Les lubies du lobby « décolonial »

Publié par le 19 Mar, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Les lubies du lobby « décolonial »

Voici à nouveau des extraits du dossier du Figaro Magazine consacré au Retour de la censure.

Après un article consacré au monde de la culture :

Culture : l’inquiétante dérive mondiale,

voici un coup de phare sur l’activiste lobby décolonial.

Les études « décoloniales » prospèrent dans les facultés de sciences humaines. Cette mouvance intellectuelle, qui dénonce la persistance de préjugés racistes et coloniaux dans la culture occidentale, entend désormais « décoloniser les arts ».

Le Figaro Magazine a assisté à l’une de ses réunions :

Françoise Vergès (turban) et ses amies « décolonialistes ». Hans Lucas.

En ce dimanche après-midi, La Colonie est bondée : il faut aller chercher des chaises pour les retardataires qui se collent au mur du fond. Le bar accueille sa session mensuelle de l’« Université Décolonisons les arts », une réunion publique organisée par l’association Décoloniser les arts. C’est aussi là que la chaîne Paroles d’honneur, une web TV lancée par des militants du Parti des Indigènes de la République (PIR), tourne ses émissions. Debout au milieu des sofas et des chaises de bistrot, Françoise Vergès conduit les échanges et donne le programme de la séance.

« EUX » et « NOUS »

Cette enseignante-chercheuse, nièce du célèbre avocat et militant anticolonialiste Jacques Vergès, est bien connue parmi les adeptes de la mouvance postcoloniale : auteur de nombreux  ouvrages à ce sujet, elle a fondé en 2015 le collectif Décoloniser les arts. Et cosigné la tribune dite des 343 racisé·e·s, publiée sur Mediapart pour justifier l’empêchement d’une représentation des Suppliantes d’Eschyle, au motif que le grimage des comédiens évoquait un black face – une pratique jugée raciste.

Dans la bouche de Françoise Vergès, deux sujets distincts reviennent systématiquement : « eux » et « nous». « Les deux musées qui parlent de « nous » – le Quai Branly et le Musée de l’immigration – , ce sont « eux » qui les ont faits. Imaginons un instant un musée où nous pourrions raconter nous-mêmes notre propre histoire ! »

Son reproche aurait-il été entendu ? Quelques semaines plus tard, dans un entretien au Monde, le président du Quai Branly Stéphane Martin déclarait: « Je souhaite que le musée se colorise, nous sommes trop blancs … »

Un godemiché translucide, symbole de l’universalisme occidental

D’autres proposent de réécrire les cartels placés sous les oeuvres : « Lorsqu’il y a du sucre présent sur la table d’une nature morte, il faut expliquer au visiteur ce que cette représentation contient de préjugé colonial inconscient … » Françoise Vergès conclut les échanges : « Il reste encore du travail ! » La séance se poursuivra le mois prochain, autour d’un cas pratique : comment construire une exposition autour de l’humiliation des « racisé·e·s » lors des émeutes de 2005.

On peut aussi citer la « metteuse en scène » Marine Bachelot Nguyen qui expose sa manière de lutter contre les clichés à travers ses expériences artistiques: elle a par exemple imaginé une performance pour « faire émerger les mécaniques ambiguës du racisme, du sexisme, de l’altérisation, et déconstruire l’universalisme occidental, incarné par un godemiché translucide » (sic).

Le monde de la culture est déjà « colonisé » par les décoloniaux !

L’association Décoloniser les arts n’est pas un courant marginal au sein du monde de la culture. Depuis quelques années, l’accointance des institutions culturelles nationales avec la pensée décoloniale est de plus en plus manifeste. Au Musée national Eugène-Delacroix (qui dépend du Louvre), la directrice de l’époque, Dominique de Font-Réaulx, avait accueilli en 2018 une exposition sur l’Orient dont l’un de commissaires était Lilian Thuram : l’ancien footballeur y soulignait le racisme latent dans la plupart des représentations de Noirs au XIX ème siècle. Au même moment, la revue Perspeclive (publiée par le prestigieux Institut national d’histoire de l’art) lançait son numéro consacré au Maghreb en organisant une conférence … au bar La Colonie. en compagnie de Kader Attia !

France Culture, de son côté, a diffusé récemment un podcast ahurissant, dans lequel l’historien Philippe Jockey reproche à l’Occident d’avoir longtemps dissimulé que les statues grecques antiques étaient polychromes (chose que l’on sait depuis la Renaissance … ), par souci … d’exalter la race blanche ! Et cette montée en puissance des théories décoloniales se manifeste dans d’autres domaines artistiques, comme en témoigne la nomination récente à la tête du Conservatoire de Paris d’une de leurs adeptes, Émilie Delorme.

Vers un hégémonisme culturel

Si l’on interroge les adeptes de la mouvance décoloniale, la France est encore très en retard en comparaison avec les institutions culturelles nord-américaines, où ces idées sont en passe de devenir hégémoniques. C’est en même temps une aubaine, car l’exemple du Canada ou des États-Unis vient nourrir l’imagination des militants français. En novembre dernier à l’American Center for Art & Culture, à Paris, Anne Pasternak (directrice du Brooklyn Museum) et Nathalie Bondil (directrice du Musée des beaux-arts de Montréal) avaient été invitées à exposer leurs stratégies d’inclusion des minorités dans leurs musées : au terme de deux heures et demie de conférence, on n’avait pas contemplé une seule des oeuvres d’art contemporain « inclusives » évoquées …

Tant il est vrai que les intentions de l’artiste comptent davantage que les oeuvres elles-mêmes. Et que la valeur esthétique s’efface derrière le discours idéologique.

Paul Sugy pour Le Figaro Magazine.

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