Retailleau élu triomphalement ! Et maintenant ?

Publié par le 19 Mai, 2025 dans Blog | 0 commentaire

Retailleau élu triomphalement ! Et maintenant ?

On dit la droite en mort cérébrale, mais elle respire encore et l’élection du président des Républicains devrait redonner un peu d’espoir au peuple de droite.

Proclamer « la droite est de retour » serait irréaliste mais je relève des points très positifs dans cette élection.

D’abord, faisant oublier un passé douloureux pour les Républicains, cette élection s’est déroulée de façon apaisée, sans cette guerre des chefs tant redoutée.

La nouveauté venait des positions droitières des deux candidats qui entérinent la fin, qu’on espère définitive, de l’aile centriste qui imposait toujours un politiquement correct toxique.

Cette droitisation des Républicains, qui ne fait qu’accompagner, avec beaucoup de retard, celle des Français, s’est illustrée par les positions des deux candidats mais s’est surtout concrétisée par l’ouverture proposée par Laurent Wauquier vers des personnalités comme Sarah Knafo et Philippe de Villiers.

L’avenir montrera si Bruno Retailleau est sur le même position, car sans union des droites patriotes, c’est encore un centriste mou qui emportera la mise.

En tout cas, le ministre de l’intérieur voit sa position confortée. Il va pouvoir rester dans le gouvernement où il pourra défendre avec plus de fermeté une politique de droite.

L’aile gauche de la Macronie a déjà demandé sa démission mais François Bayrou a trop besoin de LR pour céder à son injonction.

Bien sûr, la sortie du gouvernement de Bruno Retailleau est une question de mois car si Macron l’empêche d’avancer sur le problème de l’immigration et sur la libération de Boualem Sansal, la rupture sera obligatoire.

Des bruits courent d’une future alliance entre Edouard Philippe et Bruno Retailleau car Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, manœuvreraient dans ce sens en coulisse. Je ne crois pas que Bruno Retailleau soit sur cette ligne qui signerait la fin des espoirs de la vraie droite.

Voici un article de l’IREF qui croit dans une autre alliance, celle de Bruno Retailleau et du maire de Cannes, David Lisnard, qui jetterait un pont entre conservatisme et libéralisme :

Retailleau et Lisnard, le pari gagnant, conservateur et libéral

Bruno Retailleau a emporté la présidence de LR avec le soutien de nombre de personnalités du parti. Mais le concours le plus marquant a sans doute été celui de David Lisnard. Ce dernier est un libéral affirmé dont l’IREF a déjà dressé le portrait. Bruno Retailleau se définit pour sa part comme conservateur et libéral :

Le libéralisme authentique ne va pas sans un conservatisme assumé.

Certes, Hayek considérait qu’il y avait du danger :

dans cette situation confuse qui mène les défenseurs de la liberté et les vrais conservateurs à se regrouper pour s’opposer ensemble aux orientations qui menacent au même degré leurs idéaux divergents.

Le conservatisme obscurantiste et le libéralisme libertaire ne sont pas compatibles. Mais une alliance du libéralisme classique et d’un conservatisme renouvelé (cf. Roger Scruton par exemple) paraît aujourd’hui possible et souhaitable en France pour redessiner une politique crédible et fertile.

Des divergences existent entre des conservateurs attachés à une certaine grandeur de l’Etat et les libéraux qui observent avec lord Acton que le bateau est fait pour ses passagers et non pour son équipage. Ceux-là ont volontiers une vision organique de la société, selon laquelle le gouvernement serait à la nation comme le père l’est à sa famille, ce qui les entraîne à vouloir que le pouvoir politique soit bon autant que juste, quand ceux-ci réservent la bonté, avec la charité, à l’ordre privé et exigent de l’Etat qu’il soit juste, c’est-à-dire selon l’ancienne définition qu’il rende à chacun le sien, plutôt que bon.

Des convictions partagées

Libéraux et conservateurs ont néanmoins entre eux plus de convictions à partager que de querelles à entretenir. Les conservateurs, de Chateaubriand à Gustave Thibon, et les libéraux, de Locke et Smith à Turgot, Bastiat et tant d’autres, ont des proximités que d’autres auteurs comme Burke, Montalembert ou Tocqueville ont cultivées.

Ensemble, conservateurs et libéraux conviennent qu’il existe une nature humaine, imparfaite mais singulière et ayant vocation à se parfaire. Ils respectent chaque personne comme une fin et jamais comme un moyen. Ils croient que la civilisation n’est pas le fruit d’un plan de l’histoire, mais celui de la volonté et de l’intelligence des hommes. Ils ne sont pas relativistes, mais une certaine sagesse de l’incertitude les incite à la tolérance. Ensemble ils se méfient de la raison lorsqu’elle se veut exclusive, et des promesses de lendemains qui chantent dont l’enfer est pavé. Ils défendent l’égalité en droit mais savent les méfaits de tout nivellement par le bas. Ils redoutent une Europe impériale qui voudrait se substituer à la pluralité des nations. Ils veulent de l’ordre pour que s’expriment les libertés. Ils respectent et enrichissent les savoirs et traditions qui permettent à chaque génération de grandir comme des nains montés sur les épaules des géants qui les ont précédés.

Ils savent que la liberté des échanges a sorti le monde de la misère et que pour qu’un pays prospère il faut, écrit Bruno Retailleau, libérer les énergies et l’innovation, redonner aux Français les moyens de réussir, ce qui passe « par une économie libérée des blocages, un Etat qui économise plus et dépense moins, une éducation plus exigeante… ».

Enfin, ils considèrent qu’aucun étranger n’a un droit « à » entrer sur notre territoire sauf à y acquérir par lui-même les moyens d’y vivre et à y respecter l’intégralité de nos droits et obligations.

Le libéralisme conservateur est une éthique

Ils ne défendent pas la liberté pour elle-même, mais comme l’instrument nécessaire au développement de notre humanité et le moyen indispensable à la recherche inépuisable de la vérité et à la découverte de nos propres fins. Cette liberté suppose que les individus en soient responsables. Et cette responsabilité est fortifiée par la propriété qu’ils peuvent acquérir pour récompenser leurs efforts et se protéger des incertitudes de la vie.

Liberté, responsabilité et propriété concourent au respect de la dignité humaine dans le respect de toute vie et de l’intégrité de tout être, sachant qu’il ne peut pas y avoir de respect d’autrui sans, d’abord, respect de soi.

C’est pourquoi aussi, libéraux et conservateurs sont attentifs à leur environnement naturel tout en étant persuadés, avec Aristote, que :

c’est nécessairement en vue de l’homme que la nature a fait tous les êtres vivants. [1]

et avec Julian Simon (The Ultimate Resource) que :

la plus grande richesse de l’homme, c’est l’homme.

Sortir de la servitude

Nous sommes asservis de toutes parts et la servitude elle-même nous rend serviles parce qu’elle annihile les volontés, dissout les ressources intérieures et obscurcit l’avenir, et donc l’espoir.

Il est donc urgent que libéraux et conservateurs s’unissent pour réagir, pour rendre à chacun la maîtrise de sa vie dans le choix de ses assurances médicales, des études de ses enfants, de sa retraite, de son logement …, pour sortir de cette spirale destructrice de l’Etat providence malade de son obésité. En rétablissant le sens des responsabilités et en en permettant le libre exercice, les libéraux conservateurs redonneraient confiance et courage à tous ceux qui sont las d’être empêchés d’entreprendre, d’éduquer, de travailler, d’investir, de s’exprimer. A tous ils restitueraient leur dignité qui repose d’abord sur l’estime de soi de celui qui a pu se réaliser en réalisant ses projets.

Il est encore temps de revenir à une société ouverte et subsidiaire, une société de confiance, protectrice des incapables autant qu’attentive à ce que chacun puisse librement exercer toutes ses capacités. Pour proposer une politique susceptible de réenchanter le monde, il faudra qu’en puisant dans les racines auxquelles les conservateurs sont légitimement attachés, les libéraux donnent les ailes de projets novateurs : retraite par capitalisation, salaire complet, liberté des écoles (bon scolaire), flat tax ….

Jean-Philippe Delsol pour l‘IREF.


(Voir mon ouvrage Libéral ou conservateur ? Pourquoi pas les deux, Les Belles Lettres/Manitoba, octobre 2024)

[1] Aristote, Politique, VIII, 1, Vrin, 1977, p.55.

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