L’affaire Johnny en dit long sur notre société …

Publié par le 28 Fév, 2018 dans Blog | 0 commentaire

L’affaire Johnny en dit long sur notre société …

L’argent pourrit tout …

Et l’affaire de l’héritage de Johnny Hallyday ne déroge pas à la règle !

Après cet extraordinaire moment d’émotion et de partage que beaucoup d’entre nous ont vécu lors des obsèques de la star, la chute est brutale et vertigineuse tant il est probable que l’on est encore loin d’avoir atteint le fond.

La confrontation des règles juridiques sur l’héritage entre Paris et Los Angelès va être au coeur de la bataille qui s’engage. Les Français, très attachés à la transmission du patrimoine, ont beaucoup de mal à comprendre qu’aux Etats-Unis, on puisse déshériter ses enfants. Et pourtant d’une certaine façon, il y a une justice à remettre à zéro, les chances à chaque génération.

Guillaume Roquette, dans le Figaro Magazine, profite de ce conflit familial autour de l’héritage de Johnny Hallyday, pour réfléchir sur les évolutions de  notre société dans ce domaine. Voici son édito :

La fielleuse succession de Johnny Hallyday captive autant qu’elle attriste. On aurait tellement préféré garder indemne le souvenir d’un deuil que la ferveur avait métamorphosé en un moment rare de communion nationale. Mais c’était sans compter avec la trivialité du réel, sans que l’on comprenne vraiment dans cette triste affaire ce qui relève des volontés de l’idole et des calculs de sa dernière épouse. Abasourdis, les Français ont en tout cas découvert qu’on pouvait, sous certaines conditions, déshériter complètement ses enfants.

Et cette famille qui se déchire sous nos yeux dit quelque chose d’une époque où plus rien ne va de soi, même pas l’héritage qu’un père léguait d’ordinaire à sa progéniture.

Guillaume Roquette

Où s’arrête le devoir des parents ? Grace à Johnny, on sait désormais qu’en Amérique la liberté en matière de transmission est totale, n’offrant aux descendants aucune des garanties que leur accorde notre code civil. Là-bas, au nom de la liberté individuelle, chacun peut faire ce qu’il veut de son argent, même après sa mort. D’un point de vue philosophique, cette privation d’héritage est d’ailleurs parfaitement défendable : au nom de l’égalité des chances, les authentiques libéraux sont ainsi favorables à la disparition de tout impôt sur le revenu au profit d’une taxation confiscatoire sur les transmissions, afin de remettre les compteurs à zéro à chaque génération.

Mais, dans la vraie vie, c’est plus compliqué. La plupart des parents, contrairement à Johnny Hallyday, sont désireux de transmettre le maximum à leurs enfants. Il n’est qu’à voir le faible nombre d’expatriés fiscaux qui sont revenus en France depuis l’élection d’Emmanuel Macron, malgré le démantèlement de l’ISF et des prélèvements sur les revenus du capital nettement moins douloureux. Le nouveau pouvoir n’ayant pas baissé l’impôt sur les successions, les retours se font attendre.

Un conflit privé qui reflète
les bouleversements d’une société

Ce n’est pas un hasard si les mots héritage, transmission, succession ou patrimoine ont tous un double sens : ils s’appliquent à l’argent, mais pas seulement. En même temps que leurs économies (s’ils ont été en mesure d’en faire, évidemment), les parents transmettent à leurs enfants une part d’eux -mêmes, de leur travail et d’un patrimoine dont ils ont été les dépositaires, sans que celui-ci soit nécessairement financier. Mais cette logique se trouve désormais remise en question, comme si les déchirements familiaux reflétaient le trouble d’un pays qui doute de son identité, quand il ne renie pas ses racines.

L’affaire Johnny est symptomatique d’une société où la cellule familiale tend à se resserrer sur le couple, même au détriment des enfants. Où on « refait » sa vie en s’efforçant parfois d’effacer celle d’avant. Mais ces bouleversements ne sont jamais anodins : il y a des vraies souffrances derrière les tractations un peu sordides et les batailles d’avocats. On aimerait que ceux qui veulent aller encore plus loin dans la déconstruction de la famille, via la PMA sans père en particulier, y réfléchissent.

Guillaume Roquette pour le Figaro Magazine.

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