« Une transition énergétique foutraque ! »

Publié par le 13 Mai, 2025 dans Blog | 0 commentaire

« Une transition énergétique foutraque !  »

Je tiens la chroniqueuse Emmanuelle Ducros comme l’une des plus brillantes journalistes françaises en activité.

Avec Eugénie Bastié, elle brille par la clarté et la profondeur de ses chroniques. Elles sont toutes deux :

des « signatures » d’Europe1 !

Je veux relayer aujourd’hui une des chroniques d’Emmanuelle Ducros tenue lundi dernier.

Cette chronique s’en prend aux incohérences de la Commission européenne dans la transition énergétique qu’elle impose aux pays européens et qui entraine leurs industries dans l’abîme.

Emmanuelle Ducros utilise dans sa chronique le terme inhabituel de « foutraque » dont il faut rappeler la définition :

Qui présente des troubles du comportement ou de l’esprit dénotant ou semblant dénoter une altération pathologique des facultés mentales.

Un qualificatif très pertinent pour caractériser la politique énergétique de l’UE !

Voici le verbatim de sa chronique suivi de la vidéo correspondante :

Dmitri Pavlenco : Signature européenne, Emmanuel, vous nous parlez ce matin d’ArcelorMittal qui projette de supprimer 600 postes en France qui devraient être relocalisés en Inde.

La raison invoquée, le manque de compétitivité de la sidérurgie européenne. Alors il faut surtout y voir, vous nous dites ce matin, une énième alerte sur les contresens de notre transition énergétique.

Emmanuelle Ducros : une tribune parue il y a peu dans le Figaro sous la plume d’un ingénieur spécialiste de l’énergie de la transition, Philippe Charles, synthétise parfaitement le problème.

Le secteur de l’acier européen rencontre deux obstacles majeurs, la concurrence chinoise et la baisse de la demande surtout pour l’automobile en Europe. Mais comme si ça ne suffisait pas, l’Union Européenne a savonné sa planche, déjà bien glissante, en en faisant une de ses cibles privilégiées pour la décarbonation industrielle.

Dmitri Pavlenco : C’est-à-dire, il ne faut pas décarboner la production d’acier, vous pensez, alors que c’est l’un des secteurs de l’industrie les plus émetteurs de carbone.

Emmanuelle Ducros : Bien sûr qu’il faut décarboner la production d’acier, mais le YACA ne suffit pas, c’est complexe. Il faut d’abord modifier l’énergie utilisée pour la chauffe, qui reste le plus souvent du charbon, et dans le cœur des hauts-fourneaux, pour obtenir la réaction de réduction qui aboutit à l’acier, il faut remplacer le charbon par de l’hydrogène. Et l’hydrogène à produire, c’est un gouffre électrique.

Dmitri Pavlenco : Mais ArcelorMittal a quand même essayé ?

Emmanuelle Ducros : Oui, bien sûr, 1,7 milliard d’euros d’investissement, largement subventionnés par la France et par l’Union Européenne pour réduire de 10 % les émissions industrielles du groupe en France. Mais malgré ça, ArcelorMittal explique qu’il n’y parviendra pas. Parce que pour cette production d’acier vert, il faut de l’hydrogène.

Et cet hydrogène est devenu inabordable à cause des prix de l’électricité.

Et c’est là-dessus que l’Europe est en pleine contradiction. Oui, l’Europe chante la décarbonation sur tous les tons, mais elle pilote la transition écologique et énergétique à l’idéologie.

Et ça produit des effets inverses à ceux recherchés. Notre électricité est hors de prix parce que nous dépendons encore du gaz. Eh bien oui, le refus du nucléaire, essentiellement par l’Allemagne, a un prix, a un coût.

Parce que l’Europe sur-subventionne les énergies renouvelables. Et puis aussi parce que le mécanisme de fixation des prix de l’électricité au coût de la dernière unité produite est délirant.

Notre électricité coûte 2 à 4 fois plus cher qu’aux Etats-Unis ou en Chine.

Et donc, on ne peut techniquement pas produire de l’acier vert compétitif ici. L’Europe est en pleine pensée magique. Elle subventionne la décarbonation et dans le même temps, elle crée un contexte énergétique foutraque, au coût somptuaire, ingérable, pour les industries qui doivent se décarboner.

Dans le cas ArcelorMittal, il y a deux choix. Soit on délocalise la production, soit on importe de l’hydrogène de Chine. C’est totalement absurde.

Dmitri Pavlenco : Et ça fait beaucoup de victimes économiques de cet aveuglement énergétique européen.

Emmanuelle Ducros : Oui, la transition énergétique, permettez-moi d’y mettre des guillemets à cette transition énergétique européenne, est en train de nous coûter l’automobile, l’hydrogène, les batteries, après avoir tué les éoliennes et les panneaux solaires basés autour de la sidérurgie. Soyons cyniques, c’est une bonne nouvelle !

C’est une bonne nouvelle, la disparition de la sidérurgie va réduire nos émissions carbone locales. On en importera un, mais on sera tout propre. C’est un greenwashing de compétition.

Pour ça, l’Europe est imbattable. La baisse des émissions carbone de l’industrie depuis le début de ce siècle a eu comme levier principal la délocalisation.

Et voici la vidéo de la chronique d’Emmanuelle Ducros :

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