Valérie Pécresse, naufrage en vue

Voici une newsletter publiée par Valeurs actuelles au lendemain du meeting de Valérie Pécresse au Zénith de Paris, le 13 février 2022 :

Dans les gradins, l’incompréhension demeure. Les sourires crispés se dessinent sur les visages des militants et des élus Les Républicains. Seule sur scène, les bras en l’air, Valérie Pécresse semble la seule à ne pas comprendre la situation. Au moment d’entonner la Marseillaise, une certaine gêne s’installe dans la salle. Alors qu’elle exhorte le public à donner de la voix, elle lance à Gérard Larcher : « Alors ? » Son micro était encore allumé. Ce Zénith devait être celui de la renaissance pour Valérie Pécresse. Mais c’est le scénario inverse qui semble avoir eu lieu…

Pourtant, la journée avait si bien commencé. Dans les gradins, c’est l’effervescence. Les « On va gagner » et « Valérie présidente » sont scandés avec ferveur. Les drapeaux tricolores sont brandis et fièrement agités par les militants. Les spectateurs frappent du pied. Dans la fosse du Zénith, cette ferveur militante s’empare des élus LR. À la tribune, les “mousquetaires” de Valérie Pécresse se succèdent. Tous lancent la charge contre Emmanuel Macron. « Macron, c’est Hollande » ou « Macron au Touquet, Valérie à l’Élysée », les militants ne manquent pas d’imagination quand il s’agit d’afficher leur mépris à l’égard de l’actuel chef de l’État.

Sentant l’auditoire en ébullition, le chauffeur de salle bondit sur l’occasion pour présenter « la grande armée » de Valérie Pécresse. Mais à l’applaudimètre, ce sont les sarkozystes historiques qui l’emportent. Malgré le silence apparent de Nicolas Sarkozy, LR semble vouloir conserver son unité pour permettre à Valérie Pécresse de l’emporter. Et dans la mise en scène, ça se ressent…

Valérie Pécresse fait son entrée dans la salle. À ses côtés, Christian Jacob, le patron des Républicains, l’agrippe fermement par l’épaule, ne la lâche pas. Une image pour montrer que le parti est soudé derrière sa candidate. La mise en scène joue de l’image de la présidentiabilité de l’ancienne députée des Yvelines. Mais dès le début de sa prise de parole, ça coince.

Les mains tendues, elle lance timidement : « Vous m’avez manqué. » Comment la candidate peut-elle introduire son discours de cette façon, alors qu’elle a toujours montré sa présence sur le terrain ? Une bien mauvaise entrée en matière. Poussive, Valérie Pécresse a du mal à enfiler les habits de tribun. Quelques pauses çà et là pour reprendre son souffle. Une voix hésitante et des mains fébriles.

Sur la forme, Valérie Pécresse peine à enthousiasmer la salle. Alors qu’elle semble animée d’une volonté de mettre en avant son équipe de campagne, elle s’y reprend à plusieurs reprises. Si, dans la salle du Zénith, l’on applaudit encore et encore, à la télévision, les retours micros ne captent pas la ferveur des militants. Chaque plan sur Valérie Pécresse la montre seule, sourire crispé et levant les bras face à une foule… silencieuse à l’écran.

Quant à Éric Zemmour, il est au cœur du discours. L’équipe de la candidate nous assurait pourtant du contraire : « Il n’est pas question de parler d’Éric Zemmour. Il ne nous intéresse pas. » Sur scène, Valérie Pécresse avance qu’elle ne veut « pas de fatalité, ni au grand déclassement ni au grand remplacement ». Une expression entendue à Lille, une semaine plus tôt, au meeting d’Éric Zemmour, qui s’exprimait en ces termes : « Je rencontre des Français. Deux craintes les hantent : celles du grand déclassement et celle du grand remplacement. » La candidate des Républicains emploie aussi le terme de « croisée des chemins ». Là encore, une expression reprise au candidat de Reconquête !.

Valérie Pécresse empile les citations, sans jamais prendre le risque de se prononcer sur cette France séculaire. Le combat pour la République, elle veut montrer qu’elle l’incarne… Mais, des paroles aux actes, il y a le Rubicon à franchir. Là aussi, ça coince. Ce discours du Zénith laisse un sentiment mitigé. Si certains vont attaquer la candidate LR, d’autres attendent qu’elle monte en puissance.

Ce Zénith est vite raillé par les cadres de Reconquête !, qui s’empressent d’annoncer la déroute de Valérie Pécresse. Sur son compte Twitter, Olivier Ubeda, le directeur des événements de la campagne de Zemmour, se moque de la prestation : « Bien, je vous annonce que @ZemmourEric sera au second tour. Bon dimanche. Nota bene : Comme d’hab, le candidat qui gagne c’est celui qui fait la meilleure campagne. En tout. » Du côté de la Macronie, on raille l’obsession de Pécresse à vouloir courir derrière le président sortant. Au Zénith, la candidate a joué son va-tout. Mais la contre-attaque laisse un goût amer …

Valeurs actuelles.

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