Je vais voter Julien ! Et vous ?

Publié par le 1 Sep, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Je vais voter Julien ! Et vous ?

Petit article en forme d’explication de vote …

Le « Julien » en question, c’est Julien Aubert, le moins connu des trois candidats à la présidence des Républicains (LR). Il est accompagné de Christian Jacob (président du groupe les Républicains à l’Assemblée nationale et Guillaume Larrivé qui avait présidé une des commissions parlementaires sur l’affaire Benalla.

Julien Aubert est donc le candidat que je soutiens et j’aimerais m’en expliquer …

Et j’entends déjà vos sourires et même vos quolibets :

  • C’est quoi les Républicains ?
  • Y’a encore des militants ?
  • Sont pas tous partis chez Macron ou chez Marine ?
  • Mais tout ça c’est l’Ancien Monde !

Tant pis, je vais poursuivre en vous proposant ensuite une interview de l’intéressé parue dans Valeurs actuelles, il y a deux semaines.

Voici les quelques propos de Julien Aubert qui m’ont convaincu :

  • « LR ne doit pas être une auberge espagnole »
  • « Dans un parti, il n’est pas possible d’avoir deux positions sur le CETA, sur la PMA, sur ADP et sur Greta Thunberg »
  • « Nicolas Dupont-Aignan est un enfant perdu du gaullisme. Il a eu raison sur la mort lente de l’UMP et tort sur son alliance avec Marine Le Pen, mais notre ADN est commun »
  • « Je ne refuse pas le dialogue avec Marion Maréchal mais elle doit clarifier son discours vis-à-vis du Rassemblement national et se demander si elle est de droite ou d’extrême droite »

Je suis convaincu qu’il n’y a plus aucun avenir pour LR dans une logique d’alliance avec les centristes qui mène directement à l’absorption sûre et simple par la Macronie.

La seule issue que j’aperçois – elle sera difficile et douloureuse -, c’est de refonder un parti clairement de droite, conservateur au bon sens du terme, qui, à terme, pourrait récupérer ses anciens électeurs partis au Front National ou vers Macron. Dans cet objectif, le dialogue doit être engagé avec Nicolas Dupont-Aignan et surtout avec Marion Maréchal qui pourrait, elle, convaincre les déçus de Marine Le Pen de revenir au bercail.

Voici l’interview de Julien Aubert donnée à Valeurs actuelles :

La semaine dernière, l’Assemblée nationale recevait la jeune activiste Greta Thunberg. Cette invitation à laquelle vous vous étiez opposé ne marque-t-elle pas un nouveau pas dans la soumission du politique à l’écologiquement correct ?

Contrairement à Guillaume Larrivé, je n’étais pas favorable à son boycottage. Je respecte trop la liberté de penser et de débat pour ne pas l’appliquer à mes adversaires. Mais je m’inquiète de voir mes collègues s’enthousiasmer pour le discours apocalyptique du « Prix Nobel de la peur ». Greta Thunberg est un objet marketing. Les écologistes l’ont invitée pour qu’elle appuie leur vision anti-industrielle et anticapitaliste de la société. Je ne nie pas les dérèglements climatiques, mais il nous faut avoir un débat rationnel sur les solutions à mettre en oeuvre pour régler ce problème.

À l’Assemblée, vous êtes l’un des meilleurs spécialistes des questions énergétiques et vous ne désespérez pas que la droite puisse se faire entendre sur ces sujets écologiques. Quel écologiste êtes-vous ?

Premièrement, je fais confiance aux progrès de la science pour nous sortir des problèmes auxquels nous sommes confrontés alors que les écologistes la récusent. Deuxièmement, je suis un pragmatique: à ce jour, le nucléaire reste la principale alternative aux énergies carbonées. Troisièmement, je ne suis pas un doux rêveur, j’ai toujours une approche de moyens. Je regarde combien ça coûte, ce qu’on peut se payer, dans le cadre d’un arbitrage budgétaire raisonnable, ce que les écologistes ne font jamais. Quatrièmement, je place l’homme au coeur de la question écologique quand les écolos l’évacuent. Pour eux, l’homme est le grand coupable. Sa présence porte atteinte à mère Nature au point que certains prêchent pour ne plus avoir d’enfants.

Mais ce n’est pas la planète qu’il faut sauver. Elle survivra au réchauffement climatique. C’est l’homme qu’il faut sauver.

Passons du dérèglement climatique à celui de la droite. Aux lendemains de la défaite de François Fillon, vous faisiez déjà le constat que Les Républicains (LR) étaient « un astre mort ». Pourquoi vouloir aujourd’hui en prendre la tête ?

Julien Aubert

Parce que je pense qu’en faisant différemment, on peut obtenir un résultat différent. Depuis sept ans, la droite perpétue les mêmes erreurs. Les élections internes se succèdent et soulignent à chaque fois le divorce toujours plus grand entre notre base et ses cadres. À peine élu démocratiquement par nos adhérents, Laurent Wauquiez était contesté par certains ténors de LR. Ce sont les mêmes qui ont demandé qu’il démissionne après notre défaite aux européennes.

En réalité, les querelles d’ego, aux Républicains, l’emportent sur les questions idéologiques. Celles-ci ne sont jamais tranchées, de peur que nos divisions nous emportent.

Or, je maintiens que dans ce parti, il n’est pas possible d’avoir deux positions sur le Ceta, sur la PMA, sur ADP, sur Greta Thunberg.

Lorsqu’on n’est jamais au clair et que l’on entretient la confusion sur notre ligne, les électeurs finissent par nous abandonner. 

Une scission, dites-vous, s’est opérée entre les adhérents de la droite et ses représentants ?

Les cadres se centrisent tandis que notre base se droitise. À ce phénomène sociologique s’ajoutent des divergences liées aux territoires, parce que la mondialisation n’est pas perçue de la même façon selon que l’on est à Carpentras ou à Bordeaux.

Vous plaidez pour une ligne claire. Quelle est-elle ?

Mon ADN est gaulliste, aussi ma ligne est-elle populaire, républicaine, patriotique, eurolucide, colbertiste. Libéral, je le suis assurément, car il faut libérer les entrepreneurs. Mais je suis un adversaire résolu du néo libéralisme qui voudrait que la libre concurrence ou le libre-échangisme soient toujours un bienfait. Je ne crois pas à ces théories économiques qui nous ont été imposées dans les années 1980 et dont nous voyons aujourd’hui les dommages. ll nous faut nous reconnecter avec les classes populaires et remettre l’homme au centre de nos politiques. Cette bataille contre l’ultralibéralisme, je la mène depuis que je suis député: j’ai voté pour la régulation des banques, contre l’ouverture de la concurrence à la SNCF, qui va tuer les petites lignes, contre le Ceta …

Qu’est-ce qui distingue cette ligne de celle que prône Nicolas Dupont-Aignan ?

Convaincu qu’il serait minoritaire à vie s’il restait à l’UMP, Nicolas Dupont-Aignan a préféré fonder Debout la France en espérant être une force d’attraction. Il a eu raison sur la mort lente de l’UMP, privée de sa sève gaulliste, mais tort sur le deuxième point, puisqu’il a fini par s’allier avec Marine Le Pen. En réalité, c’est un enfant perdu du gaullisme qui cède parfois au populisme. Ces excès me gênent, mais notre ADN est commun.

Demain, si vous étiez président des Républicains, dialogueriez-vous de nouveau avec lui ?

Oui, je dialoguerais, même si je pense que son alliance avec le Rassemblement national pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2017 est profondément antinomique avec nos idées.

Cela ne vous empêche pas d’inviter Marion Maréchal à vous rejoindre …

C’était une remarque un peu provocante. Je suis entouré de journalistes qui me demandent si je vais rallier Marion Maréchal. Mais elle plaide pour une baisse massive des charges et des impôts quand je défends qu’on ne peut pas le faire sans remettre en cause notre modèle de Sécurité sociale. En réalité, Marion Maréchal est plus libérale que je ne le suis. En matière de moeurs, elle est, là, encore plus conservatrice que moi. Mais je refuse d’incriminer les gens en raison de leur généalogie. Reste qu’elle a un positionnement ambigu vis-à-vis du Rassemblement national et de la droite. À elle d’en tirer les conséquences. Mais je ne suis pas là pour faire le coaching de Marion Maréchal. C’est à elle de se demander si elle est de droite ou d’extrême droite.

En quoi consiste votre gaullisme ?

Il ne s’agit pas de reproduire ce qui se faisait dans les années 1960, mais d’adapter la vision gaullienne aux enjeux du XXI ème siècle comme ont su le faire Philippe Séguin et Charles Pasqua. C’est tout sauf un catéchisme, c’est une fidélité.

La nation est primordiale. Il importe de la préserver en luttant contre les communautarismes, notamment islamiste, mais aussi le consumérisme et l’individualisme, le manque de lien dans la société. La dignité de l’homme est sacrée. Aujourd’hui, elle est au coeur de nombre de sujets qui s’imposent à nous. Quand vous parlez de PMA-GPA, vous parlez de la marchandisation de l’homme; la crise des « gilets jaunes » en était l’une des expressions. Le rôle du politique n’est pas de se battre pour un taux de croissance, mais de se battre pour que les Français puissent vivre en hommes libres et dignes dans une nation. C’est mon projet de société. C’est cela le gaullisme. 

J’ajouterai que si l’État ne peut pas tout, l’État a un rôle à jouer dans l’aménagement du territoire. La disparition des services publics est problématique. L’État doit préserver des secteurs stratégiques, imposer une politique industrielle … C’est une politique très différente de celle d’Emmanuel Macron. Il n’y a pas de questionnement sur l’homme chez Macron, il n’y a pas de questionnement sur l’État chez Macron et il n’y a pas de questionnement sur la nation chez Macron.

Dans une certaine mesure, l’élection d’Emmanuel Macron n’est-elle pas une bénédiction pour tous ceux qui rêvent de refonder une vraie droite ?

Je le pense. Emmanuel Macron est un faux prophète. Ma vision de la société est à peu près  l’exact inverse de ce qu’il propose. Sa victoire nous force à nous redéfinir. Tant que l’attelage de l’UMP l’emportait, toute réflexion était impossible. Il y avait là une forme de paresse intellectuelle à considérer que la droite avait un monopole sur l’électorat de droite.

Moi, je le dis très simplement: nous devons d’abord être un parti de droite, de toute la droite, mais seulement de droite.

Il existe une droite modérée, libérale, européenne, pas forcément macroniste, et une droite peut-être plus populaire, colbertiste, eurosceptique. L’élection interne doit nous permettre de trancher la ligne majoritaire, puis de nous réorganiser en confédération. 

L’union avec le centre ne doit pas être un préalable ?

Regardez ce qui s’est passé. Les centristes étaient une minorité au moment de la création de l’UMP. On n’a eu de cesse de vouloir les protéger pour les conserver au sein de l’appareil. Ils sont partis pour la plupart. On a attiédi notre discours, affadi notre programme. Pour quel résultat ? Nous avons progressivement perdu contact avec une partie des classes populaires. Il faut en finir avec l’idée de l’union de la droite et du centre dans un parti unique. Je lui préfère le Rassemblement pour la République. C’est une différence de méthode. 

N’est-ce pas là la faute originelle de Laurent Wauquiez ?

Laurent a souffert du côté auberge espagnole. C’est également ce que perpétue implicitement le projet de Christian Jacob. Cette méthode ne marche pas. L’unité les yeux grands fermés est un leurre. Ceux qui défendent la nécessité d’une candidature de consensus le font pour s’exonérer de trancher des questions de fond. Cela revient à dire : « Ouh là, on vient de se prendre un accident, mettons-nous sur le bas-côté, roulons moins vite, laissons-nous du temps on réparera le moteurplus tard. »

Votre mouvement, Oser la France, tiendra son université d’été. Mathieu Bock-Côté, François-Xavier Bellamy, Agnès Thil sont attendus. Que faut-il attendre de cette journée ?

Oser la France veut être un agitateur d’idées gaulliste. Nous aimons le débat, la confrontation des idées. Aussi, pour réfléchir à l’importance de la langue française, nous avons fait le choix d’intervenants brillants, qui pour beaucoup pensent différemment. C’est pourquoi nous avons invité également des personnalités encore plus éloignées de nous que celles que vous avez citées, à l’image de Sonia Krimi, députée de La République en marche, féministe de choc. C’est pour moi un moyen de s’oxygéner.

C’est ce que j’aimerais faire si j’étais élu président des Républicains: accepter la liberté de débat.

Propos recueillis par Raphaël Stainville avec Timothée Déon, Nils Panisson et Aurélie de Parseval pour Valeurs actuelles.

Concernant Christian Jacob et Guillaume Larrivé, j’ai de l’estime pour eux mais je pense qu’ils sont sur une position plus consensuelle typé centre droit. J’ai noté que le second s’était prononcé contre le droit du sol mais je me demande si ce n’est pas une promesse électorale pour séduire les militants et qui, donc, ne serait pas suivi d’effet …

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