Qui mettra fin à l’hypocrisie du Bac ?

Publié par le 12 Juil, 2017 dans Blog | 0 commentaire

Qui mettra fin à l’hypocrisie du Bac ?

Responsable d’un labo d’électronique dans une grande entreprise française, j’ai été amené à recruter de nombreux ingénieurs et techniciens supérieurs entre les années 1980 et 2000.

Nous ne recrutions jamais d’étudiants diplômés des universités mais uniquement des jeunes venant d’écoles d’ingénieurs ou de la filière BTS, qualifiée à l’époque de filière d’excellence ! Il parait que cela aurait bien changé !

Mais même parmi ces candidats venant des meilleures filières, j’ai pu observer, durant ces vingt années, la dégradation constante du niveau des candidats notamment dans la façon de s’exprimer. Sans parler d’une orthographe plus qu’approximative, dont certains prétendent encore que c’est « la science des ânes », il y avait beaucoup plus grave, notamment dans la syntaxe, avec une inaptitude à rédiger des rapports complets mais concis, une incapacité à lire un document et à en retirer rapidement les points importants.

Oui, l’Education nationale est une catastrophe nationale ! L’objectif fixé par Jean-Pierre Chevènement, en 1985, « d’amener 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat », a certes été atteint en 2012. Mais, au prix d’un abaissement du niveau du baccalauréat à celui des élèves !

Il faut lire cet article du Monde de l’Education, qui se gargarisait, en 2012, des 80 % de candidats reçus au Bac pour comprendre l’aveuglement idéologique de la gauche. Il y est saluée : « la chance enfin donnée de voir ses enfants traités à l’école sur un pied d’égalité avec les filles et fils de bourgeois ». Lamentable avatar de la lutte des classes !

Pour illustrer la dégradation du niveau du Bac, voici le témoignage d’un professeur, correcteur au bac, témoignage rapporté dans un  article extrait du Bulletin hebdomadaire d’André Noël n°2524 paru le 3 juillet dernier :

Bac : témoignage d’un professeur

 

Les épreuves du bac sont achevées et les futurs « étudiants » sont en quête d’une université. Le débat se renouvelle tous les ans : faut-il maintenir cet examen qui est, rappelons-le, le premier grade universitaire ? A vrai dire, c’est une controverse récurrente qui n’a qu’un seul avantage : détourner l’attention de celle qui doit s’ouvrir sur le niveau catastrophique de l’enseignement secondaire dans notre pays et dont les copies du bac témoignent d’une façon accablante. Il s’agit non pas de matières difficiles mais des simples acquis de base, notamment en français.

Dans un texte publié sur Facebook, une correctrice du bac de français – qui se fait appeler Julie – évoque le niveau des copies qui lui ont été confiées. Son message a été lu des milliers de fois, notamment par des collègues qui ont confirmé son propos ; certains les ont même trouvés en-deçà d’une réalité qui serait pire encore.

Dans ce texte, l’enseignante, qui a 55 copies du bac 2017 à corriger, se désole du niveau des élèves :

« Je corrige des copies de l’écrit du bac de français pour des séries technologiques. C’est affligeant de médiocrité. Dans 90 % des cas les méthodes ne sont pas appliquées, les réponses ne sont pas trouvées, les textes ne sont pas compris, les outils d’analyse ne sont pas connus, pas utilisés, l’expression est déplorable avec beaucoup de phrases sans verbe, l’orthographe est un lointain souvenir d’une autre époque, les majuscules, un soldat inconnu. »

Le pire n’est peut-être pas là mais dans les consignes données par l’inspection d’Académie qui anime une « commission d’entente » destinée, officiellement, à harmoniser les corrections en fonction d’un barème, ce qui n’est pertinent qu’en mathématique. En réalité, il s’agit de relever artificiellement le niveau pour faire croire que nos lycéens sont tous capables d’avoir le bac.

La consigne était d’atteindre la moyenne sur l’ensemble des copies qu’elle corrige ! Elle décide alors de refuser de « cautionner » les injonctions qui lui ont été données : « Vous distribuerez vous-mêmes, en haut lieu, les notes qui arrangent votre politique » écrit l’enseignante. Elle ajoute :

« Il faut le savoir, la commission d’entente exige que mon paquet de 55 copies dont certaines font 15 lignes ait 10 de moyenne. Je choisis de mettre les notes que ces malheureuses copies valent. Si je n’atteins pas ce quota, mes notes seront augmentées. Alors à quoi bon ? À quoi bon passer plus de temps sur une copie que l’élève lui-même ? À quoi bon toute l’année transmettre conseils, leçons, connaissances ? À quoi bon exiger rigueur et culture ? Et surtout comment faire comprendre que ce lynchage du niveau du bac affaiblit nos jeunes pour l’avenir ? Pour les exigences de concours et de métiers où, oui, c’est dingue non, il faut savoir écrire, raisonner et analyser. Pauvre France… Pauvre éducation…Alors je fais mon choix. Je ne joue pas. Je ne cautionne pas. Je choisis de mettre les notes que ces malheureuses copies valent. Vous distribuerez vous-mêmes, en haut lieu, les notes qui arrangent votre politique. La bienveillance n’est pas le mensonge. Votre grand leurre se fera sans moi. »

Ce n’est évidemment pas rendre service aux jeunes que de leur donner un diplôme qui non seulement ne vaut plus grand-chose mais, en plus, leur faire croire que ce qu’ils écrivent vaut au moins dix alors que cela ne mérite que 2. Ils seront étonnés quand, eu égard à leur orthographe et à la façon dont ils s’expriment, ils n’auront pas l’emploi qu’ils convoitent ! Ce ne sont pas des fautes occasionnelles comme nous pouvons tous en faire, mais des carences portant sur les fondements de l’orthographe, de la grammaire, de la conjugaison. L’usage des SMS, en écriture phonétique n’a rien arrangé.

S’ils s’inscrivent à l’université, comme leur diplôme leur en ouvre le droit, ils feront partie de ces 60% d’étudiants qui, échouant dès la première année, se pressent en rangs serrés dans les files d’attente de Pôle emploi. Cette situation ouvre aussi d’intéressantes perspectives commerciales à des sociétés qui se sont spécialisées dans la remise à niveau orthographique des salariés.

Des employeurs voyant un nombre toujours plus important de membres de leur personnel qui ne maîtrisent pas l’orthographe leur font suivre des cours. Il n’est évidemment pas normal que ce soient les entreprises qui pallient les insuffisances d’une Education nationale qui les camoufle en falsifiant les vraies notes que les candidats bacheliers ont obtenues.

Il paraît que le nouveau ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, est un homme compétent qui veut en finir avec le « pédagogisme » des prétendus spécialistes qui règnent sur la rue de Grenelle depuis des décennies, sous la droite comme sous la gauche.

Il est vrai que ses premières décisions sont plutôt encourageantes puisqu’il a pris le contrepied de son prédécesseur, la calamiteuse Najat Vallaud-Belkacem. Il est revenu sur l’interdiction du redoublement, réexaminé les rythmes scolaires, réintroduit un enseignement du latin à part entière et les classes bilingues.

Pourvu que ça dure et que les syndicats n’aient pas sa peau, comme ce fut le cas de Claude Allègre qui avant lui a voulu s’attaquer au « mammouth » et aux vaches sacrées de la pédagogie dite « moderne » !

PR pour le Bulletin hebdomadaire d’André Noël.

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