PMA : quand le Comité d’éthique piétine
ses propres conclusions par pure idéologie.

Publié par le 30 Sep, 2018 dans Blog | 0 commentaire

PMA : quand le Comité d’éthique piétine ses propres conclusions par pure idéologie.

Tout était écrit d’avance !

La PMA devait être ouverte à toutes !

Et ce n’est pas le simulacre de consultation nationale des Etats généraux de la bioéthique qui aurait pu faire bouger en quoi que ce soit la marche forcée vers le progressisme sociétal.

Les débats avaient pourtant montré une large opposition à l’extension de la PMA aux lesbiennes et aux femmes seules. Mais, une campagne médiatique a répandu l’idée que ces Etats-généraux avaient été « noyautés » par les anti-PMA, Libération allant jusqu’à titrer :

« Les réacs accaparent les débats ! »

Du coup, il devenait facile pour le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) d’écarter les conclusions des Etats-généraux pour rédiger ses propres conclusions !

Mais le CCNE a fait pire encore ! Dans le FigaroVox, Marianne Durano, agrégée de philosophe, analyse le rapport du CCNE, qui se prononce en faveur de l’ouverture de l’aide médicale à la procréation pour toutes les femmes. Pour elle, cet avis contradictoire qui conclut un rapport pourtant lucide sur les dangers de cette décision montre que, dans ce débat,

l’idéologie l’a emporté sur la raison!

En voici quelques extraits :

Marianne Durano

Lire l’avis du CCNE sur l’ouverture de l’AMP aux couples de femmes et aux femmes seules est une expérience extrêmement troublante. On y assiste au déploiement brillant et honnête d’une pensée qui n’assume pourtant pas ses conclusions. Après un exposé de dix pages sur les problèmes que poserait une telle mesure, le CCNE bâcle en une seule page les arguments justifiant son avis favorable, pour finalement conclure que «la majorité des membres du CCNE se prononcent pour la recommandation d’ouverture de l’AMP aux couples femmes et aux femmes seules, sous réserve de la prise en compte de conditions d’accès et de faisabilité. Toutefois, au cours des discussions, s’est aussi exprimée une position divergente de certains membres du CCNE». On est quand même loin du triomphe proclamé par l’Inter-LGBT …

Car les membres du CCNE sont loin de sous-estimer les questions – sans solution à ce jour – que pose l’élargissement de l’AMP. Les points de butée concernent, avant tout :

  • le rôle comme la définition du père,
  • la différence de situation entre les couples de femmes et les femmes seules,
  • la question de la rareté des ressources biologiques et des risques de marchandisation que celle-ci entraîne,
  • la limite entre le pathologique et le sociétal.

Discrimination entre les enfants, dont certains seraient sciemment privés de tout ancrage paternel ; pénurie de gamètes, qui pourrait entraîner l’ouverture d’un vaste marché du corps humain (car pourquoi se limiter aux « ressources » génétiques?) ; transformation des médecins en prestataires de services:

voilà le CCNE qui me coupe l’herbe sous le pied, en développant, mieux que je ne saurais le faire, tous les arguments que j’avais prévus pour cet article.

Le CCNE va jusqu’à faire le parallèle entre l’extension des libertés individuelles et celle du libéralisme économique, évoquant le risque d’une « libéralisation du marché procréatif ! » Il faut de même reconnaître l’audace des membres du Comité qui n’hésitent pas à admettre que «si des enfants ne connaissant pas leur père et des enfants élevés par un seul parent ou dans un couple homosexuel existent depuis toujours, il y a une différence entre le fait de «faire face» à une telle situation survenant dans le cadre de la vie privée sans avoir été planifiée ni organisée par la société, et l’instituer ab initio.» Encore un peu, et ils se compromettraient avec la frange la plus nauséabonde de la société française …

D’autant plus qu’ils ont également le courage de poser la question qui fâche : qui paye ? « Les techniques d’AMP sont des traitements contraignants et coûteux, et la rareté des dons de gamètes compromet actuellement une prise en charge satisfaisante des infertilités pathologiques ; la demande d’accès à l’IAD de personnes non stériles et la revendication d’une égalité des droits appliquée à des conditions différentes, stérilité d’origine pathologique ou demandes «sociétales» d’AMP, mettraient en péril deux grands principes du système de santé en France, fondé sur la solidarité: la gratuité du don d’organes et des produits du corps humain, dont les gamètes, et la prise en charge des traitements d’infertilité d’origine pathologique par la solidarité nationale.» À moins de réinstaurer de la discrimination là où l’on prétendait la supprimer, en remboursant par exemple les IAD pour les stérilités pathologiques, mais par pour les stérilités «sociales», ce qui est juridiquement et politique difficile à imaginer…

Elle conclut alors :

Oui mais quand même. Après examen approfondi des obstacles à cette mesure, et sans aucun lien logique entre ses paragraphes, le CCNE conclut par un avis favorable.  On croirait lire ces copies du bac où l’élève démontre par A+B que le bonheur ne consiste pas à être l’esclave de ses désirs, pour finalement conclure: « Donc il faut satisfaire tous ses désirs pour être heureux.» En deux paragraphes laconiques, le CCNE évacue la question en répétant sans trop y croire ces deux arguments éculés, et par ailleurs contredits par les pages qui précèdent, que sont la liberté des femmes et la non-stigmatisation des familles homoparentales… On a envie d’écrire: « travail bâclé ». On lit ainsi dans les recommandations que «même si tout désir n’a pas vocation à être satisfait, on peut faire confiance au projet des femmes qui souhaitent accéder à la maternité en bénéficiant de procédures auxquelles, auparavant, elles n’avaient pas accès.» La «confiance» comme base du droit: ça, c’est rassurant !

Dans cette logique, on ne voit pas pourquoi le CCNE ne piétinerait pas ses réserves à l’égard de la congélation des ovocytes et des «mères porteuses» avec la même légèreté, Après tout, il s’agit bien ici aussi d’égalité entre les hommes et les femmes, ainsi qu’entre les homosexuelles et les homosexuels !

Lire l’article complet sur le FigaroVox

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