Quand De Gaulle habillait Mitterrand pour l’hiver …

Publié par le 23 Mai, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Quand De Gaulle habillait Mitterrand pour l’hiver …

Les casseroles que trainaient François Mitterrand étaient nombreuses et très bruyantes !

Avant son accession à l’Elysée :

Sa proximité avec le maréchal Pétain, le faux attentat de l’Observatoire qu’il avait monté, ses amitiés douteuses avec René Bousquet, un des responsables de la déportation des juifs de France,

Et surtout après :

son amitié avec Patrice Pelat, entrepreneur véreux, sa relation clandestine avec Anne Pingeot, logée aux frais de la République, ses écoutes téléphoniques frauduleuses, les suicides douteux parmi ses proches, François de Grossouvre, Pierre Bérégovoy etc … etc

Tous ces scandales auraient valu à tout président de droite, probablement l’impossibilité d’accéder à l’Elysée et à coup sûr l’impossibilité de se présenter à un second mandat.

Oui mais voilà, Mitterrand était de gauche !

En fait, venant de l’extrême droite, il le faisait croire par pur arrivisme.  Et toute la presse fut complaisante et même indigne en cachant aux Français sa relation avec Anne Pingeot pendant de nombreuses années.

Mais pour beaucoup, à gauche, il reste un grand président !

Charles de Gaulle avait jugé très tôt le personnage trouble et même douteux. Voici un extrait édifiant du livre d’Alain Peyrefitte : C’était de Gaulle :

Le 15 septembre 1965, quatre mois avant le premier tour des élections présidentielles et vingt ans après la capitulation de l’Allemagne, Peyrefitte s’entretient avec de Gaulle des candidats qui lui seront opposés en décembre 1965.

Au nom de Mitterrand, le Général éclate franchement de rire. « Le Rastignac de la Nièvre ? Léon Noël, qui était mon délégué pour le RPF dans ce département, m’a raconté que Mitterrand, lors de sa première campagne, en 46, se mettait au premier rang de la cathédrale de Nevers, à genoux sur un prie-Dieu, la tête dans les mains. L’évêque disait à Léon Noël, en joignant ses doigts avec extase : « Comme il est bien, ce Mitterrand, c’est tout à fait ce qu’il nous faut. »(Rire.)

Alain Peyrefitte : Vous l’avez rencontré vous-même ?

Charles de Gaulle :  II est venu me voir à Alger dans l’hiver 43-44. Il a mis du temps à me parvenir. Il avait travaillé pour Vichy avec tant de zèle que ça lui avait valu la francisque. Il était entré dans ce corps d’élite. Voyant que ça allait tourner mal, il a voulu se dédouaner en entrant dans un réseau. Il est arrivé à Londres. Il est allé trouver d’abord les Anglais et les Américains, qui n’ont pas été très chauds pour l’accueillir, puisqu’ils voyaient qu’il mangeait à tous les râteliers.

À la fin des fins, Passy (le colonel Passy, chef du BCRA, Bureau central de renseignements et d’action) l’a vu, l’a cuisiné, l’a expédié sur Alger, me l’a fait recevoir avec une fiche le présentant comme un personnage douteux. Mitterrand m’a demandé de lui confier la direction d’un réseau Charette, qui marchait très bien sans lui. Je n’avais pas envie de risquer de mettre un agent double dans un mouvement de résistance. Je lui ai donc proposé de se battre, soit dans le corps expéditionnaire en Italie, soit comme parachutiste dans le corps qui serait le premier à prendre pied en France. Il a refusé les deux propositions. Je l’ai congédié : « Nous n’avons plus rien à nous dire. Eh bien si, nous avions encore à nous dire ! Il s’était arrangé pour prendre la tête d’un mouvement national des prisonniers et pour se faire nommer secrétaire général du ministère des Anciens combattants et Prisonniers ».

Alain Peyrefitte : II dit qu’il a été ministre dans le gouvernement de la Libération.

Charles de Gaulle :  C’est faux ! Un mensonge de plus ! C’est un imposteur ! Il a été nommé secrétaire général à titre intérimaire. Le ministre, c’était Henri Frénay. Mitterrand a essayé de le faire sauter en lançant son mouvement contre lui. Vous imaginez !

Le plus haut gradé du ministère prenant la tête d’une rébellion contre son propre ministre !

Il a organisé des manifestations, qui se massaient devant le ministère en hurlant : « Frénay au poteau ! »(Rire). Le Général avale sa salive avec un petit sifflement. Je l’ai convoqué au ministère de la Guerre. Il est arrivé avec deux acolytes. Il m’a prétendu que les prisonniers avaient bien raison d’être en colère. Je lui ai dit :

De deux choses l’une. Ou bien, vous ne pouvez rien pour empêcher ces désordres bien que votre mouvement les ait provoqués, et vous me remettez votre démission. Ou bien, vous êtes le chef et vous me signez l’engagement de faire cesser tout ça aujourd’hui même. Sinon, je vous fais mettre en état d’arrestation à la sortie de ce bureau.

Il a demandé à se concerter avec ses deux acolytes dans l’encoignure de la fenêtre. Je lui ai donné trois minutes pour se décider. Je lui ai dicté la formule. Il a obtempéré.

Alain Peyrefitte : Si vous avez gardé ce document dans vos archives, vous devriez le publier !

Charles de Gaulle :  J’y avais pensé dans le temps, mais ce n’était pas possible de le publier, il y avait deux fautes d’orthographe (Gros rire. Il met quelques secondes à se reprendre). Eh bien, Mitterrand, il aurait des voix. Il aura les voix socialistes, s’il n’y a pas de candidat socialiste. Il aura les voix communistes. Il aura quelques voix radicales, mais c’est pas grand-chose. Ce sera comme le cartel des non en 1962.

Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, tome II, Fayard, 1997, p 578-80

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