Aurélien Schiappa ou Marlène Pradié ?

Publié par le 6 Déc, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Aurélien Schiappa ou Marlène Pradié ?

Il y a quinze jours, je m’insurgeais contre une procédure d’exclusion des Républicains visant Erik Tegnér.

L’initiative de cette chasse à la sorcière non-progressiste, était venue du nouveau secrétaire général des Républicains, Aurélien Pradié.

Malgré ma terrible menace de renvoyer ma carte d’adhérent au siège du parti, rue de Vaugirard, je constate que la procédure est toujours d’actualité.

Je suis donc contraint de remonter au créneau en relayant des extraits d’un excellent article de David Desgouilles paru dans Causeur.

J’ai bien aimé le titre de son article qui a inspiré le mien :

Pradié, c’est Marlène Schiappa chez les LR

 

Le nouveau secrétaire général des Républicains Aurélien Pradié a décidé d’exclure du parti Erik Tegnér, coupable de frayer avec la droite de la droite. Le jeune député du Lot, lui, a tout d’un progressiste !

Rassembler, rassembler, rassembler. Tels étaient les trois mots d’ordre de la campagne interne de Christian Jacob, désignant en creux le caractère trop clivant de ses deux adversaires: Julien Aubert et Guillaume Larrivé. Son meilleur atout, résumait joliment Mediapart, était de ne s’être prononcé sur rien.

Rassembleur toi-même !

Mais, il faut toujours se méfier. Lorsqu’un chiraquien parle de rassemblement, il se prépare toujours un repli et une volonté d’exclusion. En 1990, Alain Juppé fustigeait le duo Pasqua-Séguin, coupable de vouloir instaurer un « Front national bis », et prenait la décision d’exclure Alain Carignon, parce que ce dernier appelait à voter PS contre le FN dans une cantonale partielle à Villeurbanne. En 2002, Chirac la jouait front républicain et était élu avec toutes les voix de gauche contre la Bête immonde. Puis n’ouvrait à personne et construisait un gouvernement 100% UMP ! […] Il y avait donc bien des raisons de se méfier pour tous des militants LR tenant un discours différent du président élu.

Et c’est Erik Tegnér qui en a fait les frais.

Celui-ci a appris il y a quelques jours qu’il faisait l’objet d’une procédure d’exclusion, dans une lettre signée par la présidente de la fédération LR de Paris, Agnès EvrenQuel est le crime de Tegnér ? A-t-il soutenu un autre candidat que celui investi par son parti dans telle ou telle élection ? Pas du tout ! A-t-il tenu des propos désobligeants envers la direction de LR ? Encore moins ! Il a seulement développé une stratégie d’alliance alternative, sans jamais la mettre en œuvre. Il fait ainsi vivre le débat démocratique interne, comme chaque adhérent a le droit voire le devoir de le faire.

Alors que la droite est terriblement affaiblie, ladite stratégie – dite d’union des droites – ne me semble pas être la plus adaptée, dans le contexte de disparition du clivage droite-gauche et de sa substitution par le clivage bloc élitaire versus bloc populaire, cher à Jérôme Sainte-Marie. Mais exclure Erik Tegnér parce qu’il a donné son avis, c’est ériger un délit d’opinion. Rassembler, qu’il disait … Julien Aubert et Guillaume Larrivé ont d’ailleurs apporté leur soutien à Erik Tegnér, alors qu’ils ne partagent pas cette stratégie d’union des droites.

En fait, ce qui doit intéresser l’observateur, ce n’est pas tant le sort réservé à un militant de base que la personnalité du nouveau secrétaire général. Aurélien Pradié s’est donc attaqué à un jeune militant à la langue un peu trop pendue. Fort avec les faibles !

Aurélien Pradié explique à qui veut bien l’entendre que LR doit désormais abandonner les terrains régaliens trop sulfureux qu’occupait Laurent Wauquiez, pour d’autres, plus consensuels. 

Pradié aurait-il pour ambition de devenir la Marlène Schiappa des LR ?

Et si, pour ne surtout pas passer pour un archaïque, pour ne pas se voir accusé d’être conservateur, le nouveau secrétaire général décidait de surprendre davantage encore, en faisant rédiger les mails internes de la Rue de Vaugirard en écriture inclusive ? Imaginez alors la tête que feraient certains des soutiens de Christian Jacob, au siège national du parti ou dans les fédés !

Les dernières investitures le montrent: s’associer avec LREM ne gêne aucunement la nouvelle direction des Républicains. Ce qui ajoute d’ailleurs au scandale de la procédure lancée contre Tegnér. Proposer qu’on s’allie avec le RN vaut exclusion, mais s’allier carrément avec LREM est validé. Allez comprendre ! Comme nous l’avons expliqué récemmentil s’agit pour la nouvelle direction de concurrencer le parti du président sur le terrain électoral du « bloc élitaire », en misant toutes ses cartes sur l’effondrement personnel d’Emmanuel Macron.

Attention, si ce coup de poker ne fonctionne pas, LR vivra le destin du PRG. Pour un secrétaire général originaire du Quercy, pays de Maurice Faure, la boucle serait bouclée.

David Desgouilles pour Causeur.

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