Europe : Bellamy joue cartes sur table !

Publié par le 6 Mai, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Europe : Bellamy joue cartes sur table !

A moins de trois semaines du scrutin européen, on ne connait rien du programme de la liste de La République en Marche et pire, on ne sait même pas dans quel groupe leurs élus siègeront au Parlement européen !

Pour éviter ce flou tout sauf artistique, François-Xavier Bellamy a donné une grande interview  au Figaro dans laquelle il précise le programme des Républicains et indique ce qui le différentie de ceux de ses adversaires.

Voici cet interview :

François-Xavier Bellamy: « Notre projet européen est antinomique de celui d’Emmanuel Macron »

En quoi votre projet européen est-il fondamentalement différent de celui de La République en marche ?

La première différence, majeure, c’est que nous, nous avons un projet. Nathalie Loiseau a indiqué qu’elle ne dévoilerait son programme que le 9 mai, à quinze jours du scrutin ! Pourtant je croyais que l’Europe était un élément fondamental de la vision politique de La République en marche. Cette absence de ligne claire, cette impréparation, sont vraiment préoccupantes.

Il y a eu des éléments avec les discours d’Emmanuel Macron, à Athènes puis à la Sorbonne en 2017.

Si ces discours expriment effectivement leur projet, alors il est antinomique de la vision que nous défendons. Nous croyons à une Europe qui n’est pas synonyme de dépossession de notre souveraineté démocratique. Quel est le coeur de la vision qu’Emmanuel Macron a développée ? C’est l’idée que, dans la mondialisation, l’échelle des Etats est une échelle périmée et qu’il faut transférer le maximum de notre souveraineté à l’échelle européenne. Mais l’Union européenne n’a jamais avancé par l’uniformisation des Etats qui la composent, ni par la suppression de leurs responsabilités respectives. Il faut retrouver le sens du projet européen qui est d’être, comme tous les traités le définissent, cet espace démocratique singulier dans lequel des Etats s’associent pour partager des actions fortes qui pourront les renforcer face aux défis communs qu’ils rencontrent.

Et quelles sont vos différences avec le projet du Rassemblement national ?

Aujourd’hui, le Rassemblement national ne parle plus de Frexit, parce que Mme Le Pen explique que la sortie de l’euro faisait peur … Cela étant dit, derrière les discours, il y a la réalité des actes. Le RN dit: « On arrive ! » Ils ont pourtant été pendant cinq ans le groupe français le plus important au Parlement européen, et ils ont voté systématiquement contre tout ce qui permet de nous renforcer : contre l’établissement de contrôles systématiques à l’entrée dans l’espace Schengen, contre Frontex, qui lutte contre l’immigration illégale en Europe, contre le PNR qui permet de savoir qui vole dans le ciel européen et de lutter contre le terrorisme. Nous sommes évidemment opposés à cette posture idéologique qui veut déconstruire l’Europe, quitte à oublier pour cela les intérêts de la France et des Français.

« La France a fait une erreur historique en refusant que soient inscrites les racines judéo-chrétiennes de l’Europe dans les traités »

Vous dites qu’il faut sauver la civilisation européenne. En quoi est-elle en danger ?

Paul Valéry l’a écrit: les civilisations sont mortelles. La civilisation européenne est en danger. De l’extérieur, car elle est menacée de sortir de l’Histoire par notre naïveté dans la guerre commerciale qui se joue aujourd’hui au-dessus de nos têtes, en Chine, aux Etats-Unis. Par notre incapacité à faire face au défi migratoire, qui est largement devant nous, ou à la menace du terrorisme islamiste. Mais notre civilisation est aussi menacée de l’intérieur: parce que, depuis quelques décennies nous ne savons plus dire qui nous sommes, transmettre une culture commune ni même nommer les racines de notre civilisation.

Dans L’Archipel français, Jérôme Fourquet montre que la France est en train de devenir une juxtaposition de communautés qui ne se reconnaissent plus de lien. Pourtant, ce lien existe: nous l’avons éprouvé douloureusement en voyant brûler Notre-Dame de Paris. Nous nous sommes tous sentis atteints par cet incendie, comme s’il avait fallu ce deuil collectif pour éprouver la réalité de cet héritage qui fait de nous ce que nous sommes. Ce lien, il est temps de le nommer, de l’assumer et de le transmettre à nouveau, pour éviter la fracturation, la décomposition de notre société, et pour retrouver un avenir commun. Ce n’est pas seulement Notre-Dame de Paris qu’il faut restaurer, c’est cet héritage intérieur qui nous attache les uns aux autres.

C’est pour cela que vous voulez inscrire dans les traités européens les racines judéo-chrétiennes, l’héritage gréco-romain et celui des Lumières ?

Bien sûr. La France a fait une erreur historique en refusant que soient inscrites les racines judéo-chrétiennes de l’Europe dans les traités. J’avais 20 ans au moment de ce débat, et il me semblait que ce déni de réalité aurait des conséquences dramatiques. Ce n’est pas seulement une question symbolique. Comment voulez-vous réussir le défi de l’intégration si vous ne savez pas dire à tous les jeunes issus d’une immigration récente à quelle histoire ils peuvent participer, quel héritage ils peuvent recevoir ? Parce que nous n’avons pas su assumer et transmettre notre civilisation, l’islamisme est venu remplir le vide que nous avions laissé.

Vous voulez également une charte des valeurs et des devoirs.

Nos racines ne sont pas seulement notre passé, mais également notre présent: elles font de nous ce que nous sommes, ce qui demeure pour fonder notre avenir. C’est la liberté qui naît dans les cités grecques avec le développement de la raison critique, au Ve siècle avant J.-C. ; c’est l’égalité devant la res publica romaine ; c’est le sens de la dignité absolue de la personne humaine que la tradition chrétienne a mûri peu à peu. Tout cela fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui, et ce que nous devons considérer comme n’étant pas négociable à l’égard de ceux qui veulent nous rejoindre. Nous proposons de définir ce qu’il faut respecter si l’on veut s’établir en Europe. Parmi ces éléments, l’égale dignité de l’homme et de la femme, le respect absolu de la liberté de conscience, le primat de la raison sur l’arbitraire, les rapports de force et les intérêts communautaires.

Et les devoirs ?

Il faut revenir à ce magnifique principe de saint Augustin: « A Rome, fais comme les Romains. » Il n’y a aucune raison de demander aux Français de s’adapter à la culture de ceux qui arrivent: c’est à ceux qui veulent vivre en France et en Europe de s’adapter à un héritage commun. Ceux qui veulent imposer des règles communautaires en méprisant le libre consentement des personnes, qui contraignent les femmes à porter le voile en employant la menace, qui font subir à des enfants des mutilations sexuelles au nom de leur culture d’origine, ceux-là ne peuvent évidemment pas rester sur le sol européen.

Sur l’immigration, comment mettre fin à l’impuissance de l’Union européenne que vous dénoncez ?

L’immigration est une illustration flagrante de l’impuissance européenne: face aux flux migratoires massifs, l’Europe a pensé répartition au lieu de penser protection. Ce que nous disons est très simple et clair: nous  voulons une double frontière. Il faut à la fois mettre en oeuvre une stratégie commune de défense des frontières européennes, sans laquelle nous ne pourrons pas faire face à l’ampleur du défi à venir et garantir à chaque Etat la maîtrise de sa politique migratoire. Nous voulons pérenniser la dérogation qui existe déjà aujourd’hui dans Schengen, qui permet aux Etats d’organiser des contrôles ciblés à leurs frontières face au risque terroriste, et la fonder désormais sur le motif migratoire.

Vous voulez que l’Europe ne subisse plus la mondialisation. Peut-on y arriver ?

Non seulement on peut, mais on doit y arriver. La souveraineté est un bien fragile. La conserver, cela impose de ne plus subir la mondialisation. Nous avons un outil essentiel pour cela: c’est le marché unique. L’Europe n’a pas encore su en faire un outil politique. Il est vulnérable du fait de notre incroyable naïveté: on a trop longtemps cru en Europe que l’ouverture et la concurrence non faussée allaient s’étendre à tous les marchés du monde si on en donnait l’exemple. Cela ne ressemble pas du tout au monde réel. ..

Les Américains pratiquent le « America First », et mènent une politique économique et commerciale centrée sur leurs intérêts ; la Chine adopte une stratégie très agressive, à travers le projet des routes de la soie. Il faut enfin assumer de défendre nos intérêts, en négociant l’accès à notre marché unique européen dont aucun de nos concurrents ne peut se passer. Nous devons en faire un levier pour exiger une réciprocité absolue de nos partenaires commerciaux.

Vous évoquez le concept de « barrière écologique ». De quoi s’agit-il ?

Il faut imposer les mêmes règles environnementales à ceux qui importent en Europe qu’à nos propres entreprises, pour en finir avec cette concurrence déloyale que nous avons nous-mêmes organisée en Europe. Quand vous êtes un agriculteur français, vous devez respecter les standards les plus exigeants au monde, et ensuite vous voyez arriver sur votre marché des produits cultivés sans avoir respecté aucune de ces règles, et qui sont donc plus compétitifs. C’est l’Europe de la double peine, résultat d’une écologie très idéologique, parfaitement incarnée d’ailleurs par MM. Cantin et Durand sur la liste de Mme Loiseau.

Nous voulons réconcilier économie et écologie: la barrière écologique consiste à aller à la racine du problème, à rééquilibrer la mondialisation, en appliquant par exemple à ceux qui importent les quotas carbones que paient nos industriels. Aujourd’hui, on pêche un poisson en Norvège, on l’envoie en Chine pour être transformé et il revient en France pour être consommé ; et ensuite on explique que le salarié français qui a besoin de quelques kilomètres en voiture pour aller travailler est responsable du dérèglement climatique.

Quel score visez-vous le 26 mai ?

Je me donne le même conseil que celui que j’ai donné à mes étudiants avant leurs écrits: la seule chose qui compte, c’est de se donner à fond. Sur le terrain, tous les jours, je suis très touché et impressionné par l’attente qui s’exprime, par l’élan qui se crée. Après cette élection de 2017 qui n’aura pas permis un vrai débat, beaucoup croient à nouveau à la possibilité de faire un vrai choix, de retrouver un espoir pour l’avenir.

Y a-t-il un effet Bellamy ?

On en fait beaucoup sur les têtes de liste, mais notre grande force c’est la qualité de notre équipe, qui réunit une belle somme de compétences et d’expérience. C’est une grande chance d’avoir été investi avec Agnès Evren et Arnaud Danjean: c’était le choix de Laurent Wauquiez et, depuis le début, cela fonctionne très bien. Je travaille beaucoup pour pouvoir être le porte-voix de toute l’équipe et du projet.

La droite est de retour ?

Oui, il faut faire de cette élection l’occasion de reconstruire cette famille politique. J’essaie d’y contribuer humblement dans cette mission qui m’a été confiée. C’est une responsabilité importante, non pas d’abord pour l’avenir de la droite, mais pour l’avenir de la France: on ne peut pas laisser notre pays s’abîmer dans le désespoir politique qu’il connaît aujourd’hui, et je ne vois aucun espoir dans le clivage entre populistes et progressistes, entre l’inefficacité de la colère et le déni de réalité.

Nathalie Loiseau a confessé une erreur de jeunesse (sa présence sur une liste de I’UED). Quelle a été la vôtre ?

J’ai fait beaucoup d’erreurs, comme tout le monde sans doute. Mais il y a une chose dont je suis heureux: il n’y a aucun engagement que j’aie pris dans le passé, pas une ligne que j’aie écrite, que je n’assumerais pas aujourd’hui. Pour ma part, je ne juge pas Mme Loiseau, chacun a son itinéraire. Je regrette simplement gu’ elle n’ait pas reconnu de façon plus transparente ses choix passés. Lorsque j’ai été très vigoureusement attaqué, j’ai assumé sereinement et simplement mes convictions. La démocratie commence par l’exigence réciproque de la clarté et du respect.

Le Figaro.

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