
Qui a dit :
« J’aime l’industrie parce que c’est l’un des rares endroits, au 21 ème siècle, où l’on trouve de la magie ! La magie de l’atelier où on ne distingue pas le cadre de l’ouvrier !
Il y a la fierté de travailler dans l’entreprise pour qu’on dise que, lorsque tu vas sur une ligne de production, c’est pas une punition, c’est pour ton pays, c’est pour la magie … »
Cette déclaration hallucinante est d’Agnès Pannier-Runaché, ministre macroniste de la transition écologique. Elle illustre parfaitement la totale déconnexion des élites et le triomphe de l’idéologie sur l’intelligence !
Le milieu industriel est aussi familier à cette technocrate que la forêt tropical ou le plus aride des déserts ! Agnès Pannier-Runaché est bien représentative de la macroniste de base, vivant dans une bulle protégée de toute réalité et de toute contrainte de la vraie vie.
Elle vient de faire parler d’elle en défendant ce projet aberrant de Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE3), auquel j’ai déjà consacré plusieurs articles.
Voici un article de Boulevard Voltaire qui rapporte le conflit entre les pros et les antis énergies renouvelables qui fait rage jusqu’au sein même du gouvernement :
Pannier-Runacher a encore sévi et traite
Bruno Retailleau de populiste sur l’écologie
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, s’en est prise, jeudi, puis vendredi matin, à son collègue Bruno Retailleau après la publication d’une tribune du nouveau président LR prônant l’arrêt du financement des énergies renouvelables.
Retailleau : l’honneur d’être une cible … de toute la Macronie !
Fort de son élection de maréchal à la présidence LR et d’une popularité solide qu’ils ne connaissent plus, Bruno Retailleau exaspère les macronistes. Ces derniers jours, tout le ban et l’arrière-ban de la firme s’est déchaîné contre lui, après cette tribune qu’il a cosignée avec François-Xavier Bellamy et Julien Aubert (ancien député de Vaucluse, auteur en 2019 d’un rapport d’enquête sur l’impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique) en faveur du nucléaire et de l’arrêt des subventions à l’éolien et au photovoltaïque. Jeudi, le Président lui-même a réagi :
On a besoin de renouvelable […]. Ce n’est pas une bonne idée de dire qu’on ne va plus faire de renouvelable dans notre pays, qu’on ne va plus investir,
appelant « chaque ministre » à « s’occuper des affaires pour lesquelles il est nommé ». Que vaut ce rappel à l’ordre, ce recadrage (aurait-on dit, aux grandes heures de la Ve République…) d’un Président ultra affaibli vis-à-vis d’un ministre en pleine ascension ?
« Ça ne s’appelle plus un gouvernement »
Si : un constat juste, tout de même, dans les paroles présidentielles :
Si on se met à avoir des ministres qui s’occupent de tout, ça ne s’appelle plus un gouvernement !
C’est bien l’impression que donne, jour après jour, ce gouvernement Bayrou en sursis … Quant à Gabriel Attal, qui essaie d’exister comme il peut, il a aussi sorti ses petites griffes, sur X, déplorant :
le retour d’une forme de climato-scepticisme antiscience très inquiétant, alors que nous subissons une vague de chaleur inédite.
Mais la plus acharnée a incontestablement été Agnès Pannier-Runacher. Dès jeudi soir, sur France Info, le ministre dénonçait le positionnement « irresponsable », relevant « du populisme le plus basique » de Bruno Retailleau et des LR. N’ayant pas pris pour elle le recadrage présidentiel, elle récidivait, le lendemain, dans un entretien au Monde accusant :
la droite et l’extrême droite, de vouloir balayer tout ce qui a été construit avec le président de la République, Emmanuel Macron.
Pire, pour l’ayatollah des ZFE et de l’écologie punitive :
LR et RN s’en servent pour attiser des peurs et fracturer le pays. C’est du populisme, du court-termisme électoral déguisé en soi-disant « bon sens » qui protégerait les classes populaires et la ruralité.
Populiste : l’accusation fatale est lâchée ! Se soucier des intérêts du peuple, entendre les colères qui grondent, c’est le péché capital pour la secte macroniste, qui n’a décidément rien compris.
Et même pas compris qu’une telle qualification, sortie de la bouche d’un macroniste, vaut une médaille !
Surtout, madame est très en colère depuis qu’une majorité à l’Assemblée a osé abolir les ZFE ! Mais pour Retailleau, cette vindicte macroniste est un honneur. Et un moyen d’élargir son audience, au-delà de ses compétences ministérielles. Mais qui est donc Pannier-Runacher pour exprimer tant de hargne vis-à-vis du peuple, de la droite et l’extrême droite et jusque sur son collègue du gouvernement ?
Pannier-Runacher : un lourd passif de technocrate macroniste
Celui qui parle le mieux de Pannier-Runacher – pour l’avoir subie de près lors de l’affaire des ZFE -, c’est sans doute Alexandre Jardin, dans l’interview qu’il a accordée à Étienne Lombard, sur Boulevard Voltaire, le 19 avril dernier. Selon lui :
elle est l’exemple même de la déconnexion et de l’arrogance de la technostructure.
Il rapporte en particulier sa réponse très Ancien Régime aux arguments du porte-parole des Gueux contre les ZFE :
C’est une objection que je peux entendre.
Et il est vrai qu’elle coche toutes les cases de la technocrate macroniste accomplie. Elle a fait partie de l’aventure dès 2016, comme référente du mouvement pour le XVIe arrondissement de Paris (ça ne s’invente pas…), et elle est devenue ministre sans avoir aucune expérience d’élue de terrain, depuis 2018.
Le profil de ces techno-macronistes est désormais parfaitement documenté, par exemple dans un article très sérieux de Valentin Behr et Sébastien Michon, publié en 2020. Ils la classent dans la catégorie des « hauts fonctionnaires pantoufleurs, eux aussi jamais élus », aux côtés de Jean-Michel Blanquer, Élisabeth Borne et Muriel Pénicaud. Pannier-Runacher a finalement réussi à se faire élire députée en 2024, parachutée dans le Nord, malgré les réticences locales. Contrairement à ceux qui se sont effacés, elle fait partie, avec Élisabeth Borne, des coriaces, des indéboulonnables (ministre depuis 2018), malgré les échecs qui s’accumulent. Elle ne sera visiblement emportée que par la chute finale de son mentor. Dans sa diatribe anti-Retailleau, elle affirme avoir pensé à la démission. Elle ne croyait pas si bien dire :
les Gueux et tous les Français exaspérés par tant de déconnexion et d’arrogance n’attendent sans doute que cela.
Frédéric Sirgant pour Boulevard Voltaire.




Suivre @ChrisBalboa78