Pourquoi il faut autoriser l’utilisation de la chloroquine

Publié par le 16 Avr, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Pourquoi il faut autoriser l’utilisation de la chloroquine

« La chloroquine ? Ça ne marche pas ! »

C’est ce que le médecin hospitalier a sèchement répondu à un ami très proche qui vient d’être hospitalisé après avoir été détecté positif au coronavirus. Fin de la discussion !

Mon ami se trouve pourtant à un stade peu avancé de la maladie, moment optimum, selon le professeur Raoult,  pour bénéficier des bienfaits de la chloroquine !

Je relaye ce matin le témoignage, paru dans Les Echos, de Raphaël Douady, mathématicien et chercheur au CNRS basé à New York. Comme vous pourrez en juger, c’est le témoignage d’un scientifique qui ne puise pas ses arguments dans des généralités méthodologiques mais dans la statistique … et le bon sens :

Pourquoi il faut autoriser le traitement du professeur Raoult

 

Pour Raphaël Douady, la probabilité de propagation de l’épidémie dans la population et les risques de mortalité qui y sont liés, sont sans commune mesure avec le risque d’apparition d’effets secondaires liés à la prise d’hydroxychloroquine. La perte de chance subie en l’absence de ce médicament plaide donc selon lui en faveur d’une autorisation sans délai du traitement proposé par le Pr. Raoult.

La statistique et le bon sens imposent de donner le feu vert au plus vite au traitement du professeur Raoult.

Le premier argument en faveur d’un traitement immédiat et systématique des patients présentant un risque de développer une forme sévère de détresse respiratoire, sans attendre que ce soit le cas, est l’asymétrie. D’un côté, une situation potentiellement explosive : des personnes infectées en contaminent d’autres, de sorte qu’à partir d’un petit nombre de personnes atteintes par le virus, un très grand nombre de personnes peuvent être contaminées. De l’autre côté, même en admettant un risque mal estimé d’accidents du traitement, aucun risque de contamination : un accident de traitement n’en provoque pas chez le voisin.

En statistiques, ces situations ont un nom. D’un côté, une incertitude incontrôlée, à « queues de distribution épaisses » : l’incertitude, à partir d’une centaine de cas observés peut potentiellement devenir millions. De l’autre côté, une incertitude contrôlée, « à queues de distribution fine » : le pourcentage d’accidents peut, peut-être, doubler, mais ne va pas se multiplier indéfiniment. Dans ce type de situation asymétrique, le principe de précaution place la charge de la preuve du côté qui porte le risque incontrôlé.

Science pleine d’incertitude

En d’autres termes, le principe de base de l’éthique de la prise de décision scientifique en situation d’incertitude asymétrique dit que ce n’est pas au professeur Raoult de démontrer l’efficacité de son traitement, dès lors que certaines indications convergentes laissent penser qu’il fonctionne, mais au contraire, à ceux qui le refusent de démontrer qu’il présente plus de dangers que l’absence de traitement . On commence par traiter puis, en cas de gros problèmes, on fait marche arrière. Le risque de cette approche est infiniment moins grand que celui de l’approche inverse.

Le second argument, souligné par le professeur Raoult, est la valeur des observations in vitro. La statistique est une science pleine … d’incertitude ! Elle ne fournira jamais de preuve formelle, au sens mathématique, mais seulement des indications, du type « telle hypothèse n’est pas impossible, mais très improbable ». L’étude d’un système complexe, en médecine ou ailleurs, demande toujours une compréhension des mécanismes à l’oeuvre. Le fait d’avoir observé sur quelques cas la disparition de la charge virale et d’avoir une explication pour cela suffit largement comme indication que le traitement « fait sens » pour renverser la charge de la preuve.

Risque de contamination

L’interdiction faite aux médecins de ville de prescrire des médicaments qui ont été largement utilisés, sans ordonnance, pendant des années, laisse perplexe.

L’hydroxychloroquine est consommée par des centaines de millions de personnes confrontées à la malaria. L’azithromycine est un antibiotique des plus classiques et le complément de zinc se trouve en parapharmacie. Cette interdiction ne repose sur aucune base rationnelle. Le risque d’automédication est bien connu , maîtrisé par la nécessité d’une ordonnance établie par un généraliste et par un rappel aux pharmaciens sur les conditions de délivrance du produit. D’autant qu’avec le risque de contamination à l’hôpital, il vaut mieux que les malades restent chez eux avec suivi approprié, avec hospitalisation en cas d’urgence seulement.

Les mesures à prendre d’urgence sont donc : autorisation du traitement du professeur Raoult, ainsi que de tout autre traitement ayant montré des résultats encourageants, – sans attendre que des tests complets les confirment, avec révision seulement en cas de problèmes majeurs, et non l’inverse -, production massive de masques de protection pour toute la population, production massive d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, test systématique de toute personne suspecte.

Le risque d’erreur a des conséquences bien moins graves que l’absence de tests.

Raphaël Douady pour Les Echos.

Merci de tweeter cet article :





Répondre à Anonyme Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *