Pour en finir avec la société de délation

Publié par le 6 Juil, 2017 dans Blog | 0 commentaire

Pour en finir avec la société de délation

Voici l’édito de François d’Orcival, membre de l’Institut, et président du Comité éditorial de Valeurs actuelles, un texte publié dans le dernier numéro de son magazine.

L’auteur y dénonce les donneurs de leçons, les incendiaires qui crient au feu, les arroseurs arrosés comme François Bayrou et ses emplois fictifs.

Il pointe les viols constants du secret de l’instruction et le déni de la présomption d’innocence.

Il place les observateurs qui hurlent à la « jupiterisation » d’Emmanuel Macron, devant leurs responsabilités …

Celle de l’avoir fait élire !

Les mêmes qui criaient hier à la honte au nom de la morale, crient aujourd’hui au régime autoritaire. Mais ce sont eux qui l’ont fabriqué …

Ah oui, finissons-en ! Finissons-en, comme le demandait le président de la République devant le congrès du Parlement réuni à Versailles, avec la société de délation, les faux procès et les procès d’intention, le soupçon généralisé, la recherche incessante du scandale, le viol permanent de la présomption d’innocence, la chasse à l’homme et les réputations détruites. Certes, oui.

Mais de quoi la double élection qui a porté Emmanuel Macron et sa majorité au pouvoir est-elle la fille ? De cette société de délation, de ces « révélations » qui se sont étalées pendant trois mois, jour après jour, dans les journaux, répétées et commentées de quart d’heure en quart d’heure sur les plateaux de l’information continue, amplifiées, déformées, par la chaine interminable des réseaux sociaux, dont le seul but était la destruction d’un homme et d’un seul, celui qui était promis à cette élection.

D’où venaient donc ces prétendues pièces à conviction, ces procès-verbaux d’audition, dévorés par le moloch médiatique? Qui alimentait la machine en prononçant des sentences de mort ?

Tant qu’on ne le saura pas, le soupçon demeurera. Le tribunal populaire a ainsi condamné à tour de bras dans une sorte de frénésie haineuse. Et le peuple, épouvanté par un tel déferlement, a choisi de tout mettre dans le même sac, politiques et médias, sans faire le tri, pratiquant ce rejet général qu’on a appelé le « dégagisme » – ce 9 thermidor contemporain où les guillotineurs sont guillotinés, et d’où est sorti Emmanuel Macron, incarnation du renouveau.

Et voilà que l’on crie « assez! », « de la retenue s’il vous plait ! ». Est-ce une loi préparée par M. Bayrou, lui aussi accusateur public en son temps, écarté par ce qu’il désigne comme les forces obscures et les puissances d’argent, qui va soudain ramener la paix ? Allons ! Si l’on veut vraiment préserver la présomption d’innocence et le secret de l’instruction, il y a déjà des lois pour ça – que le parquet poursuive ceux qui font métier de la dénonciation anonyme, transformant la présomption d’innocence en présomption de culpabilité, et que l’on n’accorde pas un « statut » aux « lanceurs d’alerte » …

Quant aux mêmes qui criaient hier à la honte au nom de la morale, qu’ils ne crient pas aujourd’hui à la restauration de la monarchie, au pouvoir impérial, au régime autoritaire : ils l’ont fabriqué. Car la diète médiatique soigneusement mise en scène au sommet de l’État, la réincarnation de l’autorité jusqu’au symbole du portrait officiel du président, la mise au pas des assemblées parlementaires, la prochaine réduction du nombre des élus,

l’annonce d’un droit de pétition pour le citoyen (que Jean-Paul Delevoye, alors président du Conseil économique, social et environnemental, avait piétiné quand il s’agissait du mariage homosexuel),

tout cela n’est qu’une réplique provisoire et sans doute nécessaire aux abus de la délation jusqu’à l’overdose.

Remise d’une pétition de 700 0000 signatures demandant le réexamen de la loi Taubira. Cette pétition, sur ordre de Matignon, sera déclarée irrecevable, décision qui sera invalidée quelques mois plus tard par la Justice, mais trop tard.

Le retour de la confiance ne sera pas le produit de la loi, mais de l’action. Lorsqu’elle fut reçue sous la Coupole, le 18 mars 2010, Simone Veil, à qui la nation devait rendre l’hommage qui lui était dû ce mercredi aux Invalides, traça le portrait de son prédécesseur, Pierre Messmer, en rappelant quelques bonnes vieilles vérités. « Un devoir ingrat incombe à l’homme politique, disait-elle. Quand il accepte un mandat ou une mission, sa personne et ses sentiments doivent s’effacer. Il se doit de définir et d’appliquer la politique la plus conforme à l’intérét général. Une part de la grandeur de ce métier est là. Cela s’appelle le courage. Un homme politique ne doit pas chercher à plaire, mais à agir. » Des vérités à méditer cette semaine, après les discours d’Emmanuel Macron, à Versailles, et de son Premier ministre, Édouard Philippe, au Palais-Bourbon.

François d’Orcival pour Valeurs actuelles.

Note du blogueur : j’ajouterai à tout ceci que nous, à droite, avons l’impression que la délation et les viols du secret de l’instruction ont une curieuse tendance à ne frapper que les hommes politiques de droite. Les assistants parlementaires n’ont-ils vraiment été recrutés que dans les familles des élus de droite (François Fillon et Marine Le Pen) ? Pour Richard Ferrand, on notera que la presse en parle … mais seulement après la présidentielle, quant à l’enquête sur l’évanouissement du patrimoine de Macron …

Circulez ! Y’a rien à voir !

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