Laurent Obertone, la France interdite

Publié par le 23 Nov, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Laurent Obertone, la France interdite

Il y a des livres que l’on devrait interdire. La désinformation, passée une certaine limite, frôle le criminel. La caricature de la caricature est un jeu dangereux. Laurent Obertone devrait être en prison.

C’était l’introduction d’un article paru sur le blog de Jean-Paul Brighelli, l’auteur de la fameuse Fabrique du crétin.

Un article tout en ironie et à lire au second degré. Pour les quelques lecteurs de gauche égarés sur son blog réactionnaire, l’auteur s’est senti obligé de leur préciser qu’il fallait comprendre l’exact inverse de ce qui était écrit dans son article …

Comme pour l’article, le titre : un homme dangereux » est à lire comme un homme dangereux pour le Système !

Prenez son dernier livre. Il porte principalement sur les statistiques réelles — prétend-il — concernant l’immigration, dans tous les domaines. Le nombre réel d’immigrés de première ou deuxième génération. Le nombre réel (ou supposé) de ces mêmes immigrés dans les prisons françaises, et leur rapport à la délinquance — comme s’il n’y avait aucune délinquance « française de souche »… Et même le QI de ces mêmes populations, qui serait assez nettement inférieur à celui des Européens. Comme si le sous-développement économique n’était pas la cause première du sous-développement intellectuel : Edwy Plenel, ce phare de la pensée contemporaine, avait évoqué un article sur « l’enfance misérable des frères Kouachi » — « à lire impérativement pour se ressaisir ».

Comment lui donner tort ? Classes miséreuses, classes dangereuses.

La faute aux nantis!

Sans oublier le traumatisme collectif, hérité des générations ancestrales, de la traite atlantique.

Etant entendu qu’il n’y en a jamais eu d’autre, et que Pétré-Grenouilleau, qui a si fort insisté sur la traite sub-saharienne dans son ouvrage sur les Traites négrières (2003), est un raciste mal déguisé… Le collectif DOM (association mémorielle des Antillais, Guyanais, Réunionnais) a fini par retirer sa plainte contre lui — mais a gagné contre Nutrimaine, la société propriétaire du slogan « Y’a bon Banania ». Ce n’était que justice, ce slogan fleurait bon le colonialisme, le protectionnisme, et l’esclavagisme. Bref, le racisme, comme le lui a si bien reproché Claude Ribbe. C’est un ancien Normalien, agrégé de philosophie, il doit savoir ce qu’il dit quand même…
Obertone a dû boire du Banania dans son enfance. Sinon, il ne fournirait pas des arguments chiffrés aux théoriciens — que le diable les patafiole ! — du Grand Remplacement, et autres lecteurs du Camp des saints, ce livre abominable qui racontait — en 1973 — le débarquement sur les côtes varoises d’un million d’immigrés colorés. Quelle horreur.

Je comprends mieux que la presse tombe comme un seul homme sur le dernier ouvrage de Stephen Smith, La ruée vers l’Europe : La jeune Afrique en route pour le Vieux Continent. Disqualifié !

Les statistiques citées par Obertone sont contresignées INSEE ou INED, certes, mais chacun sait, comme l’a encore répété Finkielkraut récemment, que « la sociologie n’est plus la science de la société, mais la science du déni de ce qui s’y passe, statistiques à l’appui. »
Heureusement que Libé est venu remettre de l’ordre dans ce livre épouvantable, en expliquant que non, la France ne cache pas le nombre des enfants et petits enfants d’immigrés. Résumons pour ceux qui répugnent à activer les liens hypertexte : en 2011, environ 30% des moins de 60 ans étaient immigrés, enfants d’immigrés ou petits-enfants d’immigrés. Michèle Tribalat, qui s’est fait une spécialité de ces études démographiques, estimait déjà cette proportion à 25% de la population en 1986 — soit grosso modo 14 millions d’habitants de l’Hexagone. En 2011, les chiffres avaient lentement mais sûrement enflé : pensez donc, étaient arrivés en France 59 000 Polonais et 78 000 Allemands. Sans compter plusieurs Néo-Zélandais…

Non présents dans cette statistique, les Roms forment un groupe diffus dont l’importance varie selon les sources. Obertone a retenu le chiffre de 500 000 personnes, avancé par le Monde : ça ne m’étonne pas qu’un auteur aussi mal embouché s’appuie sur les statistiques d’un journal de désinformation, tiens ! Tant qu’on y est, pourquoi ne pas reprendre les propos de Manuel Valls affirmant que seule une minorité des « gens du voyage », comme on doit dire désormais, a vocation à s’intégrer. Une affirmation qui avait valu à l’ex-premier ministre une poursuite en justice pour incitation à la discrimination raciale — qui n’a pas abouti.

De même, Obertone jongle avec les statistiques de l’immigration clandestine : « Le chiffre de 400 000, dit-il, paraît plus qu’optimiste ». Alors que les immigrés, clandestins ou non, sont « une chance pour la France », comme disait Bernard Stasi en 1984. Stasi a été député et ministre, il ne peut donc pas se tromper. D’ailleurs, l’économiste Hippolyte d’Albis (une profession douée, comme le pape, d’infaillibilité, on le constate chaque jour) a repris le même slogan il y a quelques mois. Une chance, on vous dit.

Au passage, ces diverses références dont je vous accable sont bien la preuve que contrairement à ce que tente de démontrer ce chacal fielleux d’Obertone, les médias n’occultent jamais les problèmes liés à l’immigration, à l’islam, aux clandestins de toutes origines. La preuve ? Ce sont deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, les duettistes de Un président ne devrait pas dire ça, qui viennent de publier un livre — Inch’Allah : l’islamisation à visage découvert — racontant comment ils ont osé, au péril de leur vie, passer le périphérique et s’enfoncer en Seine Saint-Denis. Allez, dans le dernier numéro de Causeur, Elisabeth Lévy peut bien en faire des gorges chaudes et expliquer que le Monde vient de découvrir simultanément la lune et l’eau tiède ! Si le Monde le dit, c’est que c’est vrai — et ça ne l’était pas quand Georges Bensoussan ou Barbara Lefèbvre l’affirmaient il y a quinze ans dans les Territoires perdus de la République.

Ou quand Jean-Pierre Obin fournissait au ministre Fillon un rapport, en 2004, sur les dérives communautaires dans les collèges et lycées. Tous des islamophobes, à Causeur!

Il n’est pas exclu que d’ici quinze ans, ce même quotidien de référence reprenne les analyses de Laurent Obertone — qui pour l’heure s’appuie forcément sur des chiffres trafiqués et des statistiques truquées. Qui peut croire qu’il y a tant de cas de drépanocytose détectés à la naissance en France ? Le Monde a su éradiquer cette légende qui, comme il dit, excite l’extrême-droite ! Qui peut se laisser berner par Obertone, qui explique que le Nouvel An, qui mobilisait 28 000 policiers en 2007, en exige aujourd’hui (2017) 140 000 ? Les débordements de Cologne n’étaient dus qu’au différentiel culturel entre des gens qui pensent qu’il suffit de tabasser une femme longtemps pour qu’elle dise oui, et des Blancs qui ont inventé successivement la courtoisie, le charme, la galanterie et le libertinage pour arriver au même but, et n’insistent pas lorsqu’on leur signifie que franchement, non…
Je ne suivrai pas davantage l’auteur lorsqu’il soutient qu’un grand nombre des violences exercées contre les professeurs ou les médecins sont le fait de ces minorités opprimées. Rappelons pour finir que la loi de 2004 était une mauvaise loi : les femmes ont bien le droit d’afficher partout leur soumission !

Jean-Paul Brighelli

PS (pour électeurs de gauche uniquement). À quel propos écrivais-je tout ça ? Ah oui, je cherchais pour mes élèves une définition de l’antiphrase : l’art de dire le contraire de ce que l’on pense de façon à ce que l’on comprenne que l’on pense le contraire de ce que l’on dit. Et à quel propos rajouté-je ce post-scriptum ? Bah, quelqu’un chez Causeur m’a dit — et je le crois — que les imbéciles sont légion.

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