Ne peut-on rien faire contre le terrorisme islamique ?

Publié par le 28 Mar, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Ne peut-on rien faire contre le terrorisme islamique ?

A chaque attentat, c’est la même litanie !

On retrouve le même profil de terroristes : des délinquants le plus souvent multirécidivistes. Ils avaient été repérés par les organismes anti-terroristes pour radicalisation et ils étaient tous « fichés S ».

L’impuissance de l’Etat est patente même si les moyens mobilisés pour le renseignement ont été largement renforcés ces dernières années.

Chacun comprend que des profils comme celui de Redouane Lakdim sont devenus très courants et que c’est pas milliers que l’on peut compter ces hommes tapis dans l’ombre en attendant de passer à l’action. Alors, que faire ?

Je relaye ce matin un communiqué de l’Institut pour la Justice qui tente de faire le point et de proposer des actions pour lutter plus efficacement contre le terrorisme islamique.

Il insiste sur le fait qu’il existe bien dans notre arsenal judiciaire des mesures capables de réduire la menace, mais il faudrait une vraie volonté politique pour obliger la justice à les appliquer !

Et cette volonté politique manque !

Les victimes de Redouane Lakdim : le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, Christian Medves, Hervé Sosna et Jean Mazières.

Ces visages, nous les avons tous vus à la télévision ou dans les journaux depuis vendredi. Ce sont les quatre victimes du terroriste de l’Aude qui a frappé à Trèbes. 4 morts, 15 blessés.

Certains disent que Redouane Lakdim aurait pu causer beaucoup plus de victimes et que le bilan n’est donc pas si dramatique. Ce n’est pas vrai, ces quatre morts sont insoutenables et si jamais leur famille lit ces quelques lignes, qu’elle sache qu’à travers moi, tous les membres de l’IPJ sont meurtris pour elles.

Depuis vendredi, on en apprend de plus en plus sur le terroriste.

  • Encore un jeune délinquant de droit commun.
  • Encore un jeune homme d’origine étrangère issu d’une zone “de non-droit”.
  • Encore un fiché S radicalisé qui n’avait pas été jugé dangereux par les services de surveillance.

Plusieurs experts de l’Institut pour la Justice (IPJ) sont montés au créneau ces derniers jours pour dénoncer cette situation à laquelle personne ne doit s’habituer :

Dans le Figaro, notre porte-parole Maître Guillaume Jeanson a écrit : « puisque la guerre qu’on nous prédit sera longue, octroyons-nous des moyens décents pour la mener. Ces moyens doivent d’abord concerner les renseignements. Eric Ciotti a rappelé très opportunément qu’en près d’une décennie les effectifs de la DGSI ont progressé d’à peine 30 % alors que “ le nombre de personnes dans les radars des services pour islamisme radical a été multiplié par quatre “. Ces moyens doivent ensuite concerner la justice et la pénitentiaire. »

Car de son côté, la justice a une marge de manœuvre qu’elle n’exploite pas. Maître Thibault de Montbrial, spécialiste du terrorisme et expert associé à l’IPJ s’en désole lui aussi dans le Figaro :

« Du côté de la justice, il est regrettable que les tribunaux n’utilisent pas plus la peine complémentaire d’interdiction du territoire français assortie d’une expulsion à l’issue de la peine, prévue par l’article 131-30 du Code pénal. Les étrangers qui commettent crimes ou délits graves n’ont pas leur place dans notre communauté nationale, d’autant que ce profil délinquant constitue la base de recrutement de “ l’infanterie djihadiste “ sur notre sol. L’analyse du profil de la grande majorité des auteurs des attentats depuis fin 2014 le démontre.

Combien de victimes faudra-t-il encore pour que tous soient convaincus d’utiliser systématiquement les outils administratifs et judiciaires qui permettent d’éloigner les étrangers en situation irrégulière ou délinquants ? »

Il y a derrière cet attentat un phénomène, qui s’étend dans les banlieues, depuis des années, et que beaucoup ont préféré ne pas voir. Nous sommes de ceux qui, depuis des années également, ont tenté d’alerter les élus à ce sujet. Nous avons toujours donné la parole aux policiers, qui sont en première ligne, et qui ont vu la situation se dégrader inexorablement.

Résultat aujourd’hui : il y a des quartiers où l’on ne peut pas s’aventurer sans craindre pour nos vies. Je n’exagère pas. Voyez ce qui se passe dans la cité Ozanam de Carcassonne, fief du Redouane Lakdim : les journalistes se font barrer la route, manu militari, lorsqu’ils veulent enquêter sur le terroriste abattu par les forces de l’ordre.

Que l’on ait des inimitiés pour certains journalistes, dont le traitement de l’information peut parfois irriter, est une chose. Mais qu’on les empêche par la menace ou la force de faire leur métier est inacceptable, et constitue un danger pour nous tous.

Surtout quand ceux qui s’en prennent aux journalistes paraissent soutenir les actes odieux de Lakdim.

Voilà ce que raconte un journaliste sur Twitter : « Cité Ozanam, à Carcassonne. Deux jeunes en voiture font le guet. L’un s’arrête à ma hauteur, alors que je marche : “ T’es journaliste ? Barre toi d’ici ou je te casse les jambes “. Et il entrouvre la porte… Regard haineux. Toutes les issues sont contrôlées. Impossible d’y rester ».

Dans le magazine Le Point, même son de cloche : « Le journaliste a également raconté à France info que les jeunes avaient surtout frappé l’équipe de la télévision suisse-italienne et évoque une “ très vive altercation “. Marc Dana précise que les journalistes ont été poursuivis par une voiture tout autour de la cité alors qu’ils tentaient de rapidement quitter les lieux. Des habitants se plaignent du climat de tension qui règne dans cette cité sensible de Carcassonne. » Interrogée par France 3 Occitanie, une retraitée dénonçait la situation : « Ça faisait un moment qu’on alertait les pouvoirs publics, il y a du trafic, il y a des armes à feu qui doivent circuler, on entend des coups de feu. » Et de conclure : « C’est une minorité qui pourrit le quartier, ils ont pris le pouvoir. Avant, il y faisait bon vivre, mais, maintenant, c’est craignos. »

Et nous sommes ici à Carcassonne. Il ne s’agit pas des quartiers Nord de Marseille, d’Aulnay-sous-Bois ou de Trappes. Non, il s’agit de Carcassonne, cette ville de 50 000 habitants.

Ces zones “ de non-droit “ se développent partout en France ; les petites villes et les zones rurales ne sont pas épargnées.

C’est un danger qu’il faut absolument neutraliser. Ces bulles qui se développent contre l’autorité, la loi, l’école, la culture française, sont incontrôlables et fournissent le vivier des islamistes radicalisés qui attaquent et qui tuent.

Maître Thibault de Montbrial tire la sonnette d’alarme, il sait que nous ne voyons que la partie émergée de l’iceberg et que la menace va encore s’accroître :

« Il y a urgence. Le nombre de gens présents sur notre territoire qui haïssent notre pays est déjà dramatiquement élevé. Bientôt, ces potentiels artisans du djihad recevront le renfort des anciens de Syrie, soit prochainement libérés des prisons françaises, soit clandestinement de retour en Europe – tous les djihadistes francophones n’ont pas été tués ou fait prisonniers là-bas, tant s’en faut. La menace endogène recevra alors le renfort de terroristes aguerris, susceptibles de recruter, former, structurer et coordonner des attentats sur notre sol. »

Dont acte.

Je vous encourage à lire sur ce sujet la tribune rédigée par le porte-parole de l’IPJ Me Guillaume Jeanson qui pointe du doigt ce qu’il faut améliorer : « Faire mieux sur la question du fichage. Faire mieux sur celle de la porosité inquiétante qui existe entre le terrorisme et la délinquance de droit commun. Faire mieux enfin sur celle de ces zones de non-droit qui prolifèrent comme autant de terreaux fertiles d’une détestation et d’un rejet de plus en plus affirmé de notre modèle de société. »

Je termine mon message par une pensée pour le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui a sauvé une vie par son sacrifice et qui recevra un hommage national demain. Le général d’armée David Galtier, inspecteur général des armées a écrit à son sujet « il a non seulement sauvé une vie mais également montré qu’il existe des raisons d’espérer face à un fléau qui se combat par la cohésion nationale, la solidarité entre États et la force d’âme des gardiens de la République. »

Avec tout mon dévouement,
Laurence Havel

ps : Vous pouvez lire la tribune de Me Jeanson en cliquant ici.

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