PPE3 : Les Républicains ont perdu leur gaullisme !

Publié par le 8 Juil, 2025 dans Blog | 1 commentaire

PPE3 : Les Républicains ont perdu leur gaullisme !

Après ces deux précédents articles :

Agnès Pannier-Runaché : technocrate macroniste type

La pétaudière LR

je reviens une nouvelle fois sur l’affaire de la Programmation Annuelle de l’Energie (PPE3). Mais les 300 milliards d’euros qu’elle coûterait, et la défiguration de nos paysages par des forêts d’éolienne sont en jeu.

Le débat fait rage, aussi bien au sein du gouvernement où le ministre de l’intérieur se fait traiter  de « populiste » par la ministre de la Transition écologique et recadré par le président de la République, que dans les rangs des Républicains où députés et sénateurs tiennent des positions différentes.

Je verse au dossier cet interview du spécialiste de l’énergie Fabien Bouglé par The Epoch Times. Fabien Bouglé y juge très sévèrement l’incohérence des Républicains dans cette affaire si importante et pointe la situation périlleuse de Bruno Retailleau :

Sur un sujet aussi important que l’énergie, les LR sont incapables de s’entendre pour fixer une ligne claire »

Alors que le décret sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) pourrait être publié d’ici le mois de novembre, la loi de programmation énergétique Gremillet, après avoir été rejetée par l’Assemblée nationale le 24 juin et adoptée le 1er juillet par la commission des Affaires économiques du Sénat, sera examinée en séance publique au Sénat à partir du mardi 8 juillet. Le texte sénatorial vise notamment à réinscrire les choix énergétiques dans la loi afin de fixer les lignes directrices du décret qui lui est promulgué par le ministère de l’Énergie. En même temps, le gouvernement se divise sur la politique énergétique à mener.

La tribune publiée le 2 juillet dans Le Figaro par Bruno Retailleau, François-Xavier Bellamy et Julien Aubert dans laquelle ils appellent à « rebâtir un parc nucléaire et stopper le financement des renouvelables » a provoqué de vives réactions, notamment celle de la ministre de la Transition écologique Agnès-Pannier Runacher.

Fabien Bouglé est expert en politique énergétique et auteur de nombreux ouvrages, en dernier lieu Guerre de l’énergie : au cœur du nouveau conflit mondial (Éditions du Rocher, 2023). Il regrette que la proposition de loi Gremillet reprenne globalement l’esprit de la PPE3. Et au-delà de la fracture au sein du gouvernement, l’auteur de Éoliennes : la face noire de la Transition écologique (Éditions du Rocher, 2019) déplore surtout l’incapacité des Républicains (LR) eux-mêmes à s’entendre pour fixer un cap clair sur la question centrale de l’énergie.

The Epoch Times : Fabien Bouglé, soutenez-vous cette proposition de loi Gremillet ? Le texte est favorable au nucléaire et la commission des Affaires économiques du Sénat a supprimé les objectifs de développement de l’éolien et du solaire.

Fabien Bouglé : Il faut d’abord noter que cette proposition de loi est intervenue au bon moment pour le gouvernement. Il n’avait pas été en mesure de promulguer en avril, en raison de notre mobilisation, la troisième Programmation pluriannuelle de l’énergie qui, je le rappelle, allait coûter à peu près 300 milliards d’euros aux Français et prévoyait de multiplier par cinquante les éoliennes en mer, par deux les éoliennes terrestres et par quatre les panneaux solaires.

Par conséquent, il a préféré créer un débat parlementaire et a repris à son compte cette proposition de loi sénatoriale présentée par le sénateur républicain Gremillet.

Malheureusement, ce texte n’est pas parfait. Même s’il est en train d’évoluer et que des amendements vont être déposés, il reste dans le « en même temps » puisqu’il entend relancer le nucléaire et déployer toujours plus d’énergies intermittentes.

En l’état, cette proposition de loi ne me convient donc pas.

The Epoch Times : Ce texte ne corrige donc pas d’une certaine manière la PPE3 ?

Fabien Bouglé : Non. C’est une proposition de loi qui a été en partie dictée par les exploitants éoliens et qui reprend globalement l’esprit de la PPE3, elle-même rédigée par la Direction générale de l’énergie et du climat.

En tout état de cause, la filière éolienne et celle des panneaux solaires ont tout intérêt à voir promulguée la Programmation pluriannuelle de l’énergie au plus vite pour permettre le lancement des appels d’offres des nouvelles installations. À défaut, nous assistons d’une certaine manière, avec le débat en cours, à un moratoire de fait sur les énergies intermittentes.

The Epoch Times : Penchons-nous désormais sur les tensions apparues au sein du gouvernement sur la question énergétique. À la suite d’une tribune publiée dans Le Figaro dans laquelle Bruno Retailleau, Julien Aubert et François-Xavier Bellamy appellent à « mettre fin aux subventions publiques » en faveur des énergies renouvelables, Agnès Pannier-Runacher a fustigé le « populisme » du président des Républicains. Quelle est votre analyse ?

Fabien Bouglé : Cette tribune a été publiée à la suite d’une alerte que j’ai émise sur CNews la semaine dernière dans l’émission de Pascal Praud à propos de la duplicité de LR sur la question énergétique.

Des personnalités plutôt hostiles aux énergies intermittentes telles que Bruno Retailleau, Julien Aubert et François Xavier Bellamy, vont se retrouver à travailler avec le maire de Maux et avocat Jean-François Copé et le député de la Loire Antoine Vermorel-Marques, connus pour leurs positions pro-éoliennes. C’est une situation paradoxale dans un parti politique se réclamant du gaullisme !

Ensuite, cette même tribune a provoqué une réaction en chaîne, notamment des tensions chez les Républicains, au Sénat avec le sénateur Gremillet, puis au sein-même du gouvernement comme vous l’avez rappelé. Cette séquence a d’ailleurs fait réagir le président de la République. Bruno Retailleau doit donc faire face à trois fronts. C’est une situation inédite tout à fait passionnante. Je me réjouis que la question énergétique redevienne un sujet politique de la première importance.

The Epoch Times : Pour vous, les Républicains ne sont donc pas cohérents sur la question de l’énergie ?

Fabien Bouglé : Ils ont montré que sur un sujet aussi important que celui de l’énergie, ils étaient incapables de fixer une ligne claire. Un parti qui comme LR se veut être l’héritier du gaullisme, ne peut se permettre de tergiverser sur la question de l’énergie.

Il faut rappeler que le général de Gaulle, en créant le Commissariat à l’Énergie Atomique, a placé la France dans le peloton de tête mondiale du nucléaire civil et militaire. Le remettre en cause en soutenant les énergies intermittentes éoliennes et solaires, c’est remettre en cause un des piliers fondateurs du gaullisme politique. Soutenir les éoliennes, c’est bien être contre le gaullisme.

Par ailleurs, cet épisode a également démontré la faiblesse du chef du gouvernement, incapable de rappeler à l’ordre ses ministres qui s’écharpent publiquement.

The Epoch Times : Bruno Retailleau risque-t-il, selon vous, de payer cher ces divisions lors des prochaines échéances électorales ?

Fabien Bouglé : Tout cela va dépendre de l’évolution de la proposition de loi Gremillet. Nous y verrons plus clair dès mardi prochain.

Pour l’heure, il est évident que cette séquence politique n’est pas bonne pour le potentiel candidat Retailleau à l’élection présidentielle. Il ne pourra pas faire l’impasse sur la clarification idéologique du parti dont il est le chef depuis maintenant presque deux mois.

En outre, un vote au Sénat qui n’irait pas dans le sens de la tribune qu’il a publiée dans Le Figaro aurait d’énormes conséquences politiques dans la mesure où ce sont les Républicains du Sénat qui soutiennent cette loi Gremillet. Quelle serait la crédibilité d’un chef de parti qui n’est pas suivi par ses troupes au Sénat ?

Propos recueillis par Julian Herrero pour The Epoch Times.

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Une réponse à “PPE3 : Les Républicains ont perdu leur gaullisme !”

  1. On sait qu’un Khmer vert arrive assez vite à la reductio ad hitlerum de son contradicteur, après l’avoir traité de « climatosceptique », pour commencer, puis de « populiste » ( c’est ce qui arrive, en ce moment, au vaillant Alexandre Jardin..) avant de le terrasser en l’installant à la droite d’Hitler..

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