L’écologie politique, une inculture scientifique !

Publié par le 20 Août, 2019 dans Blog | 0 commentaire

L’écologie politique, une inculture scientifique !

 Je relaye aujourd’hui un nouveau texte allant à contrecourant de l’air du temps « écologique » qui fait suite à un précédent article (Atome ou CO2 : il faudra bien choisir !)

Ne croyez pas pour autant que je ne sois pas sensibilisé aux problèmes écologiques et que je sois un adepte des théories du complot. Je déplore notamment que l’extrême politisation des mouvements écologistes en France y ait largement desservi la cause écologiste.

Mais une des raisons d’être de ce blog est de diffuser des informations que les médias refusent de relayer, parce qu’elles ne vont pas dans le sens de ce qu’ils considèrent comme le bien.

Voici donc une tribune libre signée de Gérard Kafadaroff * et Jean-Pierre Riou * et parue dans le magazine l’Opinion :

« L’écologie politique à contresens ».
La tribune de Gérard Kafadaroff et Jean-Pierre Riou

« L’inculture scientifique fréquente chez les responsables politiques et des leaders d’opinion ouvre la voie à la démagogie, au relativisme ambiant accordant la même valeur à tous les avis »

Une croyance forte, une conviction bien ancrée, si légitimes qu’elles puissent paraître, peuvent paralyser la pensée et aboutir à l’inverse du but recherché, si elles s’écartent de la réalité et de la vérité scientifique assise sur la démarche expérimentale. L’écologie politique très prégnante dans la société française n’échappe pas à cette dérive et conduit souvent à des choix politiques néfastes s’éloignant des véritables enjeux. C’est le cas pour des sujets fortement médiatisés touchant au climat, à l’énergie, à l’agriculture ou à la biodiversité.

Pour lutter contre le réchauffement climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’écologie politique défend le développement des énergies renouvelables (éolien, solaire photovoltaïque) et la réduction, voire l’abandon de l’énergie nucléaire. Elle feint d’ignorer que le cycle complet du nucléaire français est très faiblement émetteur de CO2, qu’il produit de l’électricité à la demande, contrairement aux énergies renouvelables, dont l’intermittence liée aux caprices de la météo, impose le concours de centrales pilotables à gaz ou au charbon qui détériorent leur bilan CO2 et renchérissent, comme en Allemagne, le coût de l’électricité.

Ces investissements considérables et contestables dans l’éolien et le solaire photovoltaïque pour répondre à l’urgence climatique se font au détriment des deux secteurs les plus émetteurs de CO2 et les plus créateurs d’emploi : les transports et l’habitat.

Nuisances.

Enfin, surprenant est le choix des défenseurs de l’environnement et de la biodiversité en faveur des éoliennes géantes qui défigurent nos paysages, aujourd’hui dans nos campagnes, demain sur notre littoral malgré leur coût faramineux, qui créent diverses nuisances aux riverains et occasionnent perturbation et mortalité des oiseaux et chauves-souris.

Concernant l’agriculture, l’écologie politique milite pour une agriculture sans intrants chimiques, ni innovation biotechnologique en amélioration des plantes (OGM) et prône l’agriculture biologique, ignorant les conséquences économiques et écologiques de ces choix.

Même si elle utilise aussi des pesticides qualifiés de naturels, l’agriculture biologique (AB) est le modèle agricole alternatif fortement promu par les décideurs politiques et la mouvance écologiste. S’il répond à une demande des consommateurs aisés, bénéficie du marketing offensif et intéressé de la grande distribution alimentaire et peut améliorer le revenu des agriculteurs, l’AB a ses limites à la fois sur les plans économiques, environnemental et sanitaire.

Avec des rendements aléatoires et plus faibles que l’agriculture conventionnelle, la généralisation de l’AB nécessiterait, pour satisfaire la demande alimentaire, la mise en culture de nouvelles terres au détriment de la biodiversité et l’importation accrue de produits bio, peu souhaitable d’un point de vue économique et environnemental. Plus exigeante en travail mécanique, elle génère davantage de CO2 et demandant plus de travail manuel, elle est plus vulnérable à la concurrence des pays à bas coût de main-d’œuvre. Enfin, les prix plus élevés des produits bio et la plus grande exposition de l’AB aux contaminants biologiques sont de réels freins au développement de ce mode de production agricole.

De nombreux écologistes et quelques responsables politiques vont jusqu’à réclamer l’abandon total et immédiat de tous les pesticides, ignorant les caractéristiques spécifiques de chacun d’eux, rejetant les évaluations rigoureuses et au cas par cas des agences sanitaires avant leur mise en marché et surtout sans proposer des solutions alternatives efficaces pour lutter contre insectes ravageurs, maladies et mauvaises herbes affectant les cultures.

Cette phobie des pesticides irréfléchie et l’ignorance de la réalité agricole conduisent à des aberrations comme l’interdiction programmée et sans fondement scientifique du désherbant glyphosate utilisé dans le monde depuis quarante-cinq ans. Une décision strictement politique répondant aux demandes des écologistes qui va mettre un terme à ce qui se fait aujourd’hui de mieux en matière d’agroécologie : l’agriculture de conservation reposant sur le semis direct (aucun travail du sol) combiné avec un couvert végétal du sol en interculture. Une technique agronomique offrant à la fois réduction des coûts, amélioration de la fertilité des sols et des bénéfices environnementaux majeurs comme la séquestration du CO2 atmosphérique dans le sol et la diminution des émissions de CO2 lié à la réduction du nombre de passages de tracteurs.

Technique qui participe aussi à l’amélioration de la biodiversité en activant la vie biologique des sols et en offrant refuge et nourriture à la faune sauvage en toute saison. Autant d’avantages ignorés ou rejetés par les écologistes politiques ne retenant qu’une seule chose : la nécessaire application annuelle d’une faible dose de glyphosate avant semis !

Biodiversité

L’écologie politique est fâchée avec la chimie mais elle l’est tout autant avec la génétique et les biotechnologies végétales à l’instar des OGM, autre psychose française. L’Union européenne autorise l’importation et la consommation de nombreux OGM mais un seul est autorisé à la culture, un maïs résistant à deux insectes ravageurs (pyrale et sésamie), connu par son acronyme Mon810 ou maïs Bt. Sous la forte pression écologiste et prétextant du principe de précaution, la France, frileuse, l’a interdit, toujours sans justification scientifique et contre l’avis des instances officielles d’évaluation.

Ce maïs permettait de supprimer deux traitements insecticides aériens, contribuait à préserver la biodiversité en respectant les insectes auxiliaires utiles (abeilles, coccinelles, syrphes…) et les oiseaux. En plus il offrait un bénéfice sanitaire en réduisant les teneurs en mycotoxines du maïs dont plusieurs sont des cancérigènes avérés. Diabolisés en France, les OGM sont utilisés chaque année par 17 millions d’agriculteurs dans le monde sur des surfaces représentant sept fois la surface agricole française !

Une fois encore les croyances l’ont emporté sur les savoirs conduisant le pays dans la voie du dogmatisme et de choix politiques erronés souvent contraires aux objectifs écologiques affichés. La passion écologique se montre réfractaire au doute, à l’analyse critique et manifeste une propension surprenante à se focaliser sur les risques et ignorer les bénéfices. Elle a pris une inquiétante coloration anti-science alors que c’est justement la science et les technologies qui permettront de répondre aux grands défis de la société.

L’inculture scientifique fréquente chez les responsables politiques et des leaders d’opinion ouvre la voie à la démagogie, au relativisme ambiant accordant la même valeur à tous les avis. Elle laisse s’installer, comme les récents débats pour les élections européennes l’ont montré, une orthodoxie « écolomaniaque», sans véritable débat argumenté et rationnel s’appuyant sur les faits et la science.

Gérard Kafadaroff et Jean-Pierre Riou pour l’Opinion.

* Gérard Kafadaroff est ingénieur agronome ; Jean-Pierre Riou est chroniqueur indépendant sur l’énergie. Ils sont membres du Collectif Science-Technologies-Actions.

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