Lettre d’une bouseuse de la France profonde

Publié par le 17 Mai, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Lettre d’une bouseuse de la France profonde

Comme promis dans ce précédent article, voici la première partie de la très belle lettre de Suzanne :

Mes amis,

Je suis fatiguée …

Fatiguée des polémiques, fatiguée par les manipulations sans fin de ceux qui, nous méprisant, nous les bouseux de province, inventent des histoires pour faire croire à leur magnanimité. Il m’est reproché, souvent, mon animosité envers celui qui représente la France et son gouvernement, issu des « plus grandes Ecoles » de France.

Mais voilà. Je suis une bouseuse. Une de celles (et de ceux…) qui ont trimé toute leur vie, après avoir vu trimer leurs parents et leurs grands parents ! Issue, comme beaucoup, d’une famille pauvre, mais d’un milieu socialement favorisé, selon une instit communiste de mes enfants, j’ai dû travailler dur pour obtenir mes diplômes.

A l’époque, les boursiers devaient réussir leurs examens sous peine de se voir dés-attribuer cette aide de l’état. (Aujourd’hui, tout le monde a le BAC et peut entrer en Université …)

Et, malgré ces aides, mon père faisait deux journées en une pour arriver à nous nourrir, aussi bien physiologiquement que moralement et intellectuellement. Dès 5h du matin en été pour faire le jardin qui nourrirait sa famille, sans compter la pêche afin de donner des protéines à ses enfants … Puis journée de travail … et rebelote jusqu’à la nuit, tandis que maman portait toujours les mêmes vêtements, pour que nous, nous ayons de quoi ne pas être ridicules auprès de nos copains…)

Je les ai eu ces diplômes ! Peu importe le nombre.

Je dirais même que lorsque je vois aujourd’hui les ministres mettre en avant ceux-ci pour se faire mousser (ou pour tenter d’argumenter leur position), sans s’occuper du fond de leurs missions, j’en ai presque honte.

Et comme, de plus, à mon époque, il fallait toujours un diplôme supplémentaire pour justifier une spécialisation, imaginez … (Aux USA, on se base sur les compétences. En France on se base sur les diplômes, qui, maintenant, pourtant, n’ont plus aucune valeur réelle)

Je vous indiquerai seulement que mon parcours m’a permis d’apprendre et de pratiquer certaines méthodes de communication … Et j’ai travaillé.

Hélas pour moi, j’ai été « multi-caisses » comme on dit … De plus, j’ai été contractuelle pendant toute la durée de mon emploi dans la « fonction publique », c’est çà dire CDD illimité, toujours payée au bas de l’échelle, avec des salaires gelés depuis des lustres, mais ça, le peuple n’est pas au courant … sinon, « on » ne pourrait plus dresser les uns contre les autres, n’est-ce pas … Et « il faut diviser pour régner »

« Or donc », comme on dit « cheux » nous, je suis une retraitée lambda, touchant environ (un peu moins) l’équivalent du SMIC, et ce depuis juste un an. J’ai donc la joie d’être toujours en contact avec mes chers collègues, qui, tous frisent le burn-out (quand ils ne sont pas arrêtés pour maladie et épuisement)

Je suis, par une grande partie de ma famille, et les amis et collègues de celle-ci, en contact constant avec le milieu de l’enseignement, et sait ainsi que M Brighelli, est le parfait porte-parole de la profession, que ce qu’il écrit est parfaitement vrai, contrairement à ce que répliquent ses détracteurs, amoureux du ministre. Mais j’ai la joie aussi de faire partie de nombreux milieux associatifs, tant « intellectuels », que divertissants, que « d’intérêt général »…

J’ai aussi la joie d’être entourée d’amis sincères, de voisins, de ma famille. Nous sommes solidaires, c’est à dire que nous nous aidons tous dans les moments difficiles et nous nous serrons les coudes. Et puis, nous nous remercions et remercions le Ciel d’être aussi bien entourés malgré les vraies difficultés que nous rencontrons tous.

« Un merci n’a jamais écorché les lèvres ». C’est notre devise.

C’est pourquoi, pragmatique, et étant bien plus souvent au contact des difficultés de la vie que de mon ordinateur, je pense être à même de pouvoir entendre la parole des bouseux tels que moi, d’être parfois leur porte-parole, et avoir des arguments vrais pour dire ce que nous vivons et comment nous percevons ceux qui nous dirigent à coups d’esbroufe et de mises en scènes à nos frais.

A suivre …

Suzanne pour A droite, fièrement !

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