
Je rentre d’un court séjour en Espagne dans la région de Navarre où j’ai été consterné par la défiguration des paysages par de véritables champs d’éoliennes.
Ces dernières sont implantées sur toutes les crêtes et sont donc visibles de dizaines de kilomètres à la ronde. Un désastre esthétique que l’on doit à l’extase des socialistes espagnols pour les énergies renouvelables !
Il est frappant de constater que, dès qu’on quitte la Navarre pour entrer au Pays basque, les éoliennes disparaissent totalement ! Comme en Corse, les indépendantistes protègent leur environnement bien mieux que les écolos !
Au lendemain du black-out électrique qui avait frappé l’Espagne, le Portugal et une partie du sud de la France, la part trop important des énergies renouvelables, donc intermittentes, dans le mix énergétique espagnol avait été pointée comme à l’origine de la panne.
Evidemment, le gouvernement socialiste espagnol qui s’était vanté, quelques jours avant la panne, que l’Espagne était alimentée à 100 % par les énergies renouvelables, a dû diligenter une enquête sur les cause de la panne.
Il a néanmoins interdit que l’on cherche les causes du côté des énergies renouvelables !
Voici un article de Contrepoints.org qui rapporte que les Pays-Bas sont également victimes de leur enthousiasme pour les énergies renouvelables mais pour des raisons différentes du cas espagnol :
Pays Bas: une crise de l’électricité à cause des renouvelables !
Nous connaissions déjà beaucoup de défauts aux énergies renouvelables intermittentes (ENRi) : entre autres, le coût élevé de la compensation de l’intermittence et les risques de blackout aggravé par leur taux de pénétration. L’exemple des Pays Bas nous en révèle un autre : les coûts de mise à niveau du réseau électrique liés aux ENRi sont stratosphériques et génèrent des pénuries en cascade.
Un article du Financial Times du 13 juillet nous apprend que la situation du réseau électrique néerlandais est critique : 11 900 entreprises (y compris médicales ou de lutte contre l’incendie) et des milliers de maisons neuves sont en attente de connexion au réseau. Ces files d’attente ont doublé depuis 2023.
En effet, les opérateurs de réseaux de transport et de distribution électriques du pays n’arrivent pas à tenir le rythme du développement des ENRi décentralisées, dont la Hollande s’est voulue une championne. Les ménages bataves sont 31% à disposer de panneaux photovoltaïques sur leur logement contre moins de 2% en France, et la puissance éolienne installée par habitant est le double de celle de notre pays.
Or, un réseau avec beaucoup d’ENR intermittentes, et notamment du solaire très décentralisé, nécessite plus d’installation de stations et sous-stations intermédiaires (image n°1) de transformation de l’électricité qu’un réseau classique, car la production est dispersée (panneaux, éoliennes locales) et variable. Cela impose des équipements de protection, de contrôle de tension, et de transformations supplémentaires pour éviter les surtensions, harmoniser la fréquence et maintenir la qualité de l’électricité.
Les Pays-Bas ont besoin de déployer 100 stations et 4 000 sous-stations mais il leur manque 28 000 techniciens qualifiés pour y parvenir. Selon le FT, « ces problèmes de goulets d’étranglement existent ailleurs, mais nulle part la situation n’est aussi mauvaise qu’aux Pays–Bas ». Au point que les fournisseurs d’électricité tentent de promouvoir des contrats où ménages et industries acceptent de s’auto-rationner à certaines heures en échange d’un abonnement moins coûteux.
Prix en hausse, pénuries en cascade
Le gouvernement estime que pour tenir compte de la transition, les investissements dans le réseau devront atteindre 200 Mds€ d’ici 2040. Or, les prix de gros de l’électricité en Hollande sont déjà les plus élevés d’Europe (image n°2). Pour financer ces investissements, les opérateurs prévoient une augmentation supérieure à l’inflation de 4,3 à 4,7% par an d’ici 2035, soit entre 50 et 60% en 10 ans. C’est un choc d’appauvrissement considérable.
Mais comme ces investissements peinent à voir le jour, plusieurs milliers de logements neufs subissent des délais de connexion au réseau pouvant atteindre 18 mois, ce qui renforce une pénurie de logements déjà élevée dans le pays, estimée à 400 000 unités. Selon le NL Times, « la capacité de nouvelles connexions est dans le rouge dans une grande partie du pays, et dans des villes comme Utrecht ou Arnhem, aucune possibilité de raccorder de nouveaux logements n’existe d’ici 2030. »
La situation n’est pas meilleure sur le front professionnel. Ainsi, aux Pays Bas, le temps d’attente pour connecter de nouveaux data centers ou autres industries est estimé à… 10 ans. Dans d’importants centres logistiques comme Schipol, Eindhoven ou Tilburg, le temps nécessaire à la connexion d’un nouveau business dépasse désormais 5 ans. Le maire d’Eindhoven et ancien commissaire européen Jeroen Dijsselbloem indique que sa région a perdu plusieurs importants projets d’investissement de ce fait.
Voilà donc un pays jusqu’ici bien géré, dont le réseau électrique était fonctionnel avant l’arrivée des ENRi, qui doit faire face à des pénuries d’accès à l’électricité et, en cascade, des menaces sur l’accès au logement ou aux emplois futurs, comme un vulgaire pays communiste, parce que des politiciens dogmatiques, sans aucunement se préoccuper des contraintes technologiques et économiques qui pourraient doucher leurs fantasmes, ont réussi à imposer un modèle de transformation inepte.
Déjà en Hollande, bientôt en France ?
Les spécialistes considèrent que ce qui se passe aux Pays-Bas arrivera aux autres quand ils en seront au même stade de développement. En Allemagne et au Royaume uni, le délai de connexion de grosses implantations industrielles est de 5 à 7 ans, et l’Irlande a mis en pause jusqu’en 2030 l’installation de nouveaux data centers.
En France, RTE a chiffré les investissements nécessaires au réseau de transport longue distance de l’électricité à 100 Mds€, un chiffre encore à seulement 35 Mds en 2019. Et cela ne comprend pas les investissements que les distributeurs locaux d’électricité devront ajouter à leurs réseaux, estimés à 70 Mds par ENEDIS, soit 170 Mds au total. Mais l’estimation hollandaise, plus élevée (200 Mds) alors que le pays est 4 fois moins peuplé, laisse craindre que ces prévisions déjà stratosphériques ne soient malgré tout trop basses.
Or, toujours selon RTE, sans ENRi, la modernisation du réseau liée aux seuls nouveaux EPR ne coûterait que 20 Mds et le réseau de distribution locale serait très peu touché.
Le moratoire sur les ENRi, une nécessité immédiate et absolue
L’ajout massif d’ENRi sur notre réseau ne changera rien au service rendu aux abonnés du réseau électrique : ils avaient de l’électricité, ils auront… de l’électricité. Elle ne sera pas plus décarbonée que l’énergie nucléaire déjà disponible. Mais elle sera moins fiable, elle sera beaucoup plus chère et nous connaîtrons des pénuries de connexion au réseau, lesquelles renforceront la pénurie foncière (d’origine 100% bureaucratique) pour augmenter encore plus les prix du logement. Quant à la réindustrialisation ou la course aux data centers, autant arrêter d’y penser, notre obsession pour les ENRi condamne toute ambition élevée dans ces domaines.
Au vu d’un tel bilan, l’obsession de certains politiciens pour développer des ENRi « quoi qu’il en coûte » défie toute explication rationnelle. Le déploiement subventionné d’énergies renouvelables intermittentes à une échelle massive orchestré par les États peut d’ores et déjà être considéré comme le plus grand fiasco industriel de l’histoire. Voilà pourquoi le moratoire sur le déploiement des ENRi introduit par quelques parlementaires éclairés, voté mais ensuite abandonné à la suite du rejet de la loi PPE, était une mesure de bon sens, qu’il convient de faire revivre, quel qu’en soit le véhicule législatif.
Vincent Bénard pour Contrepoints.




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