Le baroud d’honneur de la police de la pensée

Publié par le 23 Nov, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Le baroud d’honneur de la police de la pensée

Ne sentez-vous pas cette colère qui monte ? Ce ras-le-bol qui nous gagne ? La police de la pensée a atteint un tel niveau d’imprégnation de la vie politique et médiatique française que l’overdose est proche.

Mais les cibles du progressisme que nous sommes devenus ne veulent plus se laisser manipuler par cette idéologie et la majeure partie des médias qui la serve.

Le progressisme des élites est partout rejeté ! Dans de nombreux pays, les peuples se tournent vers les populistes et en France, Marine Le Pen engrange mois après mois de nouveaux ralliements.

Sa victoire en 2022 n’est plus rejetée d’emblée !

Comme toute idéologie en naufrage, avant de mourir, un sursaut désespéré la secoue, qui sonne comme un baroud d’honneur. Son agressivité croissante en témoigne.

Nous avons pu mesurer la hargne de la bien-pensance contre Eric Zemmour, qu’on voulait interdire d’antenne et qui a répondu de la plus belle et la plus efficace des manières …

Par l’excellence de ses prestations !

Mathieu Bock-Côté, le sociologue, essayiste et chroniqueur canadien, vient de publier une analyse de la dernière bavure de la police de la pensée qui s’en ait pris, sans raisons réelles, au philosophe Alain Finkielkraut :

Les méthodes de la police de la pensée

Le régime diversitaire montre ses virtualités totalitaires en transformant systématiquement ses adversaires en ennemis publics, affublés de toutes les étiquettes infamantes.

On connaît les faits : de passage, le mercredi 13 novembre, sur le plateau de David Pujadas, à LCI, pour parler de la situation de la liberté d’expression, Alain Finkielkraut a été attaqué par Caroline De Haas, qui l’a accusé de banaliser le viol. Exaspéré par cette accusation aussi mensongère que grossière, Finkielkraut a décidé de répondre de manière ironique en disant qu’il plaidait pour le viol des femmes, en plus de violer la sienne tous les soirs. Tout le monde a compris qu’il s’agissait d’une boutade et que le philosophe tournait en ridicule les propos de Caroline De Haas.

Mathieu Bock-Côté

Cela n’a pas empêché la mouvance néoféministe de chercher à s’appuyer sur cette séquence pour mener une charge contre le philosophe, dans l’espoir de l’expulser du domaine public une fois pour toutes. Alors, comme aux plus belles heures de la police politique, on a fabriqué la preuve qu’il fallait pour coincer Finkielkraut, en produisant une vidéo tronquée, vite publiée sur les réseaux sociaux, en plus de lancer un appel à la délation contre lui. Ce qui fait la force d’un lobby, c’est sa capacité à créer le scandale, à décréter que l’inacceptable vient d’arriver, en obligeant les citoyens vertueux à envoyer un signe ostentatoire d’indignation. C’est ainsi qu’on demeure un membre à part entière de l’empire du bien. Nos progressistes veulent faire de la haine du « réactionnaire » la forme la plus avancée de l’amour de l’humanité.

Si on accepte l’idée que le totalitarisme se caractérise notamment par sa capacité à obliger tout le monde à faire semblant de croire à ses mensonges, on peut dire que le régime diversitaire a révélé ici ses virtualités totalitaires. Chacun devait faire semblant que le philosophe avait vraiment lancé un appel au viol, au point que des parlementaires firent même le choix de le signaler au procureur de la République. Lorsqu’il devint impossible de nier que son propos relevait de l’ironie, la stratégie des néoféministes a bifurqué: certes, le propos du philosophe  relevait du second degré, mais cela ne changeait rien à l’affaire. On allait donc faire comme s’il l’avait vraiment dit. On allait faire semblant. On allait relativiser le second degré, on allait même le neutraliser en disant qu’il était néanmoins symptomatique d’une pensée nauséabonde. En d’autres mots, le réel serait laissé de côté, pour que l’inquisition progressiste se poursuive.

Il est dans la nature du régime diversitaire de transformer ses adversaires en ennemis publics, et même en ennemis de l’humanité. Le mauvais penseur est ainsi un méchant humain.Il multipliera les étiquettes infamantes: raciste, sexiste, homophobe, transphobe et, neuf fois sur dix, faisant le jeu de l’extrême droite. Il ne doit être étranger à aucune dimension du mal. L’exécution publique ne fonctionne pas toujours, évidemment, mais elle laisse des traces, surtout lorsqu’elle prend la forme d’une campagne de diffamation permanente. Il s’agira d’infréquentabiliser le plus possible l’intellectuel, de le transformer en personnage public caricatural. À terme, on ne lira plus ses livres, aussi magnifiques soient-ils, mais on rappellera seulement ses coups de gueule et autres « controverses ».

Le progressisme est absolument incapable de s’imaginer devant un contradicteur légitime. Celui qui ne se soumet pas idéologiquement doit être éradiqué symboliquement. Il n’est plus qu’un résidu historique. On doit programmer sa mort sociale. Le progressisme entend exercer un monopole sur la définition des codes de la respectabilité politico-médiatique. Il y voit le fondement de son pouvoir. C’est pour cela que le moindre désaccord formulé en des termes non autorisés doit être sanctionné. Sa formule préférée est « on n’a pas le droit de dire ça ». Les voix discordantes doivent être chassées. La gauche médiatique croit qu’il suffit d’une parole dissidente décrivant le réel sans le filtre diversitaire pour que son édifice tremble. Car cette parole pourrait réveiller les préjugés de la population et la pousser à ne plus croire que nous sommes dans le meilleur des mondes.

Dans un environnement médiatique surveillé, où des milices idéologiques traquent non seulement les « dérapages » mais les arrière-pensées, il devient nécessaire de nommer le régime tel qu’il est, sans user d’euphémismes. Le régime diversitaire, redisons-le, est traversé par une tentation totalitaire qui le pousse à vouloir contrôler intégralement le débat public et à effacer la moindre trace culturelle du monde d’hier, ou, du moins, à la rendre moralement inadmissible. Il exige une mobilisation permanente pour arracher le monde à l’emprise du passé et discréditer ceux qui ne le maudissent pas. Il compte pour cela sur l’avant-garde idéologique, qu’elle soit décoloniale ou néoféministe. L’heure est à la rééducation des âmes et des mentalités pour que plus jamais un homme ne puisse penser que c’était peut-être mieux avant.

L’heure est peut-être aussi, pour cela, à une nouvelle dissidence.

Mathieu Bock-Côté  pour Valeurs actuelles.

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