Contrôleurs aériens : ça suffit !

Publié par le 28 Juin, 2017 dans Blog | 0 commentaire

Contrôleurs aériens : ça suffit !

Voici un article de Jean-Baptiste Boone, paru le 27 juin dernier, sur le site de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) :

Contrôleurs aériens : c’est le moment de privatiser !
Suivre les exemples canadiens, britanniques, australiens …

Plus de 2 milliards d’euros sont inscris au budget des annexes de la loi de finance 2017 pour les missions de contrôle et d’exploitation aériens.

C’est deux fois plus qu’au Royaume-Uni !

 

La loi fixe à 10 679 le nombre maximum des emplois (équivalent temps plein) autorisés dans ce secteur, soit 200 000 € par personne. Malgré ce budget conséquent, la DGAC a recours à la dette afin de financer des dépenses de fonctionnement, selon la Cour de comptes qui n’a pas manqué de critiquer cette gestion.

Pourquoi ne pas la privatiser ?

Ainsi, dans un rapport écrit en 2015, la Cour appelle à une plus grande professionnalisation de la gestion budgétaire et opérationnelle. Elle émet deux recommandations : améliorer la qualité de l’information sur les investissements (en clair, estimer correctement les opportunités d’investissement) et limiter le recours à l’emprunt.

Il est toujours surprenant de voir souligner ce genre de défaillance budgétaire alors que la situation des comptes est dégradée depuis de longues années déjà, mais logique quand on sait que la Cour de la rue Cambon n’a qu’un pouvoir de recommandation.

En ce qui concerne la DGAC, ses personnels jouissent de conditions de travail tellement souples et avantageuses qu’une gestion rigoureuse paraît difficile à mettre en œuvre. Pourtant, l’image d’Epinal du contrôleur aérien stressé et gardien de vies humaines, porté par des films comme Les Aiguilleurs du ciel, ne tient plus. Les outils informatiques ont largement révolutionné le métier et rationnalisé efficacement la gestion du trafic aérien. Cela n’empêche pas cette catégorie de fonctionnaires de se mettre en grève régulièrement.

Les Français ont très largement participé au développement de l’aviation au début du siècle dernier avant d’en devenir même les meilleurs. De Louis Blériot à Saint Exupéry en passant par Mermoz, Bouilloux, Latécoère, ces aventuriers, ingénieurs et investisseurs ont été à la pointe de l’avancée aérienne. Non sans de nombreux accidents et disparitions, raison pour laquelle l’Etat s’est mis en tête de réguler et contrôler cette activité. Il est frappant de le lire dans la biographie romancée de Jean Mermoz par Kessel : déjà il se plaint de la mainmise de l’Etat sur le développement aéronautique dans les années 30 ! En effet, dès 1933, l’Etat impose un regroupement des compagnies aériennes. Par toutes sortes de réglementations, il contraindra ensuite le développement technique des aéronefs et la France perdra son avance au profit de l’Allemagne notamment, juste avant la guerre. Dans l’après-guerre, la nationalisation du secteur aérien est confirmée, le Secrétariat général à l’Aviation civile et commerciale (SGACC) est créé, le 12 septembre 1946, pour gérer le contrôle aérien. C’est l’ancêtre de la DGAC.

A Londres, par exemple, les temps d’attente
des avions ont été réduits de 50 %

Nous pourrions prendre modèle sur d’autres pays, tels le Canada et l’Angleterre, qui ont privatisé leur contrôle aérien, tout comme l’Australie.

Au Canada, la privatisation date de plus de vingt ans. Au Royaume-Uni, le National Air Traffic Control Services (NATS) a été privatisé en 2000 (l’Etat possédant néanmoins toujours 49 % des parts). Le NATS gère notamment un des aéroports les plus importants du monde, Londres Heathrow, 4,5 millions de passagers mensuellement.

Ces entités privées ont réussi à réduire leur coût (de 13 % au Canada en 11 ans) tout en améliorant les prestations proposées (à Londres par exemple, les temps d’attente des avions ont été réduits de 50% grâce à des programmes innovants introduits en 2015). Le NATS fonctionne avec un budget plus de 2 fois inférieur à celui de la DGAC (1 milliard € en 2016). De même Nav Canada ne reçoit aucun financement gouvernemental et fonctionne avec 938 millions € de budget.

Relevons enfin le fait qu’en France, les grèves récurrentes provoquées par les contrôleurs alourdissent encore le coût de ce « service » si l’on prend en compte les pertes subies par les entreprises qui en pâtissent !

Voilà donc encore un secteur dont l’Etat pourrait se désengager sans dommage, si ce n’est peut-être pour les fonctionnaires qui y travaillent et dont la situation deviendrait… normale !

Jean-Baptiste Boone pour l’IREF

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