Macron accélère sa démarche liberticide
dans cette fin de mandat crépusculaire.
Dans un dernier baroud d’honneur, la Macronie finissante voudrait museler notre liberté d’expression pour éviter ce déshonneur qui la menace :
Avoir été le marchepied de l’extrême droite !
Quand Yaël Braun-Pivet se permet de critiquer le rapporteur de la commission d’enquête sur le manque de pluralisme de l’audiovisuel public au micro de France Inter, radio gauchiste s’il en est, elle oublie le devoir de sa charge : présider avec objectivité l’Assemblée nationale.
Quand Macron fait le tour de France de la Presse Quotidienne Régionale (PQR), très marquée à gauche, c’est pour défendre son projet de contrôler les réseaux sociaux et de labelliser les médias afin d’invisibiliser ceux qui le critiquent.
Je vous propose un tweet d’Arthur Leroux qui a analysé, avec une grande pertinence, le discours de Macron tenu dans les locaux du quotidien La Provence et qui en est sorti atterré.
Arthur Leroux est PDG d’Enogia, une entreprise dédiée à latyransformation de la chaleur perdue en énergie. Il a été élu Manager de l’année lors des Trophées de l’économie de La Provence 2025.
Si j’ai tardé à publier cette analyse de ce que j’ai entendu mardi dernier au “débat” d’@EmmanuelMacron organisé par @laprovence, c’est qu’il m’a fallu du temps pour digérer le choc.
Tout cela portait une dimension profondément orwellienne, amplifiée par la mise en scène : un parterre trié sur le volet (c’est en tout cas l’impression très nette que j’en ai eue sur place), des questions très préparées et complaisantes, pour un pseudo-débat où le dirigeant déroule sa logique devant un auditoire acquis.
Sous couvert de protection et de restauration du débat, j’ai surtout entendu une architecture intellectuelle qui ouvre la voie à un totalitarisme doux – hygiéniste, paternaliste, “pour notre bien”. Ce n’est pas un procès d’intention : c’est une critique de la pente. La pente qui mène :
- de “protéger” à “interdire”,
- de “clarifier” à “labelliser”,
- de “réguler” à “autoriser/révoquer”.
Les dystopies* n’arrivent pas en bottes : elles arrivent en blouses blanches, quand l’État, au nom du bien commun, se met à réguler non plus seulement les actes, mais les consciences.
Extraits choisis (et commentaires)
C’est pour ça que je vous le dis, en responsabilité, pour moi, la réponse, c’est que pour les moins de 15 ou 16 ans, il faut interdire les réseaux sociaux. C’est le seul moyen de les protéger. Le seul moyen.
Quand un chef d’État dit “le seul moyen” à répétition, il ne propose plus une politique : il ferme le débat. L’interdiction devient la réponse réflexe, et l’éducation (parents, école, responsabilisation, usage encadré) devient un décor. C’est exactement là que naît le paternalisme : on traite une société libre comme un mineur permanent.
… ils se foutent de la sérénité des débats publics, ils se moquent de la souveraineté des démocraties, et donc, ils nous mettent en danger.
Le problème, c’est l’absolutisation : “ils” (les plateformes) deviennent l’agent principal du mal démocratique. C’est un biais classique : externaliser la cause permet de justifier une centralisation de la solution. Et cela évite soigneusement de parler des autres moteurs de la dégradation du débat : les pratiques médiatiques, la communication politique, les incitations électorales, la fatigue civique.
Le deuxième point… c’est la transparence des algorithmes… Deuxième élément, on doit avoir la transparence des algorithmes et pouvoir les contrôler
La transparence est une bonne exigence. Mais la phrase clé est “pouvoir les contrôler”. Qui ? Comment ? Avec quels contre-pouvoirs ? Le risque n’est pas d’exiger des audits : le risque est de créer, sous une bannière vertueuse, une infrastructure durable de pilotage des flux.
… au bout d’une ou deux amendes… on vous retire votre agrément. On le fait pour l’argent. Pourquoi on ne le fait pas pour nos cerveaux ? … pour le cerveau de nos jeunes …
Ici, on change de monde. On compare la régulation financière à la régulation cognitive : “nos cerveaux”. C’est précisément le glissement vers le “totalitarisme doux” : on n’encadre plus seulement des comportements illégaux, on met sous tutelle ce qui façonne l’esprit. Et une fois qu’une activité devient conditionnée à un agrément, on n’est plus dans la liberté : on est dans la permission.
… on a besoin de recréer des lieux de délibération, mais de considérer qu’on doit aussi discipliner notre rapport au réel …
Le mot “discipliner” est lourd. La démocratie suppose la délibération, donc la friction, donc l’imprévu, donc la part de désordre. “Discipliner le rapport au réel” sonne comme une ambition de normalisation : une démocratie qui ne supporte plus l’irrégularité de la parole finit par préférer la paix des opinions à la liberté des citoyens.
… des journalistes… ont voulu créer des labels… ce ne sont pas des labels d’État …
C’est une initiative… prise par Reporters sans frontières … c’est … le JTI …
Sur le papier, un label “non étatique” rassure. Dans la pratique, quand le sommet de l’État le promeut, cela peut devenir un quasi-standard : visibilité, crédibilité, accès, “bonne information” versus “mauvaise information”. Et là, un fait mérite d’être regardé en face : RSF indique que les subventions publiques représentent 65 % de ses ressources d’exploitation en 2024. Je ne dis pas que RSF est “mal intentionnée”. Je dis qu’un mécanisme de certification recommandé par l’État, porté par une structure très financée par fonds publics, pose un problème structurel de conflit d’intérêts évidents.
… les mêmes fadas qui nous disent qu’on est totalitaire dès qu’on veut réguler …
Ce passage m’a glacé. Parce qu’il installe l’idée qu’alerter sur un risque liberticide serait, en soi, suspect ou irrationnel. Or, dans une démocratie adulte, l’alerte sur les dérives possibles n’est pas une pathologie : c’est un contre-pouvoir.
Le piège final : “prôner le débat” tout en l’organisant comme une démonstration
Je termine là-dessus parce que c’est le plus révélateur : l’événement lui-même ressemblait moins à une délibération qu’à une mise en scène de la délibération (c’est mon vécu, mon ressenti). Et c’est précisément comme cela que les systèmes se durcissent : ils conservent le décor du débat, tout en installant les mécanismes qui le rendent progressivement inoffensif.
Conclusion
Je ne nie pas les problèmes : addiction, harcèlement, ingérences, désinformation. Je conteste la pente :
quand la liberté d’expression est traitée comme un “risque” à gérer, elle devient une variable d’ajustement.
Et quand l’État commence à parler de “cerveaux”, de “discipline” du réel, de labels adoubés, d’agréments retirables, on n’est plus très loin de cette zone grise que la littérature dystopique a cartographiée : un monde où l’on ne censure pas brutalement, mais où l’on oriente, certifie, déclasse, toujours “pour protéger”.
La vigilance s’impose :
la liberté d’expression n’est pas un problème à résoudre, mais le garde-fou ultime qui empêche que les problèmes, même légitimes, ne soient invoqués pour doucement glisser vers un régime autoritaire.
Arthur Leroux sur X.
* dystopie : récit de fiction qui décrit un monde utopique sombre.
1984, de George Orwell, est une dystopie.




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