L’Union européenne achète massivement les médias !

Publié par le 13 Juin, 2025 dans Blog | 0 commentaire

L’Union européenne achète massivement les médias !

Dans un nouveau rapport exclusif pour MCC Brussels, intitulé « La machine médiatique de Bruxelles: le financement des médias de l’UE et la formation du discours public », je révèle un vaste système, auparavant sous-examiné, par lequel l’Union européenne débourse chaque année près de 80 millions d’euros pour des projets médiatiques, dans toute l’Europe et au-delà.

Dans ce document, je soutiens que ce financement important, souvent présenté comme un soutien à la liberté des médias, sert en fait fréquemment à promouvoir des récits explicitement pro-UE et à marginaliser les voix critiques, soulevant de sérieuses inquiétudes quant à l’indépendance éditoriale et à l’intégrité démocratique.

Vous venez de lire l’introduction d’un édifiant article du Saker francophone qui dénonce la propagande que l’Union européenne finance sur les grands médias. On y découvre un financement massif des médias pour qu’ils diffusent un contenu systématiquement, pro-UE.

La machine médiatique bruxelloise : le financement des médias de l’UE et la structuration du discours public

Le rapport soutient que le levier financier de l’UE crée une “relation semi-structurelle” avec les principaux médias, en particulier les radiodiffuseurs publics et les agences de presse, brouillant les frontières entre le journalisme indépendant et la communication institutionnelle, compromettant ainsi gravement la capacité des médias à demander des comptes au pouvoir.

Principales conclusions et exemples tirés du rapport :

Financement massif et sous-évalué : la Commission européenne et le Parlement européen déboursent collectivement près de 80 millions d’euros par an pour des projets médiatiques. Ceci est considéré comme une estimation prudente, le total au cours de la dernière décennie dépassant probablement 1 milliard d’euros. Ce chiffre n’inclut pas les flux de financement indirects — par exemple, les contrats de publicité ou de communication attribués à des entreprises de marketing qui redistribuent ensuite les fonds aux principaux médias.

Promotion de discours pro-UE : les programmes de financement sont souvent formulés à l’aide de mots à la mode tels que “lutter contre la désinformation” ou “soutenir une programmation factuelle”, mais le rapport présente des preuves qu’ils ont des objectifs stratégiques clairs pour façonner le débat public et promouvoir l’agenda de l’UE. De nombreux projets, par exemple, promeuvent explicitement des discours pro-UE, notamment “promouvoir l’intégration européenne« , la « démystification de l’UE” et la “lutte contre les mouvements nationaux extrémistes et eurosceptiques”. Sur des questions géopolitiquement sensibles — notamment le conflit Russo-ukrainien — ces projets favorisent un environnement dans lequel les médias sont incités financièrement à faire écho aux positions officielles de l’UE et de l’OTAN, réduisant encore l’espace pour le journalisme indépendant.

Campagnes de propagande secrètes : le programme Mesures d’information pour la Politique de cohésion de l’UE (IMREG) a acheminé environ 40 millions d’euros depuis 2017 vers les médias et les agences de presse pour produire du contenu mettant en évidence les “avantages” de la politique de l’UE. Le rapport met en évidence des exemples où ce financement n’est pas clairement divulgué, ce qui équivaut effectivement à un “marketing furtif” ou à une “propagande secrète”. D’autres projets visent explicitement à “accroître la sensibilisation aux avantages” ou à « contribuer à une meilleure compréhension” et à renforcer le “sentiment d’appartenance des citoyens à l’UE”. Ces euphémismes masquent ce qui est, en fait, une tentative descendante de fabriquer un demos européen ; une conscience politique unifiée qui, dans les conditions politiques et culturelles actuelles, reste plus une aspiration idéologique qu’une réalité démocratique.

Les agences de presse en tant que gardiens du narratif : l’UE s’associe stratégiquement avec de grandes agences de presse comme ANSA (Italie), EFE (Espagne) et Lusa (Portugal) par le biais de programmes comme IMREG, garantissant des cascades de messages pro-UE vers des centaines de médias qui dépendent du contenu de ces agences. Le projet Salle de rédaction européenne, financé par l’UE à hauteur de 1,7 million d’euros, par exemple, réunissant 24 agences de presse à Bruxelles, équivaut en réalité à un effort de normalisation et d’alignement des messages sur les questions européennes.

« Fact-checking » et contrôle du discours : des initiatives comme l’Observatoire européen des médias numériques (EDMO), financé à hauteur d’au moins 27 millions d’euros, impliquent les agences de presse et les médias dans des réseaux pour “lutter contre la désinformation”. Le rapport avertit que lorsque les entités impliquées dans le financement promotionnel participent également à la définition de la désinformation, cela risque de devenir un outil pour contrôler les limites du discours acceptable et étiqueter la dissidence comme de la désinformation.

Le journalisme d’investigation s’est concentré vers l’extérieur, jamais vers l’intérieur : le rapport examine les projets de journalisme d’investigation financés par l’UE, notant une tendance où une grande partie de l’attention est dirigée vers des pays non membres de l’UE comme la Russie ou le Kazakhstan, avec peu d’examen de l’UE elle-même malgré les nombreux scandales documentés au sein de l’Union.

La propre propagande du Parlement européen : le Parlement européen, par l’intermédiaire de sa Direction générale de la Communication, a alloué près de 30 millions d’euros depuis 2020 aux médias pour des campagnes, y compris du contenu explicitement auto-promotionnel avant les élections. L’objectif est :

d’accroître plus efficacement la portée vers des publics ciblés avec des messages liés au travail du Parlement européen, ajoutant de la légitimité aux campagnes du Parlement européen.

Cela peut être considéré comme une tentative de fabriquer une légitimité démocratique en raison d’un manque de soutien organique.

Le rapport conclut que les preuves indiquent que :

l’UE investit systématiquement dans la création d’un environnement médiatique “amical” qui renforce sa légitimité et ses objectifs politiques,

plutôt que de simplement soutenir une presse libre. Il appelle à un examen public urgent et à un examen minutieux des liens institutionnels entre le pouvoir politique et le journalisme et, en fin de compte, à leur rupture.

Thomas Fazi pour le Saker francophone.

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

Merci de tweeter cet article :





Laissez une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *