Pourquoi l’apocalypse n’aura pas lieu (2/2)

Publié par le 3 Nov, 2021 dans Blog | 2 commentaires

Pourquoi l’apocalypse n’aura pas lieu (2/2)

Voici la suite et la fin de l’article présentant l’ouvrage de Michael Shellenberger, Apocalypse Zéro qui remet les pendules de l’écologie punitive dans plusieurs domaines :

Des usines, des usines et encore des usines !

En Ouganda, j’ai eu une conversation avec une femme d’âge moyen qui travaillait à notre écolodge, où nous
sommes allés observer des gorilles une seconde fois. Le lui ai dit que seulement deux Américains sur cent travaillent dans l’agriculture – alors que deux Ougandais sur trois sont agriculteurs.

« Comment pouvez-vous faire pousser suffisamment de nourriture ? » m’a t-elle demandé.

« Avec de très grosses machines », ai-je répondu. […]

S’il est vrai que quelques pays riches en pétrole comme l’Arabie saoudite ont atteint un niveau de vie très élevé sans s’être jamais industrialisés, presque tous les autres pays développés du monde, Grande-Bretagne, États-Unis, Japon, Corée du Sud et Chine, ont transformé leur économie en misant sur l’industrie. […]

Aujourd’hui, les économistes soulignent trois raisons pour lesquelles le système manufacturier, par opposition à d’autres secteurs de l’économie, a permis aux pays pauvres de devenir riches.

D’abord, les pays pauvres peuvent devenir aussi efficients que les pays riches dans la fabrication certains produits, et même les surpasser. […] Ensuite, les produits fabriqués en usine sont faciles à exporter. Cela permet aux pays en développement de fabriquer des produits qu’ils n’ont pas encore les moyens d’acheter, et d’acheter des objets qu’ils ne sont pas encore capables de fabriquer eux-mêmes. Même quand d’autres secteurs économiques sont dysfonctionnels en raison de niveaux élevés de corruption dans l’administration ou pour d’autres motifs, l’histoire montre que les usines peuvent continuer à être productives et, de fait, stimuler la croissance économique.

Enfin, les usines requièrent une abondante main-d’œuvre, ce qui leur permet d’absorber un grand nombre
de petits paysans non qualifiés. […] Contrairement à ce que, avec d’autres, j’ai longtemps cru, les effets positifs de l’industrie textile l’emportent sur les effets négatifs. Nous devrions donc ressentir de la fierté, non de la culpabilité, lorsque nous achetons des produits fabriqués par des personnes comme Suparti [une ouvrière indonésienne que l’auteur a rencontrée, NDLR].

À manger pour tous – même de la viande !

La superficie totale des terres dévolues par l’humanité à la production de viande a culminé en 2000. Depuis lors, selon la FAO, les terres dédiées à l’élevage sur l’ensemble de la planète ont reculé d’environ 1 400 000 kilomètres carrés, une superficie qui représente 80 % de l’Alaska [ou près de deux fois et demie la France métropolitaine, NDLR]. Tout ceci s’est produit sans révolution végétarienne. Aujourd’hui, seuls 2 à 4 % des Américains sont végétariens ou végétaliens. […]

Cela est dû en partie à la substitution du poulet au bœuf. Un gramme de protéines de bœuf nécessite deux fois plus d’énergie sous forme d’aliments pour animaux qu’un gramme de porc, et huit fois plus qu’un gramme de poulet. Mais c’est surtout dû à l’efficacité. Entre 1925, date à laquelle les États-Unis ont commencé à produire
des poulets en intérieur, et 2017, les éleveurs ont réduit de plus de moitié le temps d’alimentation tout en faisant plus que doubler le poids des poulets.

La production de viande a pratiquement doublé aux États-Unis depuis le début des années 1960, et pourtant les émissions de gaz à effet de serre dues au bétail ont baissé de 11 % durant la même période. […]

Les pays pauvres comme le Congo ont absolument besoin de fournir davantage de protéines à leur peuple et d’augmenter la productivité de leurs élevages afin d’alléger la pression qui s’exerce sur les habitats des espèces
menacées. […] La production de viande la plus performante en Amérique du Nord nécessite vingt fois moins de terres que la production de viande la plus performante d’Afrique. Remplacer le gibier par des viandes modernes comme le poulet, le porc et le bœuf nécessiterait moins de 1 % du total des terres agricoles de la planète.

Vraie et fausse lumière

En Ouganda, Helen et moi avons séjourné dans un écogîte équipé de panneaux solaires et de batteries. Mais après une seule journée de temps nuageux, nous avions épuisé les batteries du gîte en chargeant nos ordinateurs portables, appareils photo, téléphones portables et autres appareils. Quand nous avons dit au gérant du lodge que nous avions besoin de plus d’électricité, il a fait ce que font les petites entreprises en Afrique subsaharienne, il a allumé un générateur au diesel. […]

Considérez le projet de stockage électrique le plus célèbre de Tesla, un centre de batteries au lithium installé en Australie, capable de délivrer 129 mégawatt-heures. Il fournit suffisamment d’énergie de secours pour alimenter 7500 foyers pendant quatre heures. Mais il y a neuf millions de foyers en Australie, et 8 760 heures dans une année. L’un des plus grands centres de stockage de batteries au lithium au monde se trouve à
Escondido en Californie. Mais il ne peut stocker assez d’énergie que pour environ 24 000 foyers américains pendant quatre heures. Il y a environ 134 millions de foyers aux Etats-Unis. Pour alimenter l’ensemble des logements, entreprises et usines américaines en électricité pendant quatre heures, nous
aurions besoin de 15 900 centres de stockage d’une taille comparable à celui d’Escondido pour un coût de 894 milliards de dollars ! […]

Un village indien a fait la une des journaux du monde entier après sa révolte contre les panneaux solaires et la batterie à « micro-réseau » que Greenpeace avait créé comme modèle supposé de saut technologique pour les
populations les plus pauvres du monde. L’électricité, peu fiable, était coûteuse. « Nous voulons de la vraie électricité, ont scandé des villageois à un politicien de l’Etat, pas de la fausse ! »

Green is so chic !

Fin juillet 2019, Google avait rassemblé en Sicile des célébrités et des militants pour le climat afin de discuter des modalités concrètes de leur soutien à la cause. […] Cette réunion sicilienne s’est tenue au Verdura, un complexe cinq étoiles plus vaste que la principauté de Monaco, abritant six courts de tennis, trois terrains de golf, quatre piscines et un terrain de football. Malgré cet hébergement dans un domaine de très grand luxe, de nombreux participants ont préféré séjourner sur des superyachts amarrés au large, d’où ils étaient acheminés en Maserati sur le lieu de l’évènement. Le premier soir, quarante jets privés avaient atterri sur le domaine […].

Comme l’avait déclaré une personne présente, au Sun, un tabloïd britannique, « ils ne semblent tout simplement pas conscients des énormes quantités de combustibles fossiles qu’ils brûlent. Ils débarquent avec des entourages inutiles dans des hélicoptères ou des voitures rapides, puis font des prêches pour sauver le monde. […] Le problème n’était pas que les célébrités affichaient leur mode de vie très énergivore. Le problème était qu’ils faisaient la morale à des gens qui l’étaient très peu.

La catastrophe médiatique

Les médias d’information méritent également d’être blâmés pour avoir présenté faussement l’évolution climatique et d’autres problèmes environnementaux comme apocalyptiques, et pour ne pas les avoir replacés dans leur contexte mondial, historique et économique. Les entreprises médiatiques de premier plan exagèrent le changement climatique au moins depuis les années 1980. Et […] des publications de haut niveau comme le New York Times et le New Yorker ressassent sans la moindre distance critique une doctrine malthusienne réfutée depuis plus d’un demi-siècle.

Mais c’est dans ce que ne disent pas ou du moins pas clairement leurs résumés et communiqués de presse que le Giec et d’autres organismes scientifiques sont les plus trompeurs.

Ils ne disent pas clairement que le nombre de morts liés aux catastrophes naturelles a considérablement diminué et devrait encore décliner avec une adaptation continue. Ils ne disent pas clairement que l’accumulation de bois de chauffage et la construction d’habitations à proximité des zones boisées comptent plus que le changement climatique pour déterminer la gravité et l’impact des incendies dans bien des nombreuses régions du globe. Et ils ne disent pas clairement que les engrais, les tracteurs et l’irrigation importent plus que le changement climatique pour déterminer les rendements des cultures. […]

Alors que je peux partager la tristesse et la solitude qui sont derrière la colère et la peur du changement climatique, de la déforestation et de l’extinction des espèces, je constate que cette vision est erronée, basée sur des angoisses sans fondement, des idéologies déresponsabilisantes et des déformations de la réalité. […] L’image promue par les écologistes apocalyptiques est inexacte et déshumanisante : les humains ne sont pas en train de détruire la nature à force d’irréflexion. […]

Les médias d’information, les rédacteurs en chef et les journalistes pourraient se demander si leur exploitation
constamment sensationnaliste des problèmes environnementaux est cohérente avec leur engagement professionnel d’équité et d’exactitude, tout comme avec leur engagement personnel d’exercer une influence positive dans le monde. Même si je suis sceptique sur le fait que des écolos déguisés en journalistes soient susceptibles de changer leur façon de faire leur travail, j’ai bon espoir que la concurrence extérieure aux médias traditionnels, rendue possible par les médias sociaux, insufflera une nouvelle compétitivité dans ce journalisme écologiste et en rehaussera les normes.

En guise de conclusion …

Je crois que si les spécialistes de l’environnement, les journalistes et les militants passaient plus de temps à discuter avec les gens qui vivent en Indonésie ou au Congo de leur combat quotidien, ils seraient moins prompts à s’obnubiler sur la fin du monde, et moins enclins à paniquer devant chaque nouveau problème environnemental.

Extraits sélectionnés par Mickaël Fonton pour Valeurs actuelles.

Merci de tweeter cet article :





2 Réponses à “Pourquoi l’apocalypse n’aura pas lieu (2/2)”

  1. Pendant ce temps là : « Plus de 400 jets privés ont transporté des milliers d’invités spéciaux, leur personnel et leur entourage à Glasgow. Ensemble, ils sont responsables d’une énorme quantité de pollution par le CO2, supérieure aux émissions annuelles totales de l’ensemble de l’Écosse. C’est la conclusion accablante du journal écossais Sunday Mail. »

  2. Un ex directeur du groupe greenpeace, avait dit que tous les rapports ecolos etaient falsifiés, orientés, faux, ou non prouvés…

    Des milliers de scientifique on signé un pacte pour denoncer ces rapports falsifiés, et les merdias evidement a la botte des manipulateurs, n’ont pas informés les citoyens de ce qu’en pensent ces scientifiques.

    Un stage de citoyenneté devrait etre offert a tous ces journalistes pseudo bien pensant, ainsi qu’aux politiciens pseudo bien pensant.

Répondre à pseudo49 Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *