Parlez-vous la novlangue antiraciste ?

Publié par le 18 Mar, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Parlez-vous la novlangue antiraciste ?

George Orwell était écrivain, penseur, mais aussi praticien du langage. Dans son roman « 1984 », il invente la « novlangue », un langage dont le but est l’anéantissement de la pensée, la destruction de l’individu devenu anonyme, l’asservissement du peuple.

Depuis, la novlangue fait rage et chaque mouvement politique ou idéologie essaye de créer sa propre novlangue, signe de ralliement de ses adeptes ou bien façon de se différentier des autres, voire de les stigmatiser.

Le mouvement antiraciste devenu maintenant racialiste n’a pas manqué de créer sa propre novlangue. Eugénie Bastié dans Le Figaro Magazine nous aide à y voir plus clair dans ce vocabulaire extrêmement militant :

Le nouveau radicalisme chic s’accompagne d’un jargon émanant des sciences sociales, censées donner un vernis universitaire aux thèses les plus extrêmes. Petit florilège.

Appropriation culturelle

Terme désignant le fait pour une culture « dominante » d’utiliser les éléments d’une autre culture « minoritaire». Plus largement, est accusé d ‘« appropriation culturelle » tout artiste « blanc» s’emparant d’un élément historique ou culturel africain ou asiatique.

Blackface

Est désigné par « blackface » tout maquillage d’une personne blanche en noir. A l’origine, il était pratiqué dans les minstrel sh0ws, des spectacles populaires donnés au XIX ème siècle aux États-Unis qui tournaient en ridicule les personnes noires. La définition extensive du blackface fait juger raciste toute tentative de faire jouer un rôle de « racisé » par un Blanc, par maquillage ou non.

Cancel culture

« Culture de l’effacement », qui pourrait plutôt être traduite par « lynchage 2.0 ». La « cancel culture » consiste à organiser l’effacement d’une personne par l’appel au boycott et la dénonciation sur les réseaux sociaux, souvent au motif d ‘un prétendu dérapage jugé raciste ou sexiste.

Intersectionnalité

Ce mot a été inventé en 1991 par une universitaire afro-américaine pour évoquer les violences subies par les femmes de couleur dans les classes populaires américaines. Cette notion a fait florès en sociologie et désigne le fait que les dominations ne seraient pas indépendantes les unes des autres mais se renforceraient et feraient « système ». Exemple : une femme noire est victime à la fois du sexisme, du racisme et du capitalisme. L’intersectionnalité invite à la convergence des luttes vers le dominant absolu : le mâle blanc occidental.

Privilège blanc

La notion de privilège blanc, issue elle aussi des sciences sociales, permet d’étendre la notion de racisme à une définition passive : les personnes blanches bénéficient de privilèges du seul fait de leur couleur de peau et sans en avoir conscience. Il s’agit dès lors de leur en faire prendre conscience (« to check privileges ») afin qu’elles y renoncent.

Racisé

Le terme « racisé » désigne la condition d’une personne victime de racisme, ou plus largement étiquetée comme appartenant à une race déterminée (sauf si elle est blanche, bien sûr). Vocable bien commode qui permet de réintroduire la race tout en prétendant combattre le racisme et en évitant d’utiliser les termes « Noir », « Beur » ou autre terme essentialisant.

Safe space

Espace réservé ou « zone neutre » mis en place sur certains campus pour permettre à des groupes se sentant marginalisés (femmes, LGBT, personnes de couleur) d’évoquer entre eux les discriminations dont ils sont victimes. Ces endroits sont souvent en « non-mixité », c’est-à-dire qu’ils excluent les personnes n’appartenant pas aux groupes discriminés. On en trouve parfois sur les parcours de manifestations.

Trigger warning

Eugénie Bastié

Aussi désigné par l’acronyme TW : message d’avertissement placé au début d’une oeuvre pour prévenir le public qu’elle peut contenir des éléments susceptibles de rappeler un traumatisme (viol, par exemple). À l’origine médical, ce mécanisme s’est imposé à des oeuvres heurtant simplement la sensibilité de certaines minorités.

Woke

Mot provenant de l’argot afro-américain signifiant « éveillé». Une personne « woke » est une personne vigilante en matière de justice sociale, qui a pris conscience de sa domination ou de ses « privilèges ».

Eugénie Bastié pour Le Figaro Magazine.

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