Grèves : le triste record de la France

Publié par le 20 Juin, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Grèves : le triste record de la France

En France, on n’a pas de pétrole …

On a des idées mais surtout des grèves !

C’est l’objet de la chronique d’Eric Brunet, parue cette semaine dans Valeurs actuelles.

C’est la Grève.fr

La France est la championne du monde des arrêts de travail alors même que ses syndicats sont ceux qui ont le moins de membres.

Au programme dans les prochains jours : des grèves à La Poste, à la SNCF (toujours et encore), à Air France, chez les éboueurs, dans le contrôle aérien, dans la fonction publique … Si vous souhaitez savoir à quelle sauce vous allez être bloqué la semaine prochaine, allez consulter le site www.cestlagreve.fr, qui recense toutes les grèves, région par région, ville par ville.

Les Américains ont inventé Amazon, nous avons www.cestlagreve.fr.

La grève, en France, est un droit fondamental, autorisé depuis le 25 mai 1864 par Napoléon III. Une spécialité nationale. L’lW (Institut der deutschen Wirtschaft, institut de l’économie allemande) a officiellement sacré la France championne du monde avec 123 jours de grève pour 1000 salariés en 2016. Les autres pays en tête du classement sont le Danemark (118 jours de grève), le Canada (87), la Belgique (79) et l’Espagne (59). À l’opposé, le Japon ne compte que 0,2 jour, la Suisse, 1 jour et l’Autriche 2. Quant à l’Allemagne, qui peut s’enorgueillir d’entretenir un dialogue social intelligent (malgré les grèves parfois dures organisées par des syndicats puissants comme IG Metall), l’institut lW recense seulement 7 jours de grève par an pour 1 000 salariés !

Eric Brunet

Cette suprématie française n’est pas nouvelle. La fondation allemande Hans Bôckler a analysé les conflits du travail sur huit années consécutives (2005-2012) au sein d’un ensemble de 16 pays développés. Selon ses calculs, la France est championne du nombre de jours de grève, avec 139 jours de travail perdus en raison de grève dans le secteur privé sur 1 000 actifs.

L’Allemagne est loin derrière avec 16 jours de grève sur 1000 actifs, quand le Royaume-Uni est à 23, l’Autriche à 2 et la Suisse à 1. Bien entendu, cela induit des effets dévastateurs sur la productivité et la rentabilité des entreprises. (J’en  profite pour préciser que, contrairement à une rumeur répandue par les syndicats français, la productivité de la France est loin d’être la meilleure du monde*, puisque nous ne pointons qu’au 14 ème rang des pays les plus productifs de la planète, selon l’OCDE.)

Les syndicats de salariés sont les principaux responsables de cette gréviculture. Toutes les réformes du marché du travail engagées par les gouvernements successifs des trente dernières années ont entraîné des blocages et des actions musclées. Cette activité foisonnante des syndicats est curieuse, car la France possède le plus bas taux de syndicalisation d’Europe et l’un des plus bas de l’OCDE: 7,7 %, contre 16,2 % en Suisse, 18,1 % en Allemagne, 25,8 % au Royaume-Uni, et entre 50 et 80 % dans tous les pays nordiques.

Cette sous-représentativité des syndicats français est d’autant plus incongrue que ces derniers (les plus petits d’Europe, donc) ont tout pouvoir sur les négociations sociales qu’ils mènent pour l’ensemble des salariés … et souvent malgré l’avis de ces derniers. Plus étrange encore: le financement de l’activité syndicale souffre d’une immense opacité, mise en lumière par le rapport Perruchot selon lequel le nombre de salariés syndiqués a été divisé par 4 tandis que les ressources financières ont été multipliées par 20 depuis une soixantaine d’années !

Dans ce rapport, on découvre que le financement des syndicats repose avant tout sur les contributions des entreprises et des employeurs (environ 90 %), sur les subventions de l’État et des collectivités territoriales (4 à 5 %), sur des dotations versées par des administrations comme l’Unedic, les caisses de Sécurité sociale ou sur les fonds récupérés au titre de la formation professionnelle (2 %). Les entreprises contribuent également via les dizaines de milliers de salariés détachés et la mise à disposition de locaux. Mais les cotisations des adhérents ne représenteraient que 3 à 4 %du total ! Les syndicats français n’ont donc pas besoin des cotisations de leurs adhérents pour vivre très confortablement.

On comprend mieux pourquoi ils ont choisi de rester maîtres chez eux en s’attachant à défendre une minorité d’activistes plutôt que les intérêts des salariés français.

Là encore, les Allemands font beaucoup mieux que nous.

Eric Brunet pour Valeurs actuelles.

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