Le Zemmour britannique sonne le tocsin !

Publié par le 23 Avr, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Le Zemmour britannique sonne le tocsin !

Douglas Murray est le Zemmour britannique.

Son dernier essai, «L’Etrange suicide de l’Europe », qui fait écho au « Suicide français », est resté près de vingt semaines dans le top 10 des meilleures ventes du « Sunday Times ». L’essayiste y décrit les conséquences mortifères de l’immigration incontrôlée dans une Europe en voie de désintégration. A l’occasion de la parution de l’édition française de son best-seller, il a accordé un entretien exclusif au « Figaro Magazine ».

Après une tentative de résumer cette interview, j’ai renoncé devant la densité du texte. Mais il me semble que ce long entretien mérite qu’on lui prête attention et qu’il est d’autant plus percutant qu’il vient d’un autre pays. Voici la phrase qui peut résumer la position de Douglas Murray :

Cette manière de penser [des élites européennes] préside aux décisions de nos responsables, contre les souhaits constamment exprimés par les peuples européens.

« Le terrorisme islamique est un problème importé »

Le Figaro Magazine : Votre livre « L’Etrange suicide de l’Europe » a été un énorme succès mondial. Comment l’expliquez-vous ?

Douglas Murray : Selon moi, les gens voient partout les mêmes choses et s’inquiètent des mêmes phénomènes. Pourtant, leurs préoccupations et leurs questions les plus légitimes sont systématiquement réprimées. Mais, chaque fois que quelqu’un expose (en l’étayant de preuves solides) ce qu’un grand nombre de personnes pensent, ses propos finissent toujours par résonner.

Le Figaro Magazine : Vous avez été surpris par la façon dont les politiques ont reçu votre livre. En aparté, ils n’ont pas hésité à accepter vos conclusions.

Douglas Murray : Depuis toujours, il y a la réalité et ce qui peut être politiquement exprimable. J’ai parlé avec des fonctionnaires français, comme avec beaucoup d ‘autres sur tout le continent, et ce sont ceux qui m’ont dit en privé les choses les plus accablantes sur l’immigration, l’intégration et la sécurité. Ils connaissent les problèmes auxquels nous sommes tous confrontés. Pourtant, en public, ils disent autre chose. Pourquoi ? Parce que, pour relever le défi auquel nous sommes tous confrontés, il faudra admettre que plusieurs générations de décideurs politiques à travers l’Europe ont commis des erreurs historiques ou ont été totalement incompétentes.

Le plus simple, pour les politiques, est toujours de remettre cette question à plus tard , de mettre un terme à la discussion et de persécuter les gens parce qu’ils ont dit la vérité. Mais ce n’est pas une bonne stratégie à long terme. Le statu quo pourra tenir encore un cycle électoral ou deux. Mais pas plus.

Le Figaro Magazine : Vous avez exprimé des préoccupations au sujet des associations antiracistes. Peut-on parler de dérive de l’antiracisme ?

Douglas Murray : Ce qui m’inquiète, c’est que les « antiracistes » sont le plus souvent des racistes. C’est le même phénomène pour les soi-disant « antifascistes », qui sont presque toujours profondément fascistes. Il y a des moments où l’antifascisme et l’antiracisme sont nécessaires. Mais, ces derniers temps, les groupes qui se qualifient ainsi sont coupables de ce que le philosophe politique Kenneth Minogue a appelé « syndrome de saint George à la retraite ». Après avoir tué un dragon, ils errent autour de la terre à la recherche d’autres dragons à tuer, jusqu’à ce qu’ils finissent, délirant, par donner des coups d’épée dans l’air.

La plupart des Européens souhaitent sans ambiguïté que les migrations de masse s’arrêtent ou diminuent beaucoup. Pourtant, tous les groupes « antiracistes » disent que ce point de vue est raciste. C’est une erreur historique. Si l’on abuse de mots comme« raciste » et « nazi », la probabilité est très forte que ces mots ne soient plus d’aucune utilité le jour où l’on pourrait en avoir réellement besoin. La question que je pose aux « antiracistes » est celle-ci : « un citoyen français ou britannique qui voit son quartier et sa société changer radicalement peut-il ressentir de la tristesse à ce sujet ou exprimer une opposition sans être qualifié de raciste ? Si la réponse est non, alors nous sommes vraiment très mal partis.  »

Le Figaro Magazine : Cette dérive a-t-elle abouti au scandale de Telford, ces milliers de viols collectifs commis par des gangs pakistanais ?

Douglas Murray : Telford est seulement le dernier cas. Des gangs de violeurs ont été découverts à Rotherham, Rochdale, dans l’Oxfordshire et plusieurs autres endroits au RoyaumeUni. Ce sont presque toujours des groupes d’hommes pakistanais (rejoints parfois par des Nord-Africains) qui ciblent des jeunes filles blanches vulnérables, souvent mineures, en tout cas extérieures à leur communauté. Mille cinq cents jeunes filles ont été violées dans une seule ville anglaise. Il y a des causes locales, tribales et religieuses spécifiques, liées en partie à la « culture de la honte » pakistanaise. La Grande-Bretagne a gardé le silence à ce sujet pendant des années. Pour une part à cause de cette sorte de politesse lâche qui existe partout, mais qui est particulièrement répandue chez nous. Mais aussi parce que ces horreurs ont toutes les caractéristiques d’un odieux crime raciste, et que personne ne voulait que cela se sache. Une classe entière de fonctionnaires locaux, de policiers et de politiciens a échoué.

Le Figaro Magazine : Jeremy Corbyn, le chef de l’opposition, a parfois été accusé d’être complaisant envers l’islamisme et l’antisémitisme …

Douglas Murray : Oubliez le mot « parfois » : « toujours » est celui que vous recherchez. Mr Corbyn voudrait nous faire croire que, ayant passé sa vie à patauger dans les égouts, il n’a jamais remarqué la puanteur. Je n’y crois pas. Que l’homme qui a passé sa vie à absoudre les islamistes ait toujours couvert les pires antisémites … ce doit être une pure coïncidence. Non, Mr Corbyn constitue un vrai problème. Le fait que, en 2018, nous ayons un Parti travailliste taraudé par l’antisémitisme devrait être une source de profonde honte nationale.

Le Figaro Magazine : Selon vous, la montée de l’islamisme est la conséquence de la faillite des politiques migratoires européennes. La majorité des immigrants ne réussissent-ils pas à s’intégrer ? C’est ce que tendrait à prouver l’élection de Sadiq Khan comme maire de Londres …

Douglas Murray : Je suis fier que Londres puisse élire quelqu’un comme Sadiq Khan. Il n’est pas un maire particulièrement compétent, mais il aide à démontrer que la discrimination mise en avant par les communautés musulmanes est un mensonge raconté par de mauvais acteurs. En ce qui concerne l’intégration au sens large, cela dépend de l’endroit où vous regardez. Dans certains quartiers du centre de Paris et de Londres, tout peut sembler fonctionner. Mais, si l’on va juste un peu plus loin, à Saint-Denis ou à Tower Hamlets, c’est objectivement un désastre.

Le Figaro Magazine : La vague d’attentats qui a frappé l’Angleterre en 2017 n’a-t-elle pas sonné le réveil de la classe politique ?

Attentat de London Bridge

Douglas Murray : J’ai abandonné cet espoir. Après les attentats du London Bridge, l’année dernière, Theresa May a dit « trop, c’est trop », mais cela ne voulait rien dire. Qu’a-t-elle fait depuis ? Ils se contentent tous de vagues dispositifs bureaucratiques pour résoudre un problème bien plus profond. Sur la base de critères purement juridiques, au moins l’un des attaquants du London Bridge n’aurait jamais dû se trouver au Royaume-Uni. Le kamikaze du Manchester Arena n’aurait jamais dû se trouver au Royaume-Uni. Le jeune homme qui a déposé une bombe dans de métro de Londres en septembre dernier n’aurait jamais dû se trouver au Royaume-Uni. On aurait pu penser que ces questions auraient fait partie des sujets à traiter. Mais non. Une autre attaque se produit et les politiciens disent : « Les entreprises de technologie doivent faire plus pour détecter les contenus extrémistes en ligne. » Il s’agit là d’une question importante, à coup sûr, mais cela signifie qu’il y a des aspects du problème terroriste qui peuvent être abordés et des questions beaucoup plus vastes auxquelles il ne faut même pas faire allusion. Nos société ont toujours eu des problèmes de sécurité.

Mais le terrorisme islamiste est un problème importé, et importé sous la responsabilité directe de nos politiciens.

Le Figaro Magazine : Vous écrivez que l’opinion publique a très bien compris que « ce qui se cache derrière le terrorisme est une menace encore plus grande ». Qu’entendez-vous par là ?

Douglas Murray : La question centrale à laquelle nous devons penser est la suivante : à qui s’adresse l’Europe ? Est-ce une maison potentielle pour le monde entier ? Ou simplement pour celui qui y fait sa vie ? Si oui, où est la maison des peuples d’Europe ? Nous avons glissé vers une conception étrange, où nous supposons que le reste du monde restera le reste du monde, mais où l’Europe deviendra les Nations unies.

Cette manière de penser préside aux décisions de nos responsables, contre les souhaits constamment exprimés par les peuples européens.

A long terme, je pense que ce changement total, cette fragmentation, cette ghettoïsation de notre continent constituent une menace existentielle bien plus grande que le terrorisme.

Le Figaro Magazine : Vous adoptez un ton particulièrement véhément au sujet de la Suède, pourtant souvent citée en exemple. Pourquoi ?

Douglas Murray : Parce que, en dehors de l’Allemagne, aucun pays en Europe n’a accepté autant de migrants ces dernières années que la Suède. Et personne n’a autant de problèmes. Il n’y a rien à faire pour les Suédois. Plus personne n’a une classe politique aussi ridiculement timide, autocensurée et volontairement aveugle. J’ai fait le tour des banlieues et j’ai vu des quartiers désormais envahis par les crimes, les gangs, les viols et les attaques à la grenade. Presque tous les journalistes sont là pour suivre la ligne du parti et régurgiter les mêmes mensonges. Ils semblent penser que leur travail est de maintenir les mauvaises nouvelles le plus loin possible du public. Donc, comme en Allemagne, le public doit apprendre à lire les nouvelles selon un dispositif de décodage interne, comme on le faisait sous le communisme. Ainsi, lorsqu’un viol est signalé, par exemple, si le nom de l’agresseur n’est pas mentionné, tout le monde sait qu’il s’agit d’un migrant.

Le Figaro Magazine : Plus largement, vous expliquez la mort de l’Europe par une certaine forme de haine de soi …

Douglas Murray : Nous n’avons pas eu un beau XX ème siècle en Europe, et n’importe qui aurait besoin de temps pour s’en remettre. Personnellement, je suis pour une autocritique robuste, mais je descends du bus quand il est conduit par des gens qui veulent s’anéantir. J’aime l’Europe, et je pense que  nous sommes – tout bien considéré – très chanceux. Nous avons produit une culture exceptionnelle et des droits que le monde n’a jamais connus. On me demande parfois si je suis patriote. Selon moi, c’est une mauvaise question. Je ne pense pas aux choses en ces termes. Ce que je ressens, c’est de la gratitude. Je suis reconnaissant pour ce dont nous avons hérité et je sens que je dois le conserver et essayer de le transmettre.

Pourtant, des gouvernements aux universités et au-delà, nous sommes dirigés par des gens qui ne veulent pas transmettre ce qui est bon, mais le remplacer.

Le Figaro Magazine : Certains pensent que la renaissance de l’Europe passera nécessairement par un renouveau du christianisme. Mais l’Eglise est très favorable à l’accueil des migrants …

Douglas Murray : Il est certain que nous ne pourrons pas conserver ce que nous avons en nous querellant sur nos racines. Et prétendre que le christianisme n’est pas au coeur de ce qui fait de nous l’Europe, c’est faire preuve d’une terrible ignorance. Mais vous avez raison – le comportement de l’Eglise (et pas seulement l’Eglise de Rome, mais aussi les Eglises protestantes d’Europe du Nord) pendant toute cette crise a été très problématique. Certains (en particulier les Eglises protestantes) ont globalement remplacé la croyance en Dieu par la croyance en un activisme social d’extrême gauche. Le pape a une position qui est insoutenable.

Pourtant, je comprends pourquoi il le dit. Et peut-être qu’il remplit l’un des rôles de l’Eglise en le disant. Mais il doit être contredit par les responsables politiques et d’autres, qui doivent dire très clairement : « Nous souhaitons sauver le monde entier. Mais le fait est que nous ne pouvons pas. Et, si nous continuons, non seulement nous ne sauverons jamais Mogadiscio, mais nous pourrions commencer à lui ressembler. »

Le Figaro Magazine : Diriez-vous que les « populismes » vont aggraver la situation ou, au contraire, qu’ils font partie de la solution ?

Douglas Murray : Les courants politiques dominants continueront à souffrir jusqu’à ce qu’ils s’attaquent enfin aux préoccupations légitimes des peuples européens. Si la classe politique ne répond pas aux préoccupations des peuples, les extrémistes finiront par l’emporter. Comment un citoyen européen peut-il exprimer ses inquiétudes quant à la direction que prend sa société ? Quelle que soit sa manière, et surtout s’il n’a pas un doctorat, on le traitera de raciste et de xénophobe. Et, s’il vote pour le « mauvais » parti, il sera rejeté comme « populiste ». Pourtant, le vrai problème est clair : 

plusieurs générations de dirigeants politiques ont fondamentalement modifié nos sociétés sans le consentement et même contre le souhait des peuples.

N’est-il pas temps de commencer à y faire face et à y remédier plutôt que d’inventer de nouvelles façons d’insulter le peuple ? 

Le Figaro Magazine : Que révèle la troisième victoire consécutive d’Orban ?

Douglas Murray : Beaucoup de gens critiquent Viktor Orban. Pourtant, la question est très simple : qui avait raison en 2015 ? Orban ou Merkel ? Cette dernière a été punie par son électorat et a maintenant l’AfD comme principal parti d’opposition. Le refus d’Orban de souscrire à l’effondrement des frontières européennes et à la suspension de toutes les règles migratoires était, entre autres, le reflet des souhaits de l’immense majorité du peuple hongrois.

C’est une arrogance extraordinaire que les politiciens et les commentateurs à travers l’Europe se permettent de réprimander Orban, lui qui fait la volonté de son peuple.

J’ai vu il y a quelques semaines une photo de lui en train de lire l’édition hongroise de mon livre. On m’a dit que cela pourrait dissuader votre Président de lire l’édition française. J ‘espère que non !

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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