En 3 ans, la France a vu disparaitre 10 % de ses fermes !
Ce chiffre est terrifiant et devrait, à l’occasion de la révolte des éleveurs devant l’abattage intégral des troupeaux frappés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), nous faire prendre conscience des multiples dangers qui nous menacent avec cette disparition.
La disparition des paysans entrainerait la fin de nos paysages campagnards ! Plus d’entretien des chemins, des prairies, cela signifierait l’expansion incontrôlée de la flore sauvage et celle d’une faune sauvage dévastatrice (sangliers, notamment).
Imaginez-vous ne plus pouvoir vous alimenter qu’avec des produits alimentaires fabriqués à l’étranger, avec des normes que nous ne maitriserions plus.
Pire en cas de conflit, la perte de la souveraineté alimentaire nous mettrait en grand danger et à la merci de pays étrangers.
Voici un article de Valeurs actuelles qui pointe cette disparition inquiétante de nos fermes :
Agriculture : pourquoi les petites fermes
sont en voie de disparition
En seulement trois ans, près de 40 000 petites fermes ont disparu en France. Derrière ces chiffres alarmants, une transformation profonde du modèle agricole, entre pression économique, concentration des terres et inquiétudes croissantes pour la souveraineté alimentaire.
Les chiffres sont saisissants. Selon le mouvement citoyen Terre de Liens, la France a perdu 10 % de ses petites fermes en seulement trois ans. D’après une cartographie publiée le 17 novembre dernier, leur nombre est passé de 390 000 en 2020 à 349 000 en 2023.
Le constat est encore plus frappant à long terme. Depuis 1988, 90 % des territoires français ont perdu plus de la moitié de leurs exploitations agricoles. En Île-de-France, on ne compte plus que 4 400 fermes, contre 9 700 il y a trente-cinq ans. En Bretagne, région historiquement agricole, le nombre d’exploitations est passé de 93 000 à 26 000 en trois décennies.
Des problèmes économiques et humains
Pour José Perez, président de la Coordination rurale en Lot-et-Garonne, l’État porte une part de responsabilité. « Le gouvernement nous tire vers le bas. Ces disparitions résultent de problématiques qui perdurent et contre lesquelles les agriculteurs se battent depuis des années », affirme le syndicaliste.
Les accords de libre-échange, comme le Mercosur, sont particulièrement critiqués par la Coordination rurale, mais aussi par Hélène Laporte, députée Rassemblement national du Lot-et-Garonne : « Il ne faut pas laisser nos agriculteurs subir une concurrence déloyale, y compris au sein même de l’Union européenne. »
La disparition des petites fermes « constitue un enjeu économique, humain, patrimonial et stratégique majeur pour la France », insiste la parlementaire. La majorité de ces exploitations ont été absorbées par des structures plus importantes, traduisant une évolution profonde du modèle agricole.
« L’image d’Épinal de la petite ferme à taille humaine s’érode un peu plus chaque jour », constate Colline Savran, chargée de plaidoyer chez Terre de Liens. Un modèle pourtant essentiel, qui « garantit la diversité des productions et l’entretien des paysages » et assure « une présence humaine indispensable à l’équilibre de nos campagnes », souligne Hélène Laporte, qui alerte sur les risques pour la souveraineté alimentaire.
Un agrandissement des exploitations
Ces disparitions s’accompagnent d’une forte baisse du nombre d’agriculteurs. En 1970, la France en comptait 1,5 million ; ils ne sont plus qu’environ 500 000 en 2020. Cette évolution s’explique notamment par la hausse du prix du foncier agricole : le prix moyen de l’hectare est passé de 4 400 euros en 1994 à plus de 6 000 euros en 2022.
Dès les années 1960, l’État a encouragé la productivité agricole via des subventions à la mécanisation et des indemnités de départ, encourageant les exploitants à transmettre leurs terres à leurs voisins. « Les agriculteurs ont de plus en plus de mal à vivre de leur travail. Pour survivre, ils doivent unir les forces de production afin d’améliorer la rentabilité », explique José Perez.
Dans le Lot-et-Garonne, la tendance est identique. Le département comptait 14 000 petites fermes en 1988 ; plus de la moitié ont disparu, avec seulement 5 800 exploitations restantes aujourd’hui. « C’est de plus en plus difficile pour les agriculteurs lot-et-garonnais. On nous met des bâtons dans les roues. Les serres de fraises qui fonctionnent très bien en Espagne devraient être développées ici », ajoute le responsable syndical.
Des solutions avancées par Terre de Liens
Pour inverser la tendance, Terre de Liens, qui a acquis plus de 400 fermes partout en France, avance plusieurs pistes : rendre les terres agricoles plus accessibles pour faciliter l’installation de nouveaux agriculteurs, recenser et protéger le foncier agricole, créer des conditions d’exploitation respectueuses de la ressource en eau, ou encore encourager la distribution de produits bio et locaux. À quelques mois des élections municipales, l’association appelle les élus locaux à se mobiliser.
Hélène Laporte estime pour sa part que l’impulsion doit venir de l’État. Elle plaide pour une limitation de l’artificialisation des sols, une meilleure protection du foncier agricole et un accès facilité à la terre pour les jeunes agriculteurs. En 2024, elle a proposé d’« inscrire en tête du Code rural et de la pêche maritime un principe de primauté de la production agricole et sylvicole sur tout autre usage, notamment énergétique, des sols non artificialisés ».
L’exemple de Monflanquin
La commune rurale de Monflanquin, forte de 2 500 habitants, illustre cette évolution. Elle est passée de 160 petites fermes en 1988 à 67 en 2020, soit une perte de près des deux tiers. Les exploitations restantes se sont spécialisées dans l’élevage de bovins et de volailles, au détriment de l’élevage laitier, sans pour autant réduire la surface agricole utile.
La maire de Monflanquin, Nathalie Founaud-Veysset, souligne le rôle que peuvent jouer les élus locaux en restant « à l’écoute des situations difficiles » et en repérant les agriculteurs en détresse, qu’elle soit morale ou financière. Elle reconnaît toutefois que « la commune ne peut empêcher les restructurations ou les rachats de fermes ». En conséquence, 18,5 % de la surface agricole utile est exploitée en bio et 50 % des repas servis à la cantine scolaire sont issus de produits biologiques et locaux.
Cyril Vielrecobre pour Le Club de Valeurs actuelles.




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