Des syndicats à vomir !

Publié par le 20 Avr, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Des syndicats à vomir !

J’ai déjà fustigé ici le syndicat SUD-Commerce dans un précédent article pour s’être glorifié d’avoir fait mettre un genou à terre au géant du commerce en ligne Amazon.

C’est maintenant la Fédération de la métallurgie de la CGT qui en appelle au Conseil d’Etat pour retirer la métallurgie du champ des industries considérées comme vitales pour le bon fonctionnement du pays. Attention ! On parle ici de 43 000 entreprises et 1,5 millions de salariés !

Et même Laurent Berger – réputé modéré et progressiste – a qualifié d’indécente la déclaration du président du Medef indiquant qu’il faudrait travailler plus pour s’en sortir !

Voici un article paru dans les Echos qui en appelle à la responsabilité des syndicats :

Déconfinement : la responsabilité historique des syndicats

Le risque existe que la France devienne le pays dont l’économie reste la plus longuement arrêtée du monde. Il existe à cause de la préférence française pour le non-travail, que viennent justifier les chèques de l’Etat à 9 millions de salariés en chômage partiel pour qu’ils restent chez eux. A cause de la tentation d’un absolutisme syndical, nourri par la désastreuse compétition entre les multiples organisations, qui pousse à réclamer « une sécurité absolue » en préalable à toute reprise d’activité. Et enfin à cause des partis politiques, les populistes mais aussi les autres, qui croient utile d’alimenter les peurs de la population en s’attribuant une mensongère « priorité à la santé, à la vie ».

Il est difficile de suivre la situation précise de l’économie et encore moins de prévoir où elle va. La seule certitude est que l’impact de la pandémie est effroyable, beaucoup plus effroyable que ne le croient les Français, les syndicats et les politiques. En quatre semaines, 22 millions d’Américains ont perdu leur emploi . Le FMI évoque la plus rude crise depuis celle de 1929 , chiffre à 5,9 % le recul du PIB aux Etats-Unis et à 7,5 % dans la zone euro. Mais en ajoutant que ce sont des chiffres « d’une grande incertitude », en clair ce sera bien pire.

Indicateur « corona »

Pour serrer plus près la réalité, l’Insee a créé un indicateur « corona », qui mesure tous les quinze jours les fermetures d’usine, de commerce et de bureau. Hélas, pour l’instant, aucun autre institut n’a fait de même dans les pays avancés et les comparaisons sont impossibles. Pour la France, selon l’Insee, la perte d’activité est de 36 % et de 42 % dans le secteur privé. Certains services sont « quasiment à l’arrêt » comme les hôtels et restaurants. Au total, la récession est de 3 % par mois. Le gouvernement a calculé un diagnostic pour l’année de – 8 % pour le PIB et – 9 % pour le déficit public mais en comptant que le confinement ne dure que dix semaines. Il est évident que la crise sanitaire va durer des mois, que le déconfinement sera progressif et que la facture finale sera beaucoup plus élevée, tous les records historiques seront dépassés.

Perspectives insupportables

Ce sont là des perspectives insupportables. Trop d’entreprises, même soutenues, vont mourir. Trop d’emplois vont disparaître. Même si la BCE va fournir les billets à profusion, même si l’Europe se décide à créer des « coronabonds », la promesse du président de supporter à bout de bras l’économie « quoi qu’il en coûte » sera rapidement intenable. Quand la caisse va-t-elle sauter ? Début août, au mieux, lorsque le déficit français, si rien ne change, dépassera 12 % -15 % et rentrera, a contrario de ses partenaires du nord de l’Europe, dans une zone de grandes difficultés et de surcoût de financement. L’apport de la BCE, de l’Union européenne ou la perspective d’un effacement général des dettes « corona », ne suffira pas.

Reprendre le travail

Il n’y a pas le choix, il faut reprendre le travail. Dès le 12 mai. Comme l’Etat sera vite à bout de force, le déconfinement repose sur la bonne entente obligée des partenaires sociaux. La responsabilité historique des syndicats est de l’admettre, d’assumer que la fin du confinement est indispensable et que rien, sauf un miracle médical hors de portée aujourd’hui, ne peut garantir « la sécurité absolue ». Il leur faut dire aux salariés français qu’il faut retourner au travail, que « le risque zéro » n’existe pas, que l’empirisme et le relativisme doivent être les nouveaux principes directeurs, bref qu’il faut faire « au mieux ». Cela s’appelle en clair un compromis entre la santé et l’économie. Ce discours indispensable est un changement à 180 degrés dans un monde du travail dirigé par les relations conflictuelles et dans une société biberonnée depuis cinquante ans par l’hyper-maternalisme d’Etat et l’absolutiste principe de précaution.

La France est à demi partie dans le mauvais sens. Le dévouement des soignants et des caissières de supermarché est admirable. Mais côté syndical, Sud encourage le « droit de retrait » au service public de La Poste, des juges ouvrent chez Amazon la porte aux menaces judiciaires si le Covid-19 s’attrape au travail, Laurent Berger de la CFDT qualifie « d’indécente » la possibilité évoquée par le Medef de travailler plus alors qu’il aurait dû dire « prématurée ». Côté patronal, le sentiment n’est pas non plus aux concessions. Nombre d’entreprises sont en péril, elles vont être poussées à faire d’abord des économies en conservant beaucoup de télétravail, en robotisant (grande distribution), en accélérant le recours à l’IA et aux plateformes.

Il faut pourtant que les partenaires se saisissent du moment. Après les guerres, l’économie repart sur des compromis neufs. C’est le moment d’inventer un nouveau capitalisme français.

Eric Le Boucher pour Les Echos.

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