« Vous racontez des fariboles, monsieur Calvi ! »

Publié par le 29 Avr, 2020 dans Blog | 0 commentaire

« Vous racontez des fariboles, monsieur Calvi ! »

Ça a chauffé, ce matin, sur RTL !

J’ai longtemps classé Yves Calvi parmi les meilleurs journalistes français. Aujourd’hui, ce serait au mieux parmi les moins mauvais !

Et ce matin, face à Marine Le Pen, il s’est clairement positionné du côté du pouvoir et contre son invité, la présidente du Rassemblement national, Marie Le Pen.

Dans un débat, il est assez facile de débusquer les gens de mauvaise foi qui se réfugient souvent derrière des réponses toutes faites comme celle-ci :

« Toutes les études montrent que … »

Sans jamais préciser, d’ailleurs, une seule des études considérées !

Le principal point de divergence dans l’interview de ce matin porta sur la fermeture des frontières. Marine Le Pen défendait la nécessité de fermer très tôt les frontières alors que Yves Calvi a répété plusieurs fois son unique argument :

« Aucun épidémiologiste sérieux n’estime que la fermeture des frontières n’a un quelconque résultat sur ces questions d’infection. »

Pas la moindre explication qui puisse  nous convaincre que lorsqu’on ferme les frontières, le virus les passe quand même ! Ou qu’au moins, ça ne freine pas sa diffusion ! Oui, c’est du simple bon sens apparemment non partagé par Yves Calvi.

Je veux bien admettre que le bon sens puisse être parfois pris en défaut mais alors il faut me le prouver par A + B et pas seulement en me déclarant que « tous les médecins disent que … »

D’ailleurs, dans cette joute oratoire, Marine Le Pen est clairement sortie vainqueur, en s’appuyant, elle, sur un solide argumentaire :

  • Beaucoup de pays ont fermé leurs frontières et s’en sortent mieux que nous !
  • Actuellement, la Chine détecte de nouveaux cas tous réimportés de l’extérieur !
  • Si les frontières sont inutiles, pourquoi en prévoir autour de nos départements ?

Voici le script des moments forts de l’interview qu’on peut voir intégralement ici :

La première attaque d’Yves Calvi contre Marine Le Pen est hallucinant :

Yves Calvi : Vous avez déclaré, de façon troublante : « Si j’avais des enfants, je ne les remettrais pas à l’école le 11 mai ». Franchement, trouvez-vous nécessaire de stigmatiser ou de culpabiliser les parents français qui vont le faire ?

Marine Le Pen : Ah non, pas du tout, au contraire, je les responsabilise …

Yves Calvi : Ça revient à ça ! Ce sont des familles qui travaillent et vous dîtes qu’ils prennent des risques avec leurs mômes !

Marine Le Pen : Il y a des risques. Il est de ma responsabilité de le leur dire ! A partir du moment où il y a des risques, je ne vais pas dire qu’il n’y en a pas ! Il y a une alerte pédiatrique qui a été lancée, hier en Grande-Bretagne indiquant qu’il y avait un certain nombre de détections de formes graves chez des enfants. Les pédiatres français disent la même chose. Il y a des formes graves du COVID chez les enfants. Il faut le dire aux parents ! Il faut qu’ils en soient informés ! C’est les considérer comme majeurs et responsables que de leur dire la vérité, de leur permettre de faire un choix mais en toute connaissance de choses.

Si je comprends bien, il faudrait taire  toute information susceptible de culpabiliser une partie des Français même si cette information est destinée au final à protéger leurs enfants ! Bel exemple de déontologie journalistique !

Il n’est pas convenable d’attaquer le pouvoir en pleine crise

Le désaccord sur la fermeture des frontières s’engage alors :

Yves Calvi : Ne pouvait-on pas attendre de l’opposition un peu plus d’esprit d’union nationale ?

Marine Le Pen : Monsieur, on parle de morts, là ! Il y en a près de 25 000 à ce jour ! Quand il y a autant de morts, autant de danger, quand les décisions qui sont mal prises ont des conséquences aussi lourdes sur la vie de nos compatriotes, mais aussi sur notre économie …

Yves Calvi (outré) : Vous accusez le gouvernement d’avoir créer des morts ?

Marine Le Pen : Non, je dis que le confinement généralisé est un échec et que donc, face à cela, l’opposition a, non seulement le droit, mais aussi le devoir de pouvoir critiquer, de pouvoir émettre des suggestions. Car je n’ai pas fait que critiquer. Dès le début de cette crise, j’ai pris position très clairement. J’ai demandé à ce qu’un certain nombre de mesures soient mises en oeuvre. J’ai demandé le 29 janvier à ce qu’on ferme les frontières, ce qui a été le cas dans beaucoup d’autres pays ! Et ce qui n’est toujours le cas, en France !

Yves Calvi : Marine Le Pen, aucun épidémiologiste sérieux* n’estime que la fermeture des frontières n’a un quelconque résultat sur ces questions d’infection, vous le savez !

Marine Le Pen : Non, pas du tout, Monsieur ! Je pense que vous racontez des fariboles !

Yves Calvi : Pas du tout ! Tous les médecins l’affirment ! C’est très clair !

Marine Le Pen : Non, si c’est les médecins comme monsieur Cymès, qui s’est planté lamentablement et qui a raconté n’importe quoi sur les antennes depuis le début de cette crise, excusez-moi de vous dire que les faits sont là !

Yves Calvi (courroucé) : vous règlerez vos compte avec Michel Cymès en d’autres temps, Madame, mais j’affirme, je ne suis pas médecin mais journaliste, que tous les épidémiologistes nous disent que l’infection n’a aucun rapport avec la fermeture des frontières. Ça n’a rien à voir ! Le coronavirus passe, quoi qu’il arrive !

Marine Le Pen : Mais dîtes-moi, Monsieur, alors pourquoi tous les pays ont fermé leurs frontières ? Donc vous avez raison et tous les pays ont tort ! Tous, sans exception !

Yves Calvi (en boucle) : Je vous explique simplement que toutes ces mesures de frontières que l’on peut comprendre n’ont rien à voir avec la projection de l’épidémie, en tant que telle, puisque toutes les régions sont atteintes à un moment ou à un autre ! Vous le comprenez bien !

Marine Le Pen : Mais alors à quoi sert la fermeture des frontières ? Si ce n’est pour éviter la réinsertion, et éventuellement une deuxième vague ? En Chine, les cas, actuellement, qui reviennent sont des cas réimportés. Ce sont des Chinois qui sont revenus en Chine en provenance de l’étranger. Des cas réimportés ! Evidemment !

La frontière est utile. Elle est tellement utile, monsieur, qu’on envisage d’en mettre entre département ! Elle est tellement utile que le confinement n’est jamais qu’une frontière que l’on met à la porte de son domicile !

Evidemment, le virus n’a pas de passeport ! Mais les gens qui portent le virus en ont un ! Et donc la première des choses que l’on fait pour tenter de maitriser une épidémie, c’est de maitriser la circulation des gens qui sont potentiellement porteurs de cette épidémie.

Tous les pays, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne l’ont fait ! Même la Suède qui est extrêmement laxiste […] a fermé ses frontières !

* J’ai compris ce que veut dire Yves Calvi : un épidémiologiste sérieux est un épidémiologiste dont la doctrine est celle du gouvernement.

Un grand moment de complaisance avec le pouvoir

Il est patent que le gouvernement a fait beaucoup d’erreurs. Alors pour minimiser la responsabilité de ce dernier, il suffit de dire que tout le monde s’est trompé : exécutif, journalistes et médecins.

Du coup, on excuse tout le monde ! Bien essayé, mais Marine Le Pen ne tombe pas dans le panneau :

Yves Calvi : On juge les dirigeants dans la tempête. On juge aussi les opposants notamment quand ils veulent diriger notre pays, et c’est votre cas. Est-ce que vous reconnaissez que vous, comme l’exécutif, comme les journalistes, et comme nos médecins, vous avez procédé par étapes […] En gros, reconnaissez-vous, vous aussi, avoir fait des erreurs dans vos analyses ?

Marine Le Pen : Et bien, écoutez, pas trop ! Je ne vous le cache pas, je n’ai pas fait trop d’erreurs ! Mais pourquoi ? Parce que je me suis attaché, dès le départ, dès début janvier, à regarder ce qui se passait en Chine, ce qui m’a permis de prendre un certain nombre de positions. J’appelle, ceux qui nous écoutent, à aller regarder mon fil Twitter depuis le début de cette crise, pour s’apercevoir, qu’encore une fois, fin janvier, je demande la fermeture des frontières, que le 11 février, à l’Assemblée nationale, j’alerte sur la pénurie de masques, sur la pénurie de médicaments et que tout au long de ce processus, je crois avoir, et peut-être ai-je contribué, à faire réfléchir et à essayer de prendre les bonnes décisions.

Quand je ne sais pas, je dis je ne sais pas ! Mais très tôt, par exemple, mais il suffisait de lire les études médicales qui étaient publiées, très tôt, j’ai évoqué le cas de séquelles. Très tôt, j’ai mis en garde sur l’immunité en disant attention, on vous parle d’immunité collective. On ne sait pas, en l’occurence, si tout le monde développe une immunité et si elle dure dans le temps.

Encore une fois, monsieur, je ne suis pas Pic de la Mirandole !

Yves Calvi : Non, mais là, vous faites preuve d’une assez grande autosatisfaction sur votre analyse générale ! Je vous laisse, vous noter, vous-même !

Marine Le Pen : Non, mais monsieur, tout ce que je savais, tout le monde était capable de le savoir et, par définition, j’en savais beaucoup moins que le gouvernement car je n’ai pas accès à ses sources d’information. Et malgré tout, peut-être grâce au bon sens, tout simplement, il m’est apparu qu’un certain nombre de mesures devaient être prises. Ces mesures qui ont été prises par un certain nombre de pays !

Il faut regarder ce qui fonctionne, et ce qui ne fonctionne pas !

Et en l’occurence, ce qui fonctionne :

  • C’est maitriser ses frontières,
  • C’est tester l’ensemble de la population et l’ensemble des chaines de contamination. Ce que nous n’avons pas fait !
  • C’est donner des masques à l’ensemble de la population car c’est finalement la seule façon de se protéger, une sorte de confinement individuel mais qui n’oblige pas à rester enfermé chez soi.
  • C’est désinfecter les espaces publics,
  • C’est mettre des caméras thermiques dans les gares et dans les aéroports.

Ce sont toutes ces mesures-là qui, encore une fois, sont mises en oeuvre dans un certain nombre de pays, qui s’en sortent, je suis désolé de le dire, beaucoup mieux que nous.

Yves Calvi (grinçant) : Donc en résumé, tout va bien à l’extérieur, et en France, on n’a rien fait ! Ça me parait un peu caricatural !

Marine Le Pen : Monsieur, on n’a pas « rien fait ». Il y a eu des erreurs qui ont été faites et des mensonges qui ont été proférés. Ça, c’est un fait !

Petit artifice du journaliste pour tenter de reprendre l’avantage.

Yves Calvi (en lisant une anti-sèche qu’on a dû lui glisser en douce) : Nous commettons tous des erreurs. Sur le confinement, vous nous avez dit à une époque qu’il fallait se confiner comme l’Italie. Fin février, vous teniez le discours inverse ! J’ai vérifié mais je ne veux pas me lancer là-dedans …

Yves Calvi passe sans transition à une autre question sur Jeanne d’Arc pour priver son interlocutrice de toute répartie à son attaque !

Je voulais que ce dialogue figurât dans ce blog tant il est typique de la complaisance des médias avec le pouvoir et de leur détestation des partis de droite.

Dernière remarque : il est consternant de constater que seul le Rassemblement national joue le rôle d’opposition à la Macronie !

Où sont passés les Républicains ? Préparent-ils déjà le futur gouvernement d’union national ?

Je ne regrette pas de les avoir quittés, il y a quelques mois !

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