Et la gauche ose hurler à l’ultralibéralisme !

Publié par le 26 Mai, 2023 dans Blog | 2 commentaires

Et la gauche ose hurler à l’ultralibéralisme !

Le diagramme ci-contre montre l’évolution des prélèvements obligatoires en France passés de 31 % du PIB en 1960 à 45 % aujourd’hui !

Cela signifie que l’Etat confisque aux Français
près de la moitié de la richesse qu’ils produisent !

Avec une telle redistribution, peut-on raisonnablement parler d’ultralibéralisme comme le clame la gauche ?

On est plus proche du socialisme que du libéralisme !

Je partage ce matin un article de l’IREF qui déplore l’image très négative du libéralisme chez les Français qui, c’est connu, sont nuls en économie. Quand on sait que Nathalie Artaud, de Lutte ouvrière, enseigne l’économie, on peut leur trouver des excuses !

L’auteur tente de réfuter un par un les reproches qui sont faits au libéralisme :

Les Français aiment de moins en moins le libéralisme.

Pourquoi ? Que faire ?

Malgré les innombrables succès dont il est à l’origine (économiques, technologiques, sanitaires, etc.) depuis plus de deux siècles, le libéralisme semble être honni plus que jamais dans le monde en général, et en France en particulier. Pourquoi ? Peut-on espérer réconcilier un jour nos concitoyens avec ce courant d’idées ?

Crédit photo KAK (L’Opinion)

Le libéralisme a toujours aussi mauvaise presse en France

Déjà malmené à la fin des années 1990 par les « anti » ou « altermondialistes », le libéralisme est toujours aussi contesté et même détesté à notre époque. Mis à rude épreuve par la crise de 2008-2009 (on se souvient du grief de « financiarisation de l’économie », sempiternellement ressassé), marqué par la crise du Covid, qui a considérablement élargi (fût-ce provisoirement) le champ d’intervention de l’État-providence, le libéralisme est aujourd’hui si universellement mal-aimé que de plus en plus de libéraux l’ont même abjuré, du moins en partie – Guy Sorman nous parle désormais de « post-libéralisme », Francis Fukuyama estime pour sa part que le « néo-libéralisme » d’un Friedrich Hayek ou d’un Milton Friedman est voué à disparaître. Ce mouvement, observable à l’échelle planétaire, de défiance croissante à l’égard du libéralisme, rencontre un écho particulièrement favorable en France, qui ne l’a d’ailleurs jamais beaucoup aimé. (Pour un examen complet de cette question, on se reportera à L’Obsession anilibérale française, Libréchange, 2014.) Héritière d’une tradition « colbertiste » faisant d’un État fortement centralisateur le pivot central de l’économie, largement réceptive au XXe siècle aux idées socialo-marxistes, la France n’a jamais expérimenté le libéralisme (mise à part la brève parenthèse d’une très timide esquisse de libéralisation de l’économie entre 1986 et 1988, lors de la première cohabitation). Chose d’autant plus incompréhensible que c’est la France qui, avec l’Écosse, l’a inventé  au siècle des Lumières 

Comme le rappelle Alexis Karklins-Marchay dans son dernier livre, Pour un libéralisme humaniste (Paris, Presses de la Cité, 2023), « le terme  « libéral » est devenu une insulte, aussi bien à gauche qu’à droite (p. 22). Le libéralisme, ajoute-t-il (hélas avec raison), est devenu la bête noire des politiques de tous bords : nationalistes, socialistes, écologistes, etc. ». « Le fait pour un politique de se dire « libéral » anéantit d’un coup ses chances d’être élu ». On peut considérer que cette situation reflète bien, d’une manière générale, la réputation qu’a le libéralisme en France. Selon un sondage conduit par l’Ifop en 2023, en partenariat avec L’Opinion, 70 % de nos compatriotes le voyaient favorablement en 1999, alors qu’ils ne sont plus que 50 % en 2023. En outre, 46 % des Français voudraient davantage d’État, et 51 % considèrent que l’État devrait davantage protéger les citoyens sur le plan social.

Haro sur le libéralisme

Dans le même ouvrage (cf. la sous-partie intitulée « Les sept péchés capitaux du libéralisme »), Alexis Karklins-Marchay tente de regrouper les principaux reproches qui sont faits au libéralisme, parmi lesquels :

  • l’individualisme,
  • la logique financière et la priorité donnée à la rentabilité de l’actionnaire,
  • le consumérisme,
  • l’exacerbation des inégalités.

Alexis Karklins-Marchay admet que certaines de ces critiques sont parfois quelque peu simplistes ou erronées. Mais plutôt que de s’attacher à réfuter ce qu’elles comportent d’arguments fallacieux, plutôt que de tenter de convaincre le lecteur a priori hostile des bienfaits du libéralisme, y compris pour le plus grand nombre, Alexis Karklins-Marchay préfère le rendre présentable en appelant à son renouvellement de l’intérieur : il doit aujourd’hui selon lui incorporer les critiques qu’on lui adresse, à défaut de quoi il serait condamné à disparaître.

L’IREF s’attache à faire exactement le contraire : nous nous efforçons de partir de ces critiques pour les réfuter, une à une. Prenons l’individualisme : une notion souvent exécrée dans notre pays, car nous l’assimilons spontanément à l’égoïsme ou au narcissisme. Comme le philosophe Alain Laurent n’a cessé de le montrer dans ses livres et ses articles, l’individualisme, c’est le souci de soi dans le bon sens du terme, qui n’exclut nullement celui des autres. C’est la possibilité de construire soi-même sa propre existence, de se prendre en charge sans faire peser le poids de ses décisions personnelles sur la collectivité – chose assortie de la reconnaissance de ce droit pour autrui.

La logique financière et la rentabilité de l’actionnaire, ensuite. N’oublions pas que c’est la compétitivité des entreprises – sous-tendue par la recherche constante de la satisfaction du client et la perspective de rendements pour l’actionnaire – qui a permis de créer depuis les débuts du capitalisme moderne autant de richesses et d’emplois. En outre, pourquoi vouloir toujours diviser la société en clans (les actionnaires contre les travailleurs, par exemple), dont les intérêts seraient prétendument antagonistes ? Une société libre est une société dont les acteurs sont largement interdépendants. Qui plus est, l’actionnaire ne relève pas d’une quelconque caste de privilégiés : tout un chacun peut devenir aujourd’hui actionnaire, au rebours de ce que pensait d’ailleurs Marx.

Quant à l’accroissement des inégalités, celles-ci ont été incomparablement plus marquées dans les sociétés « nomenklaturistes » que furent feu l’URSS ou ses dérivés socialistes, que dans les sociétés capitalistes. La mondialisation libérale a permis au contraire à des millions de personnes de par le monde de sortir de la grande pauvreté. Et ce qui compte en définitive, c’est l’élévation globale du niveau de vie, qui permet aujourd’hui à presque tous d’avoir accès à un ensemble considérable de produits et de services, qui ne sont pas réservés à une seule élite.

Foi collectiviste, peur de la liberté

Chacune des critiques du libéralisme listées par Alexis Karklins-Marchais dans son livre est réfutable, et a d’ailleurs souvent été réfutée par l’IREF dans ses articles et ses « pendules à l’heure ». Et par bien d’autres encore. Gageons toutefois que la plus rigoureuse démonstration de la fausseté de ces critiques ne suffirait pas à convaincre les Français des vertus du libéralisme. Car le refus d’y adhérer est aussi, et peut-être surtout, largement motivé par des facteurs d’ordre irrationnel.

Dans son livre Français, n’ayez pas peur du libéralisme (Paris, Odile Jacob, 2007, p. 278), Pascal Salin écrit que la social-démocratie (tout comme les sociétés entièrement collectivisées, à un degré inférieur) repose sur deux piliers, la foi et la peur. « Foi, écrit-il, dans les solutions étatiques, foi dans le collectivisme, foi dans le volontarisme, peur de troubler l’ordre établi, peur de penser différemment, peur de perdre des avantages acquis. Il nous faut donc ébranler cette foi et vaincre cette peur ». Ébranler cette foi collectiviste est une chose difficile à accomplir dans la mesure où elle est généralement imperméable aux arguments et à la démonstration rationnelle. Quant à la peur, comment espérer la vaincre ? Comme le remarquait Jean-François Revel dans La Grande Parade (Paris, Plon, 2000, cf. le chapitre « La peur du libéralisme »), la résistance au libéralisme répond à un besoin d’ordre psychologique : celui de « conjurer deux peurs présentes en chacun de nous, la peur de la concurrence et la peur des responsabilités » (p. 255). D’où la pléthore de barrières érigées en France contre les concurrents réels ou potentiels, ainsi que les avantages et statuts spéciaux octroyés à des groupes défendant des intérêts catégoriels. Revel rappelle en outre l’importance du « confort de l’irresponsabilité qu’apporte l’appartenance à toute la grande machine étatique ou para-étatique » (ibid.). Les Français ne seront donc susceptibles d’adhérer au libéralisme qu’à cette double condition : qu’ils aient la lucidité de constater que que l’étatisme et le collectivisme n’ont jamais rien résolu de manière satisfaisante, et qu’ils sachent aussi dépasser leur peur de la concurrence et de la responsabilité. En bref, qu’ils reprennent confiance en eux.

Matthieu Cresson pour l’IREF.

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2 Réponses à “Et la gauche ose hurler à l’ultralibéralisme !”

  1. excellent article, hélas, personne ne désire le lire ni entendre ces arguments, en dehors de quelques sites de la « fachosphère réactionnaire de droite » … C’est démoralisant, et voir qu’on préfère répéter les mêmes erreurs, reproduire les mêmes politiques qui nous ont menés là où nous sommes, est désespérant ! Et le pire c’est que face à l’échec, et à notre appauvrissement, tout le monde s’accorde pour dire « c’est la faute au libéralisme et au capitalisme ! »

  2. Avec la politique, tout n’est que mensonge, plus ou moins, et la gauche remporte de loin la palme du super-menteur.

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