Une droite trop BCBG ?

Publié par le 20 Sep, 2025 dans Blog | 1 commentaire

Une droite trop BCBG ?

C’est bien connu : la rue appartient à la gauche !

C’est sans doute un héritage de la Révolution française !

Je milite à droite depuis des décennies et je n’ai participé qu’à deux grandes manifestations sur la voie publique :

– La grande manifestation du 24 juin 1984 pour la défense de l’Ecole libre, menacée de mort par la loi Savary,

– Les marches de la « Manif pour tous » contre le mariage et l’adoption gay en 2013 (loi Taubira).

La première fut couronnée de succès puisque François Mitterrand retira la loi.

Manifestation pour l’Ecole libre du 24 juin 1984

Les secondes ne servirent à rien avec le passage en force de Hollande et Taubira !

Mais voila, à droite, on défile dans le calme, « en famille » et on ne casse pas le mobilier urbain, on ne brûle pas de voiture et on n’attaque pas les policiers !

Manif pour tous

Voici un article de Causeur qui pense aussi que la rue est à gauche :

La droite française est-elle trop bien élevée ?

Ma mission est de botter le cul aux collectivistes de merde.

On n’imagine guère François-Xavier Bellamy tenir pareil propos lors d’un meeting de son parti. François-Xavier Bellamy est très bien élevé, respectueux, pacifique, et nul ne songe évidemment à le lui reprocher. Il incarne parfaitement la droite traditionnelle, passée par les meilleurs lycées, ayant lu les meilleurs livres, s’étant agenouillée devant les plus beaux prie-dieu. Il fait honneur à ce qui nous distingue de la gauche.

Tax the rich !

Seulement, quelque chose est cassé dans le mécanisme de la droite française, comme si le socialisme avait fini par la dompter. Économiquement, elle ne se différencie plus du centre. Elle parvient encore à faire les louanges de l’entrepreneuriat et de la croissance, mais c’est toujours du bout des lèvres, pour esquiver la mortelle accusation d’être du côté des riches. Elle défend à peu près la culture classique et chrétienne, mais avec de faux airs grandioses qui sonnent creux comme des tombeaux. Jeanne d’Arc, de Gaulle, qui d’autre ? On a vite fait le tour de ses références sans substance. Une prudence d’écolière la pousse à préférer les citations convenues, glanées sur Google, au vrai charisme surgissant de l’improvisation. Elle ne dégoûte ni ne jouit. Elle barbe.

Elle tient ce caractère trop policé, ou ce manque de caractère, à plusieurs éléments constitutifs de sa nature profonde. Elle est aristocrate par naissance. Grandie dans la très-sainte horreur de la guillotine, elle est plus douée pour le menuet que pour la sensualité. Ses excellentes manières ne sont jamais tirées à suffisamment d’épingles pour son public le plus tradi, obsédé par la perfection raide des rites dominicaux. Son savoir-vivre tout en lodens et en barbours ne laisse jamais voir une courbe. Ses jeunes s’autorisent jeans et t-shirts, mais, sitôt trentenaires, ils rentrent dans le rang de l’entre-soi. Exemple éloquent : la droite française est un monde où, si l’on a le malheur de prononcer un mot d’anglais, langue honnie entre toutes, on se voit illico coller une amende par Radio Courtoisie. Désolé, mais ces gens sont chiants.

Snobinards

Son âme aristocratique – qui n’a d’aristocratique que l’adjectif, car les seigneurs d’antan tenaient certainement davantage de la gaudriole que de l’académisme – fait pencher notre droite du côté du snobisme. Faire peuple est vulgaire. Le paysan est bien sympathique, pourvu qu’il soit tenu à distance. Nous n’avons pas élevé les cochons ensemble. Être de droite peut vous amener à flatter le postérieur des bovidés lors des Salons, toutefois, le geste sera appuyé avec une telle ostentation que personne n’y croira. Dans la vraie vie, le paysan ne met pas de mains aux fesses de la Noiraude. Il la fait paître, la trait et la mange. Finalement, les vaches de Chirac sont plutôt à ses yeux d’amusantes métaphores de la gent féminine. Ce n’est pas que la droite n’aime pas la populace ni les pauvres, mais, comprenez-vous, le sans-culotte est de gauche et nous n’avons rien à faire avec cet olibrius. Sachons en toutes circonstances faire preuve de l’éloignement qui sied au bourgeois.

Pourtant, dit le proverbe, « les idées sont de gauche et le style de droite ». Mais cela était vrai jadis, lorsque Jean Dutourd écrivait au Figaro, lançant des formules aussi gratuites que définitives, se moquant bien de ce qu’allaient en penser les patrons ou les dames pipi. “L’exactitude est la politesse des montres”, souriait-il derrière sa moustache. La formule aurait pu être de Michel Audiard, autre genre d’impertinent de droite. Je vous parle là du temps où un chat était un chat, un con un con, et la liberté de ton chose guère négociable. De son style et de son insouciance, que reste-t-il à la droite aujourd’hui ? Autant l’admettre : rien. Je ne citerai pas de noms, puisqu’il faudrait tous les pointer du doigt. Que l’on me montre simplement un seul politicien de droite, un seul chroniqueur, un seul influenceur – comme ils se décrivent eux-mêmes, oubliant qu’ils sont admirés d’esprits infantiles, affreusement influençables -, une seule plume contemporaine de droite dont la forme égale celles des années soixante, sans même parler de celles des années quarante, et dont on conserve les meilleurs aphorismes tels des trésors. Philippe Muray nous a quittés et son cimetière est peuplé d’éléphanteaux dispensables, qui l’imitent mal en barrissant. Sans doute l’auteur de ces lignes n’est-il pas le dernier, du reste. Nul ne vaut mieux que son époque.

Peuple de droite

L’électorat n’est guère plus brillant. On n’apprendra à personne que la foule de droite est timide, angoissante à force d’être angoissée, quand elle n’est pas carrément couarde.

Il n’y pas loin du tiède au pisse-froid, et la prudence peut faire aisément passer pour stupide. Alain Besançon : « En France, le catholique rase les murs ». Il les rase si bien qu’il rase tout le monde. Un interview d’électeur de droite donne souvent des envies de cordes et de tabourets. « Je crois en la France qui est le plus beau pays du monde de mes ancêtres qui ont donné leurs vies pour que je sois libre de défendre mon identité et la transmettre à mes quatre enfants, Thérèse-Marie, Marie-Thérèse, Clovis et Charlemagne ». Allez-vous étonner, avec cela, que la droite n’ait plus accédé au second tour depuis maintenant treize ans, bientôt quinze. Les bénitiers, combien de divisions de grenouilles, quand il s’agit d’affronter le monstre le plus parfait de toute l’histoire de la politique, le socialisme ? 

On ne vainc pas le socialisme avec des gants beurre frais. On n’étripe pas vivante l’idéologie qui a accouché de Bakounine, Lénine, Staline, Trotsky, Mao, Castro, Guevara, Pol Pot, la dynastie Kim, Xi Jinping, et ses produits dérivés français, Thorez, Doriot, Mitterrand, Mauroy, Marchais, Hollande, Mélenchon, et on est très loin d’en voir le bout, si l’on s’interdit tout écart de langage : on ne casse pas la gueule à un alligator avec un fleuret moucheté.

De tous les socialismes apparus à la surface de la Terre, le français est un des plus coriaces. Menteur professionnel à l’instar de ses aînés, mais plus souple que la plupart, plus habile, patient, extraordinairement hypocrite, virus mutant autant de fois que nécessaire pour survivre, se reproduisant sous mille formes apparemment contradictoires, il doit être agressé au visage, directement, de face, jusqu’au sang de ses slogans, jusqu’à la moelle de ses croyances, et en l’appelant par son nom, socialisme, et non sous des appellations inventées à la hâte et qui se mordent la queue, tel le social-étatisme de Lisnard (où a-t-il vu qu’il existait un socialisme sans étatisme ?) ou le socialisme mental de Marion Maréchal (à quoi bon préciser, petite effrontée, puisque le socialisme est, fondamentalement, un trouble de l’intelligence !) L’idéologie socialiste est intégralement mauvaise et doit être dénoncée avec une détestation sans mélange, que l’on pimentera si l’on veut d’un soupçon de haine pamphlétaire, car on a le droit de torturer des idées et de les tuer plusieurs fois par jour, et d’y prendre un plaisir visible : il n’y a là jamais mort d’homme. Si l’assassin de Kirk s’était contenté de tirer sur ses idéaux à la mitrailleuse lourde, Kirk serait toujours en vie. Donc, bombardez le socialisme français, et qu’il n’en reste pas pierre sur pierre. Broyez-le. Insultez-le, injuriez-le, salissez-le, couvrez-le de toute la boue qu’il est, du moment que vous dites sur lui la vérité la plus pure. Une eau intarissable coulera sous les ponts avant que vous n’ayez dévoilé l’étendue de ses vices et de ses crimes. Lâchez-vous, que le sac des accusations soit enfin renversé sur sa tête de bureaucrate. Soyez irrespectueux par tous les nerfs de votre revanche.

Et, pour finir, venons-y : dites des gros mots. Guevara est-il une belle saloperie ? Oui. La science historique est formelle. Affirmez donc sans hésiter que le Che est une belle saloperie, criez-le s’il le faut, chantez-le et dansez, et ne laissez personne baisser le volume. Le mezza-voce de la droite française n’est plus tolérable. Notre galanterie a assez duré et elle explique trop de nos échecs. Vous défendez cent millions de morts, que diable ! Ils vous regardent. Ils comptent sur vous. Ils ont besoin d’une revanche verbale. C’est bien le moins que nous leur devons. Tant pis pour le bruit. Nous avons un droit imprescriptible au tapage : c’est notre tour. Et mettez-y de l’humour. Beaucoup. Trop ! Nous avons tant de retard. Effaçons un siècle de têtes d’enterrement.

Ce que veulent l’électeur de droite, le lecteur de droite, le quidam silencieux et propre sur lui – plus pour très longtemps -, c’est être épaulés, protégés, défendus et précédés par des gens grossiers et vulgaires qui leur ouvrent la voie. Je ressens le besoin que plus célèbre que moi dise à Sandrine Rousseau d’aller se faire voir. Finkielkraut se lance de temps en temps et c’est très agréable à observer, et il donne l’exemple. Quand Zemmour ose « C’est du foutage de gueule », cela fait du bien à la nation. Ça ouvre les fenêtres. On respire. La France sent moins le renfermé – et les intellectuels de gauche sont indisposés, ce qui est un excellent début. Piquez Piketty au vif. Mettez le camarade Jean-Luc en pétard : il n’est jamais mieux dénoncé que par ses hurlements. « Ma mission est de botter le cul aux collectivistes de merde. » Merci, Milei. Voilà comment nous aurions dû et devons apprendre à nous exprimer. Il est temps de nous munir d’un nouveau dictionnaire.

Le Christ nous ordonne de tendre la joue gauche. Tout honneur et toute gloire lui reviennent, et malheur à celui qui malmène un ami ou un frère. Cependant, nous avons des ennemis, ils veulent nous faire taire, nous ne méritons pas d’être ainsi réduits au silence, le réel nous appelle au secours, la plupart d’entre nous ne feraient pas de mal à une mouche, et certains emmerdeurs méritent de sérieux coups de pompe où je pense.

Pascal Avot pour Causeur.

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Une réponse à “Une droite trop BCBG ?”

  1. La Droite à parfaitement assimilé le postulat selon lequel la droite c’est le diable. Marine le Pen en tête

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