Immigration : complaisance de la gauche, lâcheté de la droite

Publié par le 17 Juil, 2017 dans Blog | 0 commentaire

Immigration : complaisance de la gauche, lâcheté de la droite

La montée du Front national, selon moi, a deux causes :

– l’abandon de la classe ouvrière par le parti socialiste,
– la lâcheté de la droite concernant l’immigration.

La seule voie pour que la droite redevienne une force de gouvernement et donc qu’elle retrouve son électorat naturel est qu’elle assume ses principes de droite et au premier chef qu’elle annonce clairement des positions fortes pour un contrôle ferme de l’immigration.

Cela entrainera un scission entre la droite et le centre droit, scission largement entamée avec la trahison des « constructifs ».

J’ai trouvé cette semaine dans Valeurs actuelles un article qui rappelle la position de la droite – et qui plus est de la droite et du centre – dans les années 80-90. Un article décapant qui prouve à quel point la droite a abandonné ses valeurs et a été vaincu idéologiquement par la gauche et les médias !

Avant de vous livrer le texte intégral de l’article, je ne résiste pas à lister les 10 points forts de la position de la droite et du centre à cette époque :

  • Imposition dans les contrats publics d’un quota maximum de salariés étrangers,
  • Une politique de solidarité nationale (politique familiale, aide sociale) qui doit être réservée aux nationaux,
  • Etre étranger en France, ce n’est pas avoir automatiquement tous les droits liés à la citoyenneté française,
  • Expulsions administratives sur la base de simples menaces à l’ordre public, sans précision de gravité et sans condition de condamnation à une peine d’emprisonnement,
  • L’embauche de salariés étrangers devrait donner lieu au paiement par les employeurs d’une surtaxe dissuasive,
  • Les radios et chaînes publiques ainsi que les médias privés seront incités à favoriser l’assimilationplutôt que la promotion des minorités visibles,
  • L’asile devra être demandé uniquement lors de l’admission sur le territoire national et ne pourra jamais être accordé à un clandestin,
  •  Le problème des rapports avec l’islam s’est toujours posé à travers l’histoire, à propos de la famille, du statut familial, du code personnel, et plus généralement des rapports entre l’homme et la femme,
  • Il est inéluctable qu’un jour un extrémiste musulman ne craindra pas de demander l’application de la Chariah,
  • il y a bien incompatibilité entre l’islam et nos lois.

Décapant non ! Mais le plus « drôle », c’est que ces positions étaient défendues par des gens comme Alain Juppé, Marielle de Sarnez … et même François Bayrou !

Confronté par David Pujadas à ses positions qu’il renie totalement aujourd’hui, Alain Juppé osa cette piteuse justification :

Je ne partage pas cela. Rétrospectivement, je pense que c’était une erreur !

Voici le texte intégral de l’article :

Immigration : ce que la droite n’ose plus dire

La déferlante migratoire n’a pas pour unique responsable l’aveuglement de la gauche. Coupable aussi, la lâcheté de la droite. Laquelle a progressivement abandonné, et surtout jamais tenu, ses propositions chocs des années 1980-1990. Valeurs actuelles les a retrouvées. Par Arnaud Folch

Et dire qu’il s’est trouvé des soutiens de François Fillon, durant la présidentielle, pour s’opposer à la « clause Molière », voulant imposer, dans certaines régions, de parler le français sur les chantiers publics ! « Discriminatoire », disent-ils. Autre temps, autre droite. Dans une longue note interne rédigée début 1990 dans le cadre de la préparation des États généraux sur l’immigration de ce qui était alors la droite et le centre, le RPR (Rassemblement pour la République, ancêtre des Républicains) préconisait en effet, sur cette même question, d’aller beaucoup, beaucoup plus loin: « Il conviendrait de stipuler dans les contrats publics (travaux publics en particulier) un pourcentage maximum d’étrangers dans les effectifs (hors CEE [la future Union européenne, NDLR]) au-dessus duquel les entreprises ne seraient pas admises à concourir. » Rien de moins, en clair, que de réserver les marchés publics aux entreprises à main-d’oeuvre majoritairement française ! On imagine le tollé que provoquerait désormais à droite une telle proposition, clairement inspirée par la « priorité nationale », défendue aujourd’hui par le FN ! Dans le même texte, les auteurs du rapport, tous membres du Club 89 alors dirigé par le chiraquien Jacques Toubon – aujourd’hui très pro-migrants Défenseur des droits ! – , préconisaient du reste de s’aligner sur les thèses frontistes concernant la « politique de solidarité nationale (politique familiale, aide sociale) qui doit être réservée aux nationaux ». Parmi cellesci, « les allocations familiales qui doivent être réservées aux citoyens français ».

Si la première proposition, concernant les entreprises du BTP, n’a finalement pas été retenue, le document définitif de ces États généraux sur l’immigration, présenté les 31 mars et 1er avril 1990 à Villepinte (SeineSaint-Denis), ouvrait en revanche clairement la porte à la « priorité nationale ». Il y a vingt-sept ans, la droite et le centre n’hésitaient pas, en effet, à se demander « s’il ne convient pas de réserver certaines prestations sociales aux nationaux » : « Dans ce domaine, rappelait le texte, le législateur a admis dans le passé le bénéfice des prestations aux seuls nationaux [ … ]: être étranger en France, ce n’est pas avoir automatiquement tous les droits liés à la citoyenneté française. »

À noter que ce document de 39 pages était préfacé par Nicolas Sarkozy et Alain Madelin (aujourd’hui soutien d’Emmanuel Macron !) et cosigné par tous les dirigeants de la droite et du centre de l’époque, dont Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Alain Juppé et même … François Bayrou !

Ces documents oubliés, ainsi que des dizaines d’autres, qu’il nous a confiés, ont été conservés par Bernard Mahou, 80 ans, membre des Républicains et ancien influent « Monsieur immigration » de différents cercles de réflexion gaullistes. Toujours dans l’ombre, mais toujours actif, il n’a cessé, depuis, d’échanger avec les ténors de la droite, dont Fillon, Juppé, Le Maire, Larcher, etc. L’homme a aussi travaillé aux côtés d’Emmanuelle Mignon au cabinet de Nicolas Sarkozy. Ses archives en témoignent: tout était connu. Sur la réalité du phénomène, d’abord. « En 1974, l’immigration a été stoppée … sur le papier, résumait le Club 89 dans une note de 1990. En fait, depuis lors, la France n’a en rien maîtrisé le phénomène. Le dispositif de « blocage » a fait eau de toute part. Un regroupement familial illimité, le différentiel de natalité entre Français et étrangers, et la poursuite d’entrées clandestines massives, encouragée par des opérations de « régularisation » ont concouru à un accroissement continu de la présence immigrée en France. » Le « grand remplacement », ou pas loin … Anticipée, aussi, cette assimilation sacrifiée, que l’on fait mine de (re)découvrir, due aux « transferts de populations porteuses de culture extra-européenne, dont le déracinement entraîne souvent un attachement viscéral à l’identité et à la communauté originelles ».

De l’émergence du FN, au milieu des années 1980, à la victoire de Chirac à la présidentielle de 1995, la droite RPR-UDF (Union pour la démocratie française, le parti centriste créé par Giscard) s’était soudainement « droitisée » sur les questions d’immigration. Largement, certes, pour des raisons tactiques. Reste dix ans de « parler-vrai » revigorant, sans complexe, ni tabou ! C’est ainsi que la même droite qui, sous le mandat de Sarkozy, supprimera la « double peine » pour les immigrés délinquants, allait, en 1986, jusqu’à réclamer dans son programme officiel de campagne législative (« Une politique pour la sécurité ») que tous les revendeurs de drogue étrangers, une fois leur peine effectuée, soient « reconduits sans délai à la frontière » pour une … « interdiction de séjour illimitée !»  Inversement était promis « la fermeture » de ces mêmes frontières « aux populations à haut risque sur le plan du trafic ». Sans préciser la nature du « risque »

Plus radical encore, selon ce programme: les « expulsions administratives » seront exécutées « sur la base de simples menaces à l’ordre public, sans précision de gravité et sans condition de condamnation à une peine d’emprisonnement ». «Il faut le faire, nous le ferons », promettait en sous-titre ledit programme. « Expulsions au faciès« , s’offusquerait-on aujourd’hui. Y compris à droite …

Oubliés, encore, ces constats et propositions de l’UDF rassemblés dans un document intitulé « Faut-il et peut-on fermer les frontières ?« : « La France ne peut que s’opposer à l’entrée sur son territoire de nouvelles populations étrangères en provenance de pays en voie de développement »; « l’embauche de salariés étrangers devrait donner lieu au paiement par les employeurs d’une surtaxe dissuasive »; « aux postes frontières, il faut que les agents de la Police de l’air et des frontières […] aient la possibilité d’apprécier la sincérité de n’importe quel voyageur étranger en l’interrogeant sur les raisons de son déplacement en France »- même si son passeport et son visa sont en règle ! Ajouté en annexe à ce document, cette autre proposition choc de l’économiste libéral Jacques Bourdu: « L’asile devra être demandé uniquement lors de l’admission sur le territoire national et ne pourra jamais être accordé à un clandestin. » « Dans l’attente de l’établissement de ces règles nouvelles, concluent les Clubs Perspectives & Réalités (l’une des composantes de l’UDF), la sagesse serait d’interrompre l’immigration sous toutes ses formes. » « Sagesse » il y a trente ans, « xénophobie » aujourd’hui …

Enterrée aussi l’idée, alors défendue par la commission immigration du RPR, de créer une « caisse autonome de Sécurité sociale » pour les immigrés et des « formulaires séparés » pour « la main-d’oeuvre étrangère ». Abandonné ce plan prôné par le même parti chiraquien de voir « les radios et chaînes publiques ainsi que les médias privés […] incités […] à favoriser l’assimilation » au lieu, comme aujourd’hui, d’être poussés à promouvoir les « minorités visibles »… Sans tabou, cette même commission n’hésitait du reste pas, en 1985, à citer, parmi ses références bibliographiques, le livre la Préférence nationale, réponse à l’immigration dirigé par Jean-Yves Le Gallou (Albin Michel, 1985), alors élu UDF, membre du très droitier Club de l’horloge d’Yvan Blot et Henry de Lesquen et … futur député FN. Directement inspirée par cet ouvrage, une proposition contenue dans un rapport du RPR de 1990 voit dans cette préférence nationale (non citée) un instrument de lutte contre l’effet « pompe aspirante »: « En ce qui concerne les avantages sociaux, il convient […] de prévoir le versement de certaines prestations sociales aux seuls nationaux français, afin d’atténuer le caractère incontestablement attractif du système de couverture sociale à l’égard des candidats à l’immigration. »

Particulièrement détonnant sur la question de l’islam est le compte-rendu du comité de pilotage sur l’immigration, réunissant représentants du RPR et de l’UDF, qui s’est tenu le 6 mars 1990, dans l’optique des États généraux sur l’immigration. Y siégeait entre autres … Marielle de Sarnez. Le constat est celui d’une impossible cohabitation avec les musulmans: « Le problème des rapports avec l’islam s’est toujours posé à travers l’histoire, à propos de la famille, du statut familial, du code personnel, et plus généralement des rapports entre l’homme et la femme, relève la commissionPour la simple raison que l’essentiel des règles qui régissent la famille chez les musulmans sont contenues dans le Coran (et dans la sunna), c’est-à-dire dans des textes sacrés. » « Pessimistes  », les auteurs du rapport jugent «  inéluctable qu’un jour un extrémiste musulman ne craindra pas de demander l’application de la Chariah [sic] ». Aux antipodes de la voie suivie en 2003 par Sarkozy avec la création  du Conseil français du culte musulman (CFCM), les États généraux des 31 mars et 1er avril 1990, suivant l’avis de son comité de pilotage, promettront donc de  s’opposer clairement à la création d’un « consistoire musulman» jouant « le rôle d’interlocuteur représentatif ». Motif: « Ce n’est pas aux pouvoirs publics d’organiser l’islam. » Lequel, ajoutait le document « semble incompatible avec le droit français ». Car, oui, soulignait-il, « il y a bien incompatibilité entre l’islam et nos lois ». Des propos alors cautionnés par la totalité des dirigeants de droite et du centre – de Giscard à Chirac, en passant par Sarkozy et Bayrou …

… qui vaudraient aujourd’hui une exclusion
immédiate à 
qui se hasarderait à les répéter !

Arnaud Folch pour Valeurs actuelles.

Juste quelques questions …

Mais pourtant, en 25 ans :

  • Le problème de l’immigration – reconnu à l’époque par Juppé – a t-il été résolu ? Ne s’est-il pas aggravé ?
  • Le sentiment qu’il y a trop d’immigrés en France a t-il diminué ou s’est-il renforcé ?
  • Le chômage a t-il été éradiqué ? La France peut-elle, de ce point de vue, rester une terre d’immigration ?
  • L’attractivité des prestations sociales a t-elle cessé d’être « un phénomène d’appel considérable à l’immigration » tel que dénoncé en 1990 ?
  • Le déficit français a t-il été maîtrisé au point d’ouvrir les vannes de l’immigration ?
  • Avec la poussée de l’intégrisme en France, l’islam apparait-il aujourd’hui plus compatible avec la République qu’en 1990 ?

Alors que les Français répondent en majorité NON à ces six questions, les responsables de la droite répondent désormais OUI !

N’est-ce pas là l’origine de notre cuisante défaite de mai 2017 ?

Merci de tweeter cet article :





 

Laissez une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *