nous les en croyons capables. Ces oraux ont permis de prendre conscience du défi collectif qu’il faut urgemment relever.

Marie-Victoire Velut pour Valeurs actuelles.

Un très grand bravo à Marie-Victoire Velut pour sa conclusion, en totale opposition avec l’air du temps, fait de laxisme et de nivellement par le bas !

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