Y a-t-il une erreur qu’ILS n’ont pas commise ? (1/2)

Publié par le 17 Juin, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Y a-t-il une erreur qu’ILS n’ont pas commise ? (1/2)

Le titre de cet article est celui de l’ouvrage que vient de publier le professeur Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches et longtemps président de la Commission spécialisée Maladies transmissibles du Haut Conseil de santé publique.

Durant la crise du coronavirus, il fut, avec Philippe Douste-Blazy, l’un des rares médecins à défendre activement le Professeur Raoult, attaqué de toute part, par l’élite sanitaire parisienne.

Son livre démonte, semaine après semaine, avec calme et impartialité, et force arguments, tout le processus étatique qui a failli dans sa mission de protéger les Français.

Voici, présentés en deux partie,  quelques extraits de son livre-choc publiés dans le dernier Figaro Magazine :

Combien de morts auraient pu être évités ?

La crise du coronavirus a plus durement touché la France que d’autres pays, parce qu’elle était gérée par des personnes, certes bouffies de certitudes, mais n’ayant pour la plupart aucune expérience de la gestion de crises sanitaires. Alors qu’il fallait se mettre dans une logique de médecine de guerre, où chaque jour compte, elles ont poursuivi leur train-train quotidien comme si de rien n’était. Nos dirigeants nous ont à plusieurs reprises fait la leçon, en disant que c’était facile de critiquer a posteriori, et de donner des conseils déplacés quand c’était trop tard. Pour ma part, je ne me considère pas comme un combattant de la troisième mi-temps. J’ai toujours tenu le même discours depuis le début de la crise et, contrairement à certains, n’en ai pas changé en cours de route. Il est vrai que j’avais quinze ans d’expérience de la gestion de crises sanitaires auprès du ministère, et reste fier du travail accompli. Le plus dur pour moi pendant la vague pandémique a été de prêcher dans le vide. Combien de morts auraient pu être évitées ? Mais, défaut bien français, le dogmatisme l’a emporté sur le pragmatisme. Heureusement, ça n’a pas été le cas dans beaucoup de pays.

« Pourquoi personne ne tape du poing sur la table ? »

Depuis janvier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) demande à tous les pays de tester en masse. Le 16 mars, le directeur général de l’OMS craque carrément sur son compte Twitter: « Nous avons un message simple à tous les pays : testez, testez, testez ! » L’Allemagne a écouté, la Corée, Israël, le Portugal … la planète en entier fait des dépistages. Mais pas la France, ou plus exactement pas celui qui nous traite de « Gaulois réfractaires » : notre cher Président.[ … ] Pourquoi la France ne suit-elle pas les recommandations de l’OMS, les supplications des chefs de service de tous ses hôpitaux depuis deux mois ?

Parce que l’État choisit une autre stratégie …

Frappée au coin du bon sens. Ou frappée tout court ! Celle que nous affiche notre ministre de la Santé: « J’ai demandé à ce qu’on teste tous les malades en réanimation qui ont des troubles respiratoires ou une fièvre inexpliquée. Etc … C’est ainsi, d’ailleurs, qu’on a diagnostiqué un certain nombre de cas graves », déclare~t-il, le 9 mars sur BFMTV. Cette décision se comprend, au tout début. Quand on ne connaît pas un virus, on ne peut évidemment pas le diagnostiquer. Donc on le teste sur les patients les plus atteints. Mais par la suite, quand il est reconnu, décider de continuer à ne tester que les malades les plus graves ? Pas les autres ?

Pas ceux qui seront demain, puisqu’on ne les teste justement pas, en réanimation ?

Tant de capacités d’adaptation me laissent pantois. J’arpente mon service, devenu entièrement « service Covid-19 », comme va bientôt le devenir l’ensemble du bâtiment, et rassure mes équipes, aussi blanches que leurs blouses. Je leur dis qu’ils ne doivent pas s’inquiéter. Et même si, à ce moment-là, je n’en mène pas large, je leur affirme que le gouvernement va forcément finir par tester plus largement. […] Le directeur du Conseil scientifique finit par le confesser. Évidemment pas en ces termes, en esquivant aussi, comme d’habitude. Interviewé par La Croix, le Pr Jean-François Delfraissy dit enfin : « Des produits nécessaires pour faire des tests n’arrivent plus en nombre suffisant de Chine ou des États- Unis. » [ … ] Ça me rend triste de voir les conseillers totalement dépassés et démunis devant l’ampleur du manque de tout, et incapables de gérer la crise.

Pourquoi aucun ne tape du poing sur la table ?

Pourquoi aucun ne dit qu’il faut s’asseoir sur les normes et les processus d’évaluation habituels ? Qu’il faut passer à la vitesse supérieure ? Orgueil ? Excès de confiance en soi ? Ou bien seraient-ils aveuglés par les sirènes du pouvoir ? … Peu importe. L’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament rejoint l’armée des indignés. Oui la Chine et l’Amérique produisent 90 % des produits nécessaires pour faire des tests, mais, dit l’Observatoire : « Des leaders du marché du diagnostic existent en France. Leurs unités de production doivent être réquisitionnées pour permettre de produire les tests dont nous avons besoin. » Visiblement, Emmanuel Macron n’a pas pensé à ça. Mais maintenant qu’il le sait, nul doute qu’il va réveiller les usines françaises au clairon. Pas du tout ! Rien ne se passe pendant des jours. Et le funèbre bilan quotidien ne cesse de s’alourdir. Début avril, la France passe la barre des 10 000 morts. Du coup, c’est au tour de l’Académie nationale de médecine de se faire entendre. Elle enjoint au gouvernement d’élargir la liste des laboratoires agréés pour le diagnostic du coronavirus « vers des établissements ayant la capacité de réaliser les tests dans les mêmes conditions de biosécurité (laboratoires de génétique, de recherche, etc. ). Des procédures de bonne pratique devraient être mises en place et contrôlées sur l’ensemble du territoire de façon coordonnée », dit-elle sur son site le 25 mars.

En plus des 120 laboratoires de biologie médicale, on ajouterait donc les laboratoires de ville, départementaux, de recherche, de gendarmerie, de police et vétérinaires. Seuls ces derniers s’expriment sur le sujet à ce moment-là, mais ce qu’ils disent peut complètement changer la donne. C’est bien plus qu’une lueur d’espoir. Ça me revigore, et redonne le moral aux soignants de mon hôpital. On n’est plus seuls au combat. Ils affirment pouvoir réaliser « jusqu’à 300 000 tests ».

À l’inverse de l’Allemagne qui a conseillé, dès le début de l’épidémie, à tous les labos de produire leurs propres tests, selon des recommandations qui leur ont été fournies ; en France, consigne est donnée: tout doit être parfaitement validé et certifié avant d’être utilisé.

On va se prendre plusieurs mois dans les dents, avec eux on commence à être habitué !

Des experts sous pression des laboratoires privés

Maintenant, posons le décor : on a, d’un côté, le Pr Raoult, qui promeut l’ hydroxychloroquine pour soigner le Covid-19. De l’autre, on a tous ceux qui n’en veulent pas. Les membres du Conseil scientifique en entier. Eux, ils veulent l’« essai Discovery », basta ! Pourquoi ? Parce que cet essai, il est génial. Ils nous le rabâchent à longueur de sujets télé. Un protocole d’enfer, pas du tout comme ce que nous vend le hippie Raoult, ou l’ancien ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, ou moi. Le message est clair : chez nous, ce sera tout bien fait, dans les règles, paraît-il. Du coup, on y croit. Enfin, plus exactement, on a envie d’y croire. Et on attend les résultats. Sauf que ça va prendre du temps, beaucoup de temps. Trop, devant la gravité de la situation. Du coup, on a envie d ‘en savoir plus sur ce programme « Discovery ».

On apprend alors que c’est le projet d’un consortium, qui s’appelle Reacting. Jusque-là tout va bien. Mais que trouve-t-on en bas de la page ? Que Reacting est un groupe créé par Jean-François Delfraissy ? Pour se dédouaner de tout conflit d’intérêts tout en associant ses collègues à sa démarche, il dit qu’il veut, pour le Conseil scientifique, « un règlement intérieur qui permettra de savoir quelle est la règle pour les gens avec des liens d’intérêt ». Il ajoute – précis comme d’habitude ! -, que le règlement sera finalisé dans les jours prochains. Quand exactement ? Mystère et boule de gomme.

Certains membres du Conseil scientifique ont à l’évidence des relations de confiance avec de très grandes entreprises pharmaceutiques, et ce n’est un problème que s’ils n’en font pas un bon usage. La manière dont est géré le groupe Reacting, confronté à son concurrent Raoulting, illustre le fait que garder son indépendance tout en faisant de la recherche est un défi auquel est quotidiennement confronté le monde médical. […]

Concernant le premier groupe de patients non traités, rien à dire. Personne ne roule pour les soupes Knorr ou Liebig ! Concernant les trois autres, on utilise du remdésivir ou l’association lopinavir-ritonavir (Kaletra). Primo, qui est le fabricant de remdésivir ? La réponse est Gilead. Secundo, qui est le fabricant de lopinavir-ritonavir ? La réponse est Abbvie. Tertio, qui a des liens avec ces labos ?

C’est Yazdan Yazdanpanah, un des infectiologues du Conseil scientifique, qui a travaillé pour eux. Ce qui n’exclut évidemment pas qu’il manifeste son indépendance d’esprit au moment des grands choix à faire. […]

Au sommet de l’État, les relations personnelles, les services rendus ou les travaux bien rémunérés par l’industrie pharmaceutique se transforment parfois en conflits d’intérêts plus visibles que d’habitude. Un organisme officiel, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), a été le petit théâtre de certains d’entre eux. Un membre éminent de la commission Maladies transmissibles de ce Haut Conseil a ainsi touché 90 741 euros de l’industrie pharmaceutique, dont 16 563 euros de Gilead. Or c’est ce Haut Conseil qui a rendu le fameux avis interdisant l’hydroxychloroquine, sauf aux mourants, et demandant d’inclure les malades dans les essais officiels (donc Discovery).

Or, je ne vois pas de trace dans cet avis du respect de la procédure de gestion des conflits d’intérêts.

Je la connais par coeur, car j’ai été moi-même président de cette commission. Tout membre doit en début de séance déclarer ses conflits d’intérêts en lien avec le sujet de la séance. Si un membre présente un conflit d’intérêts majeur, il doit quitter la séance et ne pas participer aux débats ni à la rédaction de l’avis. Normalement, cela doit être mentionné sur l’avis. Or en bas de cet avis, on ne mentionne pas les conflits d’intérêts ni le nombre de membres qualifiés ayant participé au vote.

C’est un grave manquement au règlement.

A suivre.

Le Figaro Magazine.

Voici en complément, une interview du professeur Perronne par André Bercoff sur Sud radio :

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