Champion du monde !

Publié par le 16 Juil, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Champion du monde !

Et oui, même ici, le foot s’impose !

Rassurez-vous ! Je ne vais pas vous infliger un commentaire de plus ! J’en suis un peu saturé !

Non, ce matin, je veux juste relayer une très belle chronique de Natacha Polony parue dans le FigaroVox.

Elle nous propose une réflexion sur l’impact de cette coupe du monde et de la popularité de l’équipe de France, sur le peuple français.

Elle tente de répondre à la question : n’est-ce pas galvauder les trois couleurs du drapeau français quand on les associe à un simple événement sportif ?

La France bleu-blanc-rouge

Des drapeaux bleu-blanc-rouge pavoisent les fenêtres et se promènent dans les rues en cette fin de semaine. Mais peut-on comparer les drapeaux flottant sur les Champs-Élysées pour accompagner notre armée et ceux brandis le lendemain par des supporteurs galvanisés ?

Le 14 Juillet porte en lui des siècles d’histoire, la mémoire du peuple assemblé, ce peuple enfin souverain – merveilleux oxymore – qui prend en main son destin. Le 14 Juillet ne commémore pas la prise de la Bastille mais la Fête de la Fédération, c’est-à-dire la France à la fois une et diverse, riche de sa géographie et de ses traditions, la France qui se perpétue par delà les soubresauts de l’Histoire. Et les fanions qui colorent les ChampsÉlysées comme les fumées exhalées par les avions de la patrouille de France répondent à ces milliers de cocardes qui ornent les chars et les uniformes de nos armées. Ce bleu-blanc-rouge, c’est l’hommage de la Nation à tous ceux, hommes et femmes, qui ont donné leur vie pour elle, pour notre liberté. Ce sont les couleurs qu’ont en tête tous les peuples qui se sont un jour levés contre l’oppression – parfois celle de la France elle-même – et qui, sur n’importe quel continent, pouvaient alors se réclamer de ses valeurs, Liberté, Égalité, Fraternité.

Certains s’en inquiéteront. Faut-il laisser ces couleurs s’abîmer dans le spectacle d’un sport utilisé pour à la fois déchaîner et contrôler les masses ? D’autres prendront le problème à l’inverse : du défilé militaire aux stades de foot, c’est toujours la même hystérie nationaliste qui s’exprime, sorte de « lèpre » dangereuse, pour reprendre une expression à la mode. Les uns et les autres se fourvoient. Ce qui se réveille chez ces Français de tous âges et de toutes conditions réunis dans les rues et les bars pour espérer une victoire,

c’est bien un sentiment de fierté dont on avait fini par penser qu’il était interdit car ouvrant systématiquement à la « haine de l’autre », selon les poncifs imposés depuis quelques décennies par ce que Jean-Pierre Le Goff appelle le gauchisme culturel.

Bien sûr, on peut s’interroger sur l’ampleur des rassemblements, déplorer que la ferveur patriotique choisisse pour s’exprimer un prétexte aussi futile. Rien que de très vrai. Mais les milliers de personnes qui se sont massées dans les rues, mardi, après la demi-finale, nous racontaient l’immense appétit de tout un peuple à partager un peu de fierté.

Un appétit tant de fois frustré, rabroué, criminalisé, qui soudain explose.

Depuis quelques années, les Français semblaient s’être résignés à ne plus se rassembler que dans le deuil. Les 4 millions de Français qui criaient le 11 janvier 2015 leur attachement à la liberté, leur refus du totalitarisme islamiste et de sa haine du rire et de la vie, réagissaient en un sursaut à l’innommable. Toute la France n’y était pas ? C’est justement le résultat de décennies de renoncement. Renoncement à l’intégration, à la transmission de valeurs et de récits qui structurent notre identité nationale. C’est aussi le résultat du renoncement à l’héroïsme, dont le destin d’Arnaud Beltrame nous a rappelé qu’il porte un peuple au-delà de lui-même, au plus haut de ce qu’un homme peut donner. Pour autant, est-il indigne de vivre dans la joie l’appartenance à la patrie ? C’est aussi dans ces moments anodins, nés d’un sport plus que tout autre lié, malgré les méfaits du spectacle et de la culture de masse, à une authentique culture populaire, que se soude une communauté. Et c’est dans la victoire que naît parfois l’envie de se sentir français. À nous tous, adultes et dépositaires de l’immense héritage d’un pays millénaire de convertir cet élan superficiel en sentiment profond et pérenne, à travers la transmission des textes historiques, philosophiques et littéraires qui racontent ce qu’est la France, comme à travers une géographie, des paysages qui en sont le visage.

Tous ces enfants qui brandissent des drapeaux et crient leur joie d’être français ne demandent qu’à aimer leur patrie. Ils ne sont pas toute la France, ils ne masquent pas les haines, le séparatisme, les fractures. Mais plus ils seront nombreux, et plus nous serons nombreux pour combattre ceux qui nous ont déclaré la guerre. Nul ne s’imagine qu’un pays s’apaise par le miracle d’un match de foot mais un point nourrit nos espoirs: on ne nous sort plus le mythe de la France black-blanc-beur. Cette équipe est tout aussi diverse mais elle est avant tout bleu-blanc-rouge, ce qui signifie que -rêvons un peu – nous retrouvons peut-être un peu de cet universalisme qui est l’identité même de la France et que la globalisation culturelle a voulu remplacer par un multiculturalisme profondément communautariste.

Allons, enfants de la Patrie, les jours de gloire ne se dédaignent pas, quels qu’ils soient.

Natacha Polony pour le FigaroVox.

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