Ukraine : qui condamne la Russie ? Qui la soutient ?

Publié par le 17 Avr, 2023 dans Blog | 4 commentaires

Ukraine : qui condamne la Russie ? Qui la soutient ?

A en croire les médias français et particulièrement la télévision, la Russie n’a aucune excuse dans l’invasion de l’Ukraine et Poutine est condamné dans le monde entier !

En réalité, cette condamnation est loin d’être unanime !

Mais pour s’en faire une idée impartiale, on doit oublier les médias français et chercher des informations ailleurs !

Dans ce but, je relaye ici un article publié par la Radio Télévision belge sur son site web :

Un an de guerre en Ukraine :
qui condamne la Russie ? Qui la sanctionne ?
Qui soutient l’Ukraine ? Le monde face au conflit

Condamnations et sanctions pour la Russie, aide militaire ou civile pour l’Ukraine, c’est un cocktail très occidental. Tous les pays du monde ne s’alignent pas sur cette position.

Un an après l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, nous vous proposons de changer de lunettes pour regarder ce conflit qui nous est si proche. Considérons-le à travers une paire indienne, chinoise, malienne ou israélienne, et constatons que les points de vue sont bien différents selon l’endroit où l’on vit.

Un des repères pour évaluer les positions des États par rapport à ce conflit, c’est le vote, par l’Assemblée générale de l’ONU, le 2 mars 2022, d’une résolution déplorant « l’agression » commise par la Russie contre l’Ukraine. Entre ce vote, et celui d’une autre résolution, en octobre 2022, qui demande à la Russie de revenir sur sa « tentative d’annexion illégale » de quatre régions ukrainiennes, les prises de position ont relativement peu changé.

  • 141 pays ont voté pour cette résolution,
  • 5 ont voté contre,
  • et 35 se sont abstenus.

Une vaste majorité de membres a donc condamné l’agression comme le montre cette carte :

Ce décompte est pourtant à nuancer, précise Tanguy de Wilde d’Estmael, professeur de relations internationales à l’UCLouvain :

En termes de nombre de pays, ceux qui s’abstiennent ne forment pas un groupe immense, mais en termes de population, avec des pays comme la Chine et l’Inde, on atteint presque la moitié de la population mondiale, et 37 à 40% du PIB mondial !

On pourrait classer les pays en trois catégories :

  • Un bloc « occidental », qui n’est pas majoritaire au sein de l’ONU, parmi lesquels on retrouve les Européens, les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud ou le Japon : des pays qui votent les sanctions et les condamnations de la Russie, qui soutiennent clairement l’Ukraine, qui lui fournissent des armes et/ou de l’aide humanitaire.
  • Un petit groupe de pays qui soutiennent clairement la Russie et ont voté avec elle contre la résolution du 2 mars 2022 : la Biélorussie, la Corée du Nord, l’Erythrée et la Syrie.
  • Un groupe très important de pays qui évitent de se positionner. Parmi eux, il y a ceux qui se sont abstenus lors du vote qui déplorait l’agression (Chine, Inde, Pakistan, Kazakhstan, Kirghizistan, mais aussi Afrique du Sud, Soudan, et d’autres pays africains) mais il y a aussi des pays qui ont soutenu la condamnation de la Russie, mais qui ne s’opposent pas frontalement à elle pour autant (comme la Turquie ou le Brésil par exemple).

Michel Liégeois, professeur de relations internationales à l’UCLouvain précise :

La plupart de ces derniers pays n’approuvent pas le recours à la force pour régler les problèmes internationaux, mais ils ne veulent pas s’aligner sur un bloc occidental, parce qu’ils sont traditionnellement critiques par rapport à une forme de domination des grandes puissances occidentales sur le monde.

Tanguy Struye, également professeur à l’UCLouvain, ajoute :

Il y a aussi cette notion que l’on ressent beaucoup en Afrique et au Moyen-Orient » qui est celle du “deux poids deux mesures“ : les Occidentaux soutiennent les Ukrainiens (bien blancs) mais n’ont rien fait pour la Syrie. Ça passe mal dans ces populations. C’est aussi l’idée que l’Occident ne défend pas toujours les valeurs démocratiques de la même manière par rapport à tous les pays, selon ses intérêts.

Économie, proximité, sanctions

Les intérêts économiques jouent évidemment aussi, complète Tanguy de Wilde d’Estmael :

Il y a une capacité à encaisser l’effet boomerang des sanctions qui est plus forte chez les Européens que dans d’autres pays qui souffrent déjà. Il y a par ailleurs un effet d’aubaine pour la Chine ou pour l’Inde par exemple, qui peuvent obtenir à bon prix les produits que la Russie ne peut plus écouler ailleurs.

L’éloignement géographique influence également les positions des différents pays. L’Ukraine nous est proche, mais en Amérique latine, elle doit paraître bien lointaine, tout comme en RDC, ou au Yémen qui ont par ailleurs des problèmes bien plus prégnants à régler.

La position des pays sur ce conflit peut par ailleurs s’évaluer à l’aune de leur participation aux sanctions vis-à-vis de la Russie.

Tanguy Struye rappelle :

À peine une quarantaine de pays imposent des sanctions économiques. Des pays comme l’Inde, la Chine, la Turquie, l’Indonésie, le Brésil ou le Mexique n’y participent pas. C’est un énorme échec de la diplomatie occidentale.

La carte suivante présente les pays qui imposent des sanctions à la Russie, et ceux qui lui apportent un soutien militaire. On voit bien l’axe occidental qui se dessine :

La carte montrant la répartition des aides militaires, humanitaires et financières à l’Ukraine est encore plus parlante :

Quid de l’Afrique ?

Une majorité d’États africains ont condamné l’agression russe lors du vote à l’ONU, mais une quinzaine se sont abstenus tandis que d’autres n’ont pas voté.

Le discours poutinien a pénétré l’Afrique de l’Ouest. Le Mali ou le Burkina Faso ont tourné le dos à la France, leur partenaire historique, et adopté des positions très prorusses. Michel Liégeois y donne cours, il a constaté un changement :

Il n’y a pas cette indifférence qui existait généralement pour les questions européennes, comme ça a pu être le cas pour la guerre en Ex-Yougoslavie par exemple. Les étudiants ont une opinion très arrêtée sur le conflit en Ukraine, et c’est l’opinion de Poutine : la Russie agit en légitime défense face à l’expansionnisme de l’Otan.

On le sait, les Russes attisent l’anticolonialisme en Afrique (et pas uniquement dans l’Ouest), via des campagnes de désinformation, et en s’appuyant sur les échecs des Occidentaux, notamment français. Les Russes ne s’en cachent plus, comme le montre la récente tournée africaine du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Tanguy de Wilde d’Estmae s’exclame :

« C’est très spectaculaire ! Il n’en a pas loupé une pour mettre en exergue l’Occident prédateur qui a exploité les pays du tiers-monde.

Et la Chine ?

Pour Michel Liégeois, la Chine est l’exemple par excellence du pays qui exclut de s’aligner sur la position occidentale, même s’il n’approuve pas l’action de la Russie, même si elle défend la notion d’intégrité territoriale. Elle s’est abstenue le 2 mars 2022, et a tenté de ménager les différentes parties.

Tanguy Struye pense, lui, que la Chine est moins neutre qu’il n’y paraît :

Si vous allez au-delà de la rhétorique, elle a clairement choisi son camp. Il ne faut pas oublier les communiqués de février 2022, juste avant l’invasion, quand Vladimir Poutine s’était rendu aux Jeux Olympiques de Pékin. Les deux pays y soulignaient leur amitié, leur défiance par rapport à l’élargissement de l’Otan, leur volonté d’intensifier leur coopération militaire. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu des exercices militaires conjoints durant toute cette année (dont ceux qui ont actuellement lieu en Afrique du Sud, ndlr). Et le Wall Street Journal a publié une enquête qui montre que les Chinois ont livré des parties d’armement à la Russie.

Il est vrai que quand l’utilisation de l’arme nucléaire tactique a été évoquée. Les Chinois ont pris un peu de recul et ont condamné la Russie mais ils ont clairement évolué vers un partenariat stratégique.

Ce samedi 18 février 2023, le conseiller des affaires d’État chinois Wang Yi, le plus haut placé de la diplomatie chinoise, a annoncé à la conférence de Munich sur la sécurité que Pékin présenterait sous peu une initiative de paix pour mettre un terme à la guerre. Il a parlé d’une résolution « politique » de la « crise ukrainienne« , affirmant que les pressions et sanctions ne fonctionnaient pas pour résoudre les litiges entre Etats.

Daphné Van Osser pour le RT

Je vous invite à lire la suite de ce long article sur le site de la RTBF qui passe en revue de nombreux autres pays : Inde, Israël, Turquie, Iran, Arabie saoudite et enfin l’Amérique latine.

En conclusion

L’Occident devrait prendre conscience – et tous les médias occidentaux avec lui – que l’Occident n’est pas – ou n’est plus – le centre du monde !

Et que la Russie dispose de nombreux soutiens dont celui, très stratégique, de la Chine !

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4 Réponses à “Ukraine : qui condamne la Russie ? Qui la soutient ?”

  1. Le grand gagnant de cette affaire est la Chine, la Russie vient en second et les grands perdants sont les pays européens. Si nos dirigeants avait relu de Gaulle cité par Peyrefitte:

    « Vous savez ce que ça veut dire, la supranationalité ? La domination des Américains. L’Europe supranationale, c’est l’Europe sous commandement américain. Les Allemands, les Italiens, les Belges, les Pays-Bas sont dominés par les Américains. Les Anglais aussi, mais d’une autre manière, parce qu’ils sont de la même famille. »

    • Vous avez lu la liste des pays qui « soutiennent clairement la Russie » ?
      Heu..comment dire ?
      D’autre part, l’antiaméricanisme ou l’anti-« anglo-saxonisme » de De Gaulle, jadis, largement relayé aujourd’hui, aussi bien par l’extrême gauche que chez des personnalités « gaullistes » ( tradition française) ne fait pas une politique européenne vis à vis de la Russie.
      Enfin, faire de la Russie le « second grand gagnant » me paraît un peu hasardé.

  2. Autre conclusion.
    La Russie est un pays dirigé par un fou furieux qui supprime la liberté d’expression, élimine les opposants, envahi un pays, déclenche guerre qui fait des centaines de milliers de morts, détruit, tue. Se justifie en voyant des Nazis dans un pays dirigé par un Juif.
    Les soutiens de la Russie sont les seuls pays totalitaires.

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