La propagande par l’émotion

Publié par le 17 Oct, 2019 dans Blog | 0 commentaire

La propagande par l’émotion

Quoi de plus choquant qu’un enfant mort sur une plage ?

Quoi de plus émouvant qu’une mère consolant son enfant ?

Dans le premier cas, les médias internationaux ont utilisé ce cadavre d’enfant pour tenter de culpabiliser les populations trop rétives, à leurs yeux, à accueillir les migrants.

Dans le second, il s’agit de stigmatiser un parti d’extrême droite – dans ce cas, c’est légitime et encouragé ! – qui a osé demander à une femme de retirer son voile dans l’enceinte du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté !

L’utilisation de l’image d’un enfant est classique en propagande. La photo de la jeune femme voilée consolant son enfant circule partout et est censée émouvoir dans les chaumières.

C’est le sujet de l’article suivant publié dans le Club de Valeurs actuelles :

Affaire du voile au conseil régional :
quand le sentimentalisme prend le pas sur la raison

En produisant de la bouffée émotionnelle, la photo du jeune enfant éploré dans les bras de sa mère voilée, sert de masque à la banalisation du hijab dans la société. 

La larme est une arme. L’exhibition de la douleur, sincère ou affectée, est une entrave à la faculté de penser.

Elle est la meilleure alliée de la bien-pensance
qui redoute comme la peste le débat d’idées
.

Les pleurs confèrent un droit à la considération en même temps qu’ils attestent de l’inhumanité de celui qui ne chigne pas. On en a eu récemment un exemple avec la sortie remarquée de Julien Odoul, président du groupe Rassemblement national au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Vendredi, l’élu s’était opposé à la présence d’une femme en voile islamique lors d’une séance du conseil régional. Une requête qui s’était soldée par un tohu-bohu dans l’hémicycle et les pleurs du jeune garçon de la femme interpellée. Une photo de cette scène prise à la dérobée est devenue virale sur les réseaux sociaux et dans les médias. 

Un voile émotionnel

Aussitôt, une phalange de belles âmes s’est élevée contre cette avanie. « Salaud », hurlèrent-elles à l’unisson ; c’est qu’il faut être un monstre inhumain pour agir comme suit. Voilà en substance ce qui ressortit de cette séquence, du reste discutable sur le fond.

En enfermant la réflexion sous un voile émotionnel,
on se condamne à un sentimentalisme moralisant.

Une acception que Julien Rochedy a été parmi les premiers a suggéré en tweetant « qu’en émocratie [un néologisme crée par contraction des termes émotion et démocratie, NDLR] le but est de gagner des larmes ». Contacté, l’ancien directeur national du Front national de la jeunesse voit dans cette mère et son fils des « catalyseurs émotionnels destinés à faire progresser l’islam ».Et d’ajouter que « la polémique n’aurait pas été la même si en lieu et place d’une jeune femme voilée, il s’était agi d’un être patibulaire à la barbe fournie et vêtu d’une djellaba ».

C’est que la lutte contre la banalisation du voile et l’ostentation religieuse ne saurait se satisfaire de ce sentimentalisme bienveillant. Ici autrement dit, les larmes de l’enfant ne doivent pas l’emporter sur le véritable enjeu : l’illégitimité du voile islamique dans un cénacle républicain. Car au fond, l’inélégance dont aurait fait montre Julien Odoul est un détail infinitésimal en comparaison de la question du voile – un sujet qui agite le débat public depuis trente ans maintenant. 

En fait d’ostentation islamique, la bienveillance
est une lâcheté qui ne dit pas son nom.

Elle permet aux gogos de s’acheter une conscience à peu de frais tandis qu’elle mâche la besogne des tenants d’un islam politique. Car contrairement à ce que ces derniers voudraient faire accroire, le voile n’est pas un simple vêtement. C’est un instrument de contrôle social prisé des islamistes, censé consacrer la pureté et la pudicité des femmes musulmanes. A contrario, les femmes qui ne le portent pas sont accusées d’impudeur exhibitionniste. Dans les deux cas, l’idéologie qui préside au port du voile tourne in fine autour de la déconsidération de la femme. 

La ruse du sentimentalisme

Aussi, n’est-il pas messéant d’interroger la légitimité d’une loi autorisant une femme voilée à pénétrer dans une enceinte de la République. Naturellement, les légalistes zélés feront observer que la neutralité de l’administration publique s’applique aux agents du service public et non aux usagers. Dès lors, pensent-ils, ne devrions-nous pas nous formaliser devant la présence dans une institution régionale d’une accompagnatrice scolaire voilée. 

Au contraire, il est permis de penser qu’une conception universelle et républicaine de l’être humain, censément portée par une institution régalienne, s’accorde mal avec un tel marqueur de sécession. Par conséquent, en cédant aux sirènes du pathos et en apportant un soutien appuyé à cette maman voilée, une grande partie de la classe politique se fourvoie dans les grandes largeurs. Elle se laisse piéger par des émotions savamment instrumentalisées au détriment du bien commun. « La projection de la morale du soin dans la politique n’humanise pas la politique mais la dissout », écrivait le philosophe Yves Michaud dans son essai Contre la bienveillance. Car celle-ci fait de tout offensé un débiteur des prévenances médiatico-politiques. 

Dans une interview accordée au CCIF – le Collectif contre l’islamophobie est l’une des principales officines de l’islam politique en France -, la femme voilée visée par Julien Odoul explique ainsi que le conseiller régional RN et les autres élus incriminés « ont brisé sa vie », rien que ça. Voici comment progresse un totalitarisme grimé en sentimentalisme. Car là où s’éploie la sirupeuse tyrannie des bons sentiments, la démocratie s’égare dans les limbes.

Victor-Isaac Anne pour le Club de Valeurs actuelles.

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