La faillite du Fact checking

Publié par le 19 Avr, 2020 dans Blog | 0 commentaire

La faillite du Fact checking

Le bras armé de la bien-pensance,
c’est désormais le Fact checking.

Il s’agit d’une tendance venue des Etats-Unis qui consistait initialement à contrôler tout ce que déclaraient les hommes politiques, en confrontant les déclarations aux faits avérés.

Louable intention qu’on se saurait combattre !

Mais en France, malheureusement, le Fact Checking s’est transformé insidieusement en Thinking Checking. 

On ne peut que constater que c’est la presse de gauche (Le Monde, l’AFP, Libération) qui a préempé le sujet en assurant le fact checking au travers du prisme du politiquement correct.

Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser la façon dont sont considérées comme toujours négatives les idées telles que Le Grand Remplacement, le climatoscepticisme, le souverainisme ou positives comme le progressisme ou le multiculturalisme.

Mais parfois les fact checkers sont pris en défaut lorsqu’ils taxent d’abord une affirmation de complotisme,  et qu’elle s’avère crédible quelques semaines plus tard.

C’est l’analyse que nous propose Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire, à propos de jugements hasardeux prononcés à l’occasion de l’épidémie de coronavirus :

Parmi les entreprises susceptibles de se trouver bien dépourvues quand le déconfinement sera venu, le fact-checking !

Gabrielle Cluzel

Son enseigne accrochée à une « boutique » de belle réputation, comme une moule à son son rocher – Le Monde, l’AFP, Libération – le fact checker use de ce prestigieux gage pour écraser de sa vérité le complotiste chronique, le paranoïaque patenté, l’internaute compulsif qui partage plus vite que son ombre (et parfois que sa jugeote), et… plus grave, car jetée dans le même fourre-tout, la pensée divergente. 

Car si le fact checker étaye toujours – avec un brin de pédagogie condescendante, à son ton, on sent qu’il lève les yeux au ciel devant tant d’absurdité – ses explications, celles-ci trouvent toujours leurs sources dans le même creuset, auprès des mêmes experts, excluant d’office tout avis hors-les-clous. 

Car évidemment, si en théorie, seul le « fact » est « checké », dans la pratique, ce noble censeur vérifie aussi les idées. Si vérifier qu’une photo a bien été prise là où on le prétend ou s’assurer qu’une citation n’a pas été tronquée, est « objectif », s’aventurer sur le terrain de la pensée est forcément biaisé. La vérité est comme une cathédrale, elle se bâtit grâce à des contreforts dont les forces s’opposent. Pour effacer les biais des informateurs, il faut qu’ils se neutralisent mutuellement, c’est tout l’objectif de la pluralité de la presse. 

Pour éviter un décodage hémiplégique, il faudrait donc des fact checkers moins consanguins… 

Preuve vient d’être faite par la crise du coronavirus.

Non, la science n’est pas un dogme de foi immuable, froid et incorruptible comme le marbre. Les chercheurs doutent, confrontent, découvrent, bouleversent l’ordre établi, et parce que ce sont des êtres de chair et de sang, leurs ressorts ou leurs limites, au-delà de leur compétence, peuvent s’appeler tout à la fois – car la nature humaine est complexe – altruisme, appas du gain, ego, ambition, idéal, jalousie. Sans compter la politique ou les intérêts économiques qui peuvent s’inviter subrepticement. 

Refuser, dans un monde qui se prétend en marche et disruptif cette émulation bouillonnante, au prétexte de préserver, comme un précieux vase de Chine, LA vérité de nos mandarins fige évidemment la réflexion. Si l’AFP factuel, le Décodex et CheckNews, avaient vécu au temps du Malade imaginaire, toute remise en cause des saignées aurait valu à son téméraire auteur une mention « contenu partiellement faux », et une censure de Facebook… la sanction dont a fait l’objet , avant que tout ce petit mondent aille piteusement à Canossa.

En quelques jours, l’idée que le virus ne provient peut-être pas du marché mais du labo de Wuhan, est passée de sulfureuse à plausible. Sur Cnews, le professeur Montagnier, prix Nobel de médecine 2008, a même avancé l’hypothèse que ce virus pourrait être le fruit d’un travail « d’apprenti sorcier » en vue de trouver un vaccin contre le sida. 

Entendons-nous : je n’ai aucun avis sur ces thèses n’ayant pas la moindre compétence dans ce domaine, mais il me paraît sain et normal que des professeurs de médecine reconnus puissent faire entendre des sons de cloche iconoclastes… et que ceux qui les contrent ferraillent sur le terrain de la science et non de la sorcellerie : tenter de les discréditer par des accusations de climato-scepticisme pour Didier Raoult, ou de collusion avec « l’extrême-droite catholique » pour (tweet de Caroline Fourest) est pour le moins indigent. 

Le 12 février dernier, dans l’émission  hebdomadaire Idées claires co-produite par France Culture et France info « destinée à « lutter contre les désordres de l’information, des fake news aux idées reçues », Anne-Claude Crémieux, professeur de maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis, sous le titre « Coronavirus, une épidémie de Fake News », affirmait qu’on ne pouvait pas attraper le coronavirus partout en France, et que « le risque d’être en contact avec une personne infectée [était] extrêmement faible. » Sauf qu’il semblerait aujourd’hui que le virus ait circulé bien avant qu’on ne l’imagine… Elle affirmait aussi que les informations données par les Chinois étaient de son avis tout à fait dignes de confiance…

Peut-on lui en vouloir ? Non, bien sûr. Vérité en deçà du mois de mars, erreur au delà. Cette dame est savante, pas omnisciente. Aucun de ces professeurs chevronnés n’est Dieu le Père… aucun n’est donc non plus le Diable. 

Gabrielle Cluzel pour Boulevard Voltaire.

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