Puisque le presse française nous désinforme sur Trump

Publié par le 21 Fév, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Puisque le presse française nous désinforme sur Trump

Depuis la dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis, Donald Trump est devenu la bête noire des médias français.

Ils avaient tous pris parti pour la candidate démocrate,  comme d’ailleurs à chaque élection américaine, cette fois-ci pour Hillary Clinton, la candidate de l’establishment.

La victoire finale de leur diable fut un coup extrêmement dur donné, à la presse et au progressisme en général.

Le Brexit vint leur asséner un nouveau coup.

A l’approche des nouvelles élections américaines, les médias vont à nouveau se mobiliser. La pantalonnade des démocrates dans leur tentative désespérée d’impeachment du président américain ne les a même pas fait ciller !

Inutile, donc, de lire la presse française pour s’informer sur la campagne outre atlantique ! Préférons pour ce faire le Canadien Mathieu Bock-Côté qui en a fait son édito dans le dernier numéro de Valeurs actuelles :

Les démocrates et Donald Trump

Entraînée dans une spirale idéologique régressive, la gauche américaine ne semble pas trouver la clé pour priver Donald Trump d’un second mandat. Coup d’oeil sur cinquante nuances d’un progressisme en campagne pour la Maison-Blanche.

Celui qui dirait de la vie politique américaine qu’elle s’est polarisée depuis l’élection de Donald Trump en 2016 se contenterait d’un euphémisme. Les États-Unis vivent mentalement dans un état de guerre civile, et la tentative ratée de destitution de Trump ces derniers mois en était un épisode parmi d’autres. Pour les démocrates, il s’agissait moins de juger certaines actions condamnables du 45 ème président que d’en finir avec lui, comme s’il était possible d’annuler son élection et de l’abolir symboliquement en faisant semblant qu’elle n’avait jamais eu lieu. L’élite démocrate veut voir dans le phénomène Trump une aberration historique. On ne prête aucune rationalité à ceux qui le soutiennent, comme s’il s’agissait d’une base militante dégénérée vivant dans un monde parallèle et hypnotisée par un président fou gavant ses fidèles de fake news et de tweets rageurs.

On aurait pu croire que l’hostilité à Trump provoquerait un sursaut démocrate. Ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé. Depuis plusieurs mois, Joe Biden, l’ancien vice-président d’Obama, passait pour le favori des primaires. Politique gaffeur, que ses partisans aimaient dire pugnace, il n’a jamais été un présidentiable de première classe. Il espérait s’imposer avec une stratégie centriste, censée permettre la reconquête des classes populaires blanches. Mais sa candidature s’effrite et c’est Pete Buttigieg qui occupe maintenant son créneau. Ce jeune centriste de 38 ans chouchouté par les médias, polyglotte de l’Indiana, passe pour l’avenir de son parti. Social-libéral, il se veut réformiste et modéré. Mais le pseudo-pragmatisme peut-il l’emporter quand les passions politiques se réchauffent ?

D’ailleurs, l’aile gauche du Parti démocrate rêve à son propre Trump et croit l’avoir trouvé en la personne de Bernie Sanders. Il prétend incarner une gauche populiste, sous le signe d’un socialisme revendiqué, qui excite la frange la plus radicale de son camp, en quête d’une révolution sociale, mais qui cadre mal avec la culture politique américaine. Certes, le socialisme de Sanders passerait ailleurs pour une forme de social-démocratie à l’ancienne, et sa critique des grandes corporations vise juste, mais il se conjugue, chez ses partisans les plus farouches comme Alexandria Ocasio-Cortez, avec les excentricités de l’extrême gauche académique. Elizabeth Warren a aussi cherché à occuper ce créneau, mais son manque de charisme et son sectarisme idéologique l’ont empêchée d’y parvenir. Sans surprise, ses partisans préfèrent voir dans ses difficultés le symptôme du machisme américain.

Pete Buttigieg, Bernie Sanders, Joe Biden et Mickael Bloomberg

Il se pourrait bien que les démocrates se tournent vers le milliardaire et ancien maire de New York Michael Bloomberg, âgé de 78 ans, qui prétend défier Trump sur le terrain de la réussite financière et qui représente une élite qui n’en peut plus du trumpisme. Si Bloomberg parvient à s’emparer de l’investiture démocrate, en devenant tout à la fois le candidat de l’establishment et des électeurs prêts à se rallier à celui qui prétend avoir les meilleures chances de battre Trump, la prochaine élection présidentielle se transformera en duel de milliardaires de styles différents, l’Amérique profonde et plébéienne se reconnaissant dans son héros tribunicien qui joue depuis quatre ans la carte de l’insurrection permanente, l’Amérique des élites mondialisées et sophistiquées misant sur Bloomberg pour en finir avec une trop longue jacquerie.

Donald Trump se présente comme le candidat de l’Amérique périphérique et enracinée. Son nationalisme protectionniste et sa critique de l’immigrationnisme s’appuient sur un procès de la mondialisation à outrance. À sa manière, il a recomposé le paysage politique en récupérant un discours qui était longtemps étranger au Parti républicain. Inversement, au-delà de la faiblesse des candidats démocrates actuellement sur les rangs, les dernières années de la gauche américaine ont surtout été marquées par un emballement idéologique proche du délire, qui trouve son écho dans les différents galas hollywoodiens. Les inquiétudes identitaires et sécuritaires des classes populaires ont été traitées comme des lubies témoignant d’une psychologie régressive, incapable de décrocher du monde d’hier.

La tendance idéologique la plus lourde du progressisme américain le pousse à embrasser la révolution diversitaire contre un patriarcat blanc qu’il faudrait abolir pour de bon.

De l’antiracisme racialiste au féminisme rallié à la théorie du genre en passant par l’antispécisme qui vomit l’être humain et un écologisme apocalyptique qui pousse la jeune génération à une éco-anxiété suicidaire, au point où ne plus vouloir faire d’enfant est considéré comme un geste noble au service de la planète, la gauche américaine semble entraînée dans une spirale idéologique régressive.

L’empire du politiquement correct pousse dans les bras de Trump des électeurs qui, spontanément, ne lui auraient pas été favorables. Il se pourrait que la gauche démocrate soit encore une fois la meilleure alliée de Donald Trump.

Mathieu Bock-Côté pour Valeurs actuelles.

Mathieu Bock-Côté est sociologue et auteur de « l’Empire du politiquement correct » (Les Éditions du Cerf).

Merci de tweeter cet article :





 

Répondre à Anonyme Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *