Non au « séparatisme islamique » (2/3)

Publié par le 21 Mar, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Non au « séparatisme islamique » (2/3)

Après l’édito de Vincent Trémolet de Villers, voici le deuxième volet du dossier du Figaro contre le séparatisme islamique : l’article de présentation sous les plumes de Caroline Beyer, Stéphane Breton et Jean Chichizola.

Cent intellectuels se mobilisent
contre le communautarisme

Dans une tribune, ils s’inquiètent d’un islamisme qui cherche à « passer pour une victime de l’intolérance ».

L’UNIVERSALISME et l’humanisme perdraient-ils du terrain face aux particularismes ? C’est la conviction de cent intellectuels qui, dans une tribtme intitulée « Non au séparatisme islamiste », en appellent à une prise de conscience. De l’historien Pierre Nora à l’ancien ministre Bernard Kouchner, en passant par l’écrivain Yann Queffélec, ces signataires de tous bords se font l’écho d’une inqtùétude commune face à la montée d’un islamisme qui « cherche à gagner du terrain » et à « passer pour une victime de l’intolérance ».

« La République subit des coups de canif », estime Stéphane Breton, l’un des initiateurs du texte. « Dès lors que l’on fait des cas particuliers, on en revient à une société de privilèges », ajoute l’ethnologue, maitre de conférences à l’EHESS.

En ligne de mire : cette tendance à la catégorisation, en fonction de son ethnie, sa religion, son sexe … À l’image de cette formation à l’antiracisme, organisée cet été à Reims, interdite aux Blancs. Ou encore de ces ateliers destinés aux enseignants, imaginés par Sud Éducation 93, et réservés aux « racisés  . « Les mots les plus épouvantables du vocabulaire politique sont utilisés au nom soi-disant de l’antiracisme alors qu’en fait ils véhiculent évidemment un racisme », s’était indigné le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, avant de porter plainte. Une plainte classée sans suite.

« Ce retour à une forme de ségrégation est d’une violence extrême, estime Céline Pina, ex-élue PS qui s’est fait connaître en dénonçant le salon de « la femme musulmane » de Pontoise. Nous observons un glissement de la lutte sociale vers une lutte raciale qui fige, de fait, les choses », explique-t-elle, citant le mouvement des Indigènes de la République ou l’association féministe musulmane Lallab. Cette dernière dénonce notamment les limites du « féminisme blanc », qui « considère ses opinions et ses choix individuels comme universels ».

Face à ces replis identitaires, les signataires de la tribune en appellent à la laïcité, ce socle républicain commun. Une laïcité qui, au quotidien, est souvent mise à l’épreuve : polémiques récurrentes sur les crèches de Noël dans les mairies, les menus sans porc dans les cantines, questions régulières sur le port du foulard lors des sorties scolaires, des dispenses de piscine … Parfois remise en cause dans les écoles ou les hôpitaux, souvent interrogée dans les entreprises privées, la laïcité est rarement bien comprise. Doit-elle être ouverte ou stricte ?

Catherine Beyer pour le Figaro

« La République subit des coups de canif  »

La loi de 1905, qui en fixe le cadre en posant la liberté de conscience, le libre exercice des cultes et le principe de séparation des Eglises et de l’Etat, ne lui accole pas d’adjectif. Elle donne aujourd’hui lieu à de nombreux conflits d’interprétation. À l’école primaire, le cours dédié à l’islam ressemble à une leçon de religion, où l’on apprend par coeur les « cinq piliers » au lieu de privilégier l’approche historique et le fait religieux.

Dans le milieu associatif, « culturel » et « cultuel » se confondent parfois sous l’oeil bienveillant des élus, comme le dénonçait Malek Boutih dans son rapport « Génération radicale », rendu en juillet 2015. L’ancien président de SOS Racisme appelait alors à un « retour de l’État régalien » dans les « ghettos urbains ».

Stéphane Breton, l’un des initiateurs de la tribune.

A Sarcelles, l’islamisme a finalement réussi à s’implanter

À Sarcelles, la scène est devenue presque quotidienne. Devant l’école Jean Jaurès, avenue du Maréchal- Koenig, les parents d’élèves sont invités à converser avec des fidèles venus de la mosquée voisine, contrôlée par des salafistes. À l’ombre du père du socialisme français et du héros de la France libre, quelques tréteaux sont même parfois installés. Au menu des discussions, la religion mais aussi des offres de service (soutien scolaire, aide matérielle … . Dans cette Sarcelles longtemps connue pour ses communautés juives ( « La Petite Jérusalem » traumatisée par une émeute antisémite en 2014 et l’agression de trois jeunes Juifs depuis janvier), chrétienne chaldéenne et pour son islam divers venu du Maghreb, d’Afrique noire ou d’Asie du Sud, les discussions de l’avenue Koenig témoignent d’une activité accrue des tenants de l’islam radical.

Pendant longtemps, la ville a été plutôt à l’abri d’un islamisme qui gagnait les alentours. Jusqu’aux années 2012- 2013, quand des radicaux venus de Seine-Saint-Denis sont apparus à Goussainville, à Garges-lès- Gonesse puis à Sarcelles. « Avant il n’y avait pas de « barbus « , remarque un habitant, il y avait des musulmans. » La stratégie suivie par les radicaux est des plus classiques : entrisme dans les mosquées, politique tournée vers la jeunesse, investissement des champs associatifs et politiques. Un beau jour, un groupe radical issu de la communauté turque de Goussainville arrive ainsi pour louer un local dans le quartier Chantepie. Situé à deux pas d’un grand centre commercial, l’endroit ressemble au reste de la ville : des barres d’immeubles sans âme. Des musulmans du quartier ne tardent pas à dénoncer ces nouveaux venus qui cherchent à attirer leurs enfants dans leur nouveau lieu de prière. Le site est finalement fermé pour non-respect des règles de l’urbanisme. Le groupe cherche ensuite à faire de l’entrisme dans la principale mosquée de la ville, Foi et Unicité. « Ils ont tenté un coup de force, explique son secrétaire général, Hammadi Kaddouri, ils ont même squatté mais nous les avons repoussés. Aujourd’hui, nous assistons encore à des coups tordus mais les gens le savent : nous ne sommes pas salafistes Nous sommes très vigilants et nous n’hésitons pas à licencier ceux qui dérapent. » Une récente affaire démontre d’ailleurs qu’il est parfois difficile d’éviter de tels dérapages. Ayant ouvert il y a trois ans une école coranique sauvage dans un appartement de la ville, un jeune radicalisé avait été prié de rejoindre les locaux de la mosquée pour être mieux surveillé par la communauté. L’homme vient d’être condamné à douze mois de prison pour avoir frappé et rasé un élève de 12 ans à la coiffure (teinte) « interdite par les règles coraniques » .

Après deux échecs, les vrais « barbus » se sont quant à eux finalement installés dans le quartier de l’école Jean-Jaurès où ils attirent 50 à 60 fidèles chaque jour, 100 à 150 pendant le ramadan (contre 300 à 400 fidèles pour Foi et Unicité, 1 500 le vendredi) .

La jeunesse est particulièrement courtisée par la mouvance. La rue de l’Escouvrier, dans une triste zone industrielle aux marges de la ville, abrite deux écoles confessionnelles, l’une hors-contrat, l’autre au statut incertain. Sans oublier la création d’association de parents d’élèves « indépendants » qui intègrent les conseils des écoles publiques. Très actives, on y compte nombre de mamans voilées.

Un autre acteur, l’association « le Complexe éducatif européen », prônant le soutien scolaire, est également apparu. Fort soigné, son site internet se garde de tout prosélytisme mais des femmes, dont des enseignantes, y sont voilées, parfois des pieds à la tête (sans aller jusqu’au niqab). Et sur les réseaux sociaux, son directeur semble beaucoup s’intéresser au «  sionisme » et aux pays du Golfe. La MJC locale accuse en outre ce « Complexe éducatif » d’avoir tenté en 2016 une prise de contrôle, ratée, en usant de méthodes musclées.

Dans la continuité de cette montée en puissance, 2017 fut enfin l’apparition au grand jour d’un islam politique avec la candidature aux législatives du candidat « indépendant » Samy Debah qui, soutenu de facto par La France insoumise, a été battu au second tour. Tout en étant majoritaire dans sa ville de Garges- lès Gonesse, ce qui annonce d’autres combats. Se revendiquant comme un candidat comme les autres, Samy Debah est surtout le fondateur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Et, selon son adversaire victorieux, François Pupponi, bête noire des islamistes et de l’extrême gauche, il a bien été soutenu par l’ensemble de la mouvance islamiste.

Pour le député socialiste et ancien maire de Sarcelles, « nous assistons aux prémices d’une implantation, assumée, identifiée par tous et par les services de renseignement. Mais l’État ne fait rien pour éviter la catastrophe annoncée ».

Jean Chichizola pour le Figaro.

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