Arrêtons de nous excuser !

Publié par le 14 Oct, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Arrêtons de nous excuser !

« A le lire, on comprend que non seulement il n’y a pas lieu de s’excuser, ni de se sentir coupable, mais il y a aussi quelques motifs d’être fier.

Fier d’être français. Fier d’être européen. Nous avons toutes les raisons de vouloir défendre l’Europe, l’une des plus grandes civilisations de l’Histoire. »

C’est cette conclusion d’un article d’Alexandre Devecchio, paru dans Le Figaro Magazine, qui m’a décidé à relayer ici sa présentation du dernier livre de Pascal Bruckner : « Un coupable presque parfait »

Nous devons réagir à cette avalanche de haine et de mépris, venue des universités américaines et reprises à son compte par l’extrême gauche, complice des indigénistes et des racialistes.

Soyons fiers de notre civilisation et défendons la !

Pascal Bruckner contre les nouveaux racistes

Dans son nouvel essai, « Un coupable presque parfait » (Grasset), Pascal Bruckner dénonce la montée en puissance d’une nouvelle idéologie raciste et sexiste. Sous couvert d’« antiracisme », de « néoféminisme » et de « décolonialisme », elle prend pour bouc émissaire, selon lui, « le mâle blanc hétérosexuel ».

Avec Un coupable presque parfait. La construction du bouc émissaire blanc (Grasset), Bruckner s’attend à être traité de tous les noms d’oiseaux. D’aucuns y verront sans doute le pamphlet rageur d ‘un « dominant ». D’autres la complainte d’un intellectuel vieillissant cédant à la compétition victimaire qu’il entend dénoncer. Ce serait ne rien comprendre à cet essai aussi dense que percutant, exempt d’amertume mais expression d’une angoisse profonde qui traverse son oeuvre depuis plusieurs décennies : celle de l’effacement de l’Occident et de son projet universaliste issu des Lumières au profit d’une société tribalisée en proie à la lutte des « genres », des « races » et des « communautés ».

S’il avait pu choisir son époque, Bruckner se serait probablement téléporté au XVIII ème siècle. A son modèle inavoué, Voltaire, dont il partage le goût de la vie en société et du voyage, il tente d’emprunter le style faussement désinvolte, la rapidité d’esprit et les traits d’ironie. Le paradoxe est qu’il n’a cessé de se battre, non contre le retour du conservatisme, mais contre les dérives d’un certain progressisme et contre ceux qui se présentent comme les héritiers des Lumières. Un scénario qu’il ne pouvait imaginer lorsque à 20 ans, en mai 68, il pensait défier l’autorité et l’ordre moral.

Les vieux démons ressurgissent

Dès 1983 et la publication du Sanglot de l’homme blanc, Bruckner a rompu cependant avec une certaine gauche occidentale. Il s’en prend alors à l’idéologie tiers-mondiste qu’il juge manichéenne, opposant un Sud radieux et idéalisé à un Nord rapace et oppresseur, et, à ses yeux, reposant derrière une solidarité affichée, sur la haine de soi. En 2006, dans La Tyrannie de la pénitence, il poursuit son exploration du malaise occidental. En ressassant les crimes du passé esclavage, guerres, fascisme, les nations européennes se complaisent, selon lui, dans une autoculpabilisation à bon compte, et se condamnent au déclin et à la dépression.

Un coupable presque parfait conclut en quelque sorte sa trilogie sur le « masochisme occidental » et marque le franchissement inquiétant d’une nouvelle étape. Car, explique Bruckner, tout se passe comme si, en voulant combattre les vieux démons de l’Occident, la gauche les avait ressuscités. Sous couvert de progressisme, c’est l’obscurantisme qui fait son retour et l’homme blanc, autrefois persécuteur, pourrait en être la principale victime : le « bouc émissaire ». Ce retournement paradoxal passe, selon Bruckner, par le dévoiement de trois causes nobles défendue par l’Occident : le féminisme, l’antiracisme et l’anticolonialisme.

Pour commencer, « le féminisme de progrès » est trop souvent devenu « un féminisme de procès », analyse-t-il. Si le féminisme traditionnel était universaliste et entendait instaurer une égalité aussi bien économique que symbolique entre hommes et femmes, le néo féminisme est ouvertement séparatiste, voire suprématiste et dresse les sexes l’un contre l’autre. La militante féministe et LGBT, élue au Conseil de Paris, Alice Coffin, a ainsi récemment créé la polémique en écrivant dans son livre, Le Génie lesbien, « il faut éliminer les hommes de nos esprits : ne plus lire leurs livres, ne plus regarder leurs films, ne plus écouter leurs musiques ».

Simple provocation isolée ou symptôme d’une véritable tendance ? Bruckner pointe les excès du mouvement #MeToo et « la jouissance iconoclaste à démolir certaines figures masculines connues », quand bien même la justice les aurait innocentés (Philippe Caubère, Luc Besson, Woody Allen). Par nature, le deuxième sexe serait innocent tandis que par essence, le sexe masculin serait criminel. Le philosophe regrette que beaucoup de féministes nord-américaines, mais aussi françaises, présentent désormais tout homme comme un « prédateur » aliéné par « la culture du viol ». Mais si pour la militante Caroline De Haas, « un homme sur deux ou trois est un agresseur », les agresseurs sont toujours blancs. Ce qui explique son silence, comme la majorité des féministes, après les viols de Cologne par des migrants lors de la nuit du Nouvel An 2016.

Le néoféminisme va de pair avec un néo-antiracisme tout aussi manichéen, analyse Bruckner. L’antiracisme d’autrefois défendait l’idée d’une humanité commune au-delà de la diversité des origines et des cultures. Le nouvel antiracisme. exacerbe les identités, se focalise sur la couleur de peau et va même jusqu’à ressusciter le concept de race que l’on croyait aboli, créant ainsi les conditions d’un nouvel apartheid. « On se contente, dans un stupéfiant mimétisme, d’inverser la rhétorique de la ségrégation qui exaltait les seuls Blancs au détriment des Noirs, observe le philosophe. Ici, c’est le contraire: on dénigre « les faces de craie » pour célébrer les autres couleurs de peau en leur attribuant toutes les vertus. »

L’antiracisme se double d’un anticolonialisme d’autant plus délirant et virulent que le colonialisme n’existe plus. Mais pour la gauche identitaire, il faut désormais décoloniser les pays occidentaux de l’intérieur, les débarrasser de leurs préjugés historiques et culturels, lesquels enfermeraient à tout jamais les enfants de l’immigration ou les descendants d’esclaves dans un statut d’infériorité. C’est ce que l’on appelle « la culture de l’effacement », autrement dit l’effacement de la culture et de l’histoire occidentale au nom de l’utopie multiculturelle. Pour ne pas heurter la « sensibilité » des « minorités intersectionnelles », on débaptisera des rues, on déboulonnera des statues et on réécrira des classiques de la littérature.

Visionnaire ?

Cette folie « progressiste », qui conduit aujourd’hui les Etats-Unis au bord de la guerre civile, pouvait encore, il y a peu, sembler exotique et lointaine pour les Européens. Si bien que lorsque Pascal Bruckner entame l’écriture de son livre, il y a un an, on peut se demander s’il n’accorde pas trop d’importance à un mouvement qui apparaît encore comme ultraminoritaire. Par la suite, le déclenchement de la crise du coronavirus laisse penser que les questions économiques et sociales vont davantage occuper le devant de la scène que les questions identitaires.

Dans l’entourage du philosophe, le seul à y croire depuis le début n’est autre que le PDG des Éditions Grasset, 0livier Nora. « Nous sentions monter ces problématiques. Même si cela était moins clair qu’aujourd’hui, nous anticipions que cela allait devenir un enjeu majeur de l’époque », explique-t-il.

L’ombre de la « French Theory »

Au lendemain du confinement, le 6 juin 2020, la manifestation antiraciste en hommage à George Floyd et contre les violences policières, qui rassemble plus de 20 000 personnes à Paris, leur donne raison. Organisée, entre autres, par le collectif La Vérité pour Adama, elle est émaillée par quelques slogans délétères : « Sibeth traîtresse à sa race », « Mort aux Blancs ». « Ces manifs ont été un contresens total. Tout à coup, nous sommes tous devenus américains: George Floyd/Adama Traoré, même combat, constate Pascal Bruckner. Or, les États-Unis et la France ne sont pas comparables et les rapports d’experts ont jusqu’ici établi que la mort d’Adama Traoré était accidentelle. »

Ironiquement, l’idéologie de la race et du genre, désormais hégémonique sur les campus américains, a été inspirée par les thèses de la French theory, popularisées dans les années 1970 outre-Atlantique par des philosophes français tels que Foucault ou Derrida. Métabolisées et dévoyées par la gauche identitaire américaine, elles sont finalement réimportées aujourd’hui. Le cauchemar américain va-t-il ainsi se déporter sur le Vieux Continent ?

L’Europe et singulièrement la France, berceau des Lumières, ont les anticorps nécessaires pour se prémunir contre ce virus, espère Bruckner. Le philosophe rappelle les mots de la chanteuse américaine naturalisée française, Joséphine Baker : « À Paris, personne ne me disait noire. Personne ne me disait négresse, mot qui me blessait terriblement. » Ou ceux de l’écrivain James Baldwin, réfugié en France en 1948 : « Les Français m’ont sauvé la vie car ils ne me voyaient pas. Ils m’ont débarrassé des béquilles de la race », expliquait-il, précisant que dans la patrie de Victor Hugo, pas une fois on ne l’avait importuné pour sa couleur de peau ou son orientation sexuelle (il aimait les hommes). Plus largement, Bruckner souligne que ce sont les nations européennes qui en premier ont aboli l’esclavage. Que l’Occident, et lui seul, a fait l’effort de surmonter sa barbarie pour la penser et s’en affranchir.

A le lire, on comprend que non seulement il n’y a pas lieu de s’excuser, ni de se sentir coupable, mais il y a aussi quelques motifs d’être fier. Fier d’être français. Fier d’être européen. « Nous avons toutes les raisons de vouloir défendre l’Europe, conclut-il, l’une des plus grandes civilisations de l’Histoire.»

Alexandre Devecchio pour Le Figaro Magazine.

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