Le progressisme n’en aurait plus pour longtemps …

Publié par le 1 Juil, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Le progressisme n’en aurait plus pour longtemps …

Conservatisme versus Progressisme …

Marion Maréchal, dans son interview, donnée à LCI (voir cet article) nous avait rappelé ce qu’est le conservatisme en proposant cette définition :

« Une disposition de l’esprit qui consiste à vouloir « conserver » des héritages séculaires, millénaires dans lesquels on a des leçons du passé, des bénéfices du bien, du vrai, du juste. »

Mathieu Bock-Côté (voir cet article) prône une société équilibrée entre conservatisme et progressisme :

Je crois fondamentalement qu’une société a besoin :
– et de conservatisme et de progressisme,
– et d’enracinement et de cosmopolitisme,
– et de liberté et d’autorité,
– et d’égalité et de différence.

Driss Ghali, dans une excellente analyse parue dans Causeur, combat le progressisme et en annonce la fin prochaine :

Le progressisme n’en a plus pour longtemps …
Le progrès est déboussolé

Le camp des progressistes perd de plus en plus du terrain. L’aveuglement et le mutisme devant les maux français n’ont que trop duré. Les errements actuels de l’idéologie dominante pourraient fournir chaque jour de nouveaux « progressistes repentis » aux rangs adverses. Si la droite cesse de se recroqueviller sur elle-même !

La France n’a jamais été aussi riche. Pourtant, le malaise est là, palpable partout pour peu que l’on ouvre les yeux. Chinois et Russes nous regardent avec effroi tant ils perçoivent notre désarroi et notre impuissance. Ils n’hésitent plus à pointer du doigt les contradictions de l’idéologie qui nous domine. Le monde ne partage plus les utopies françaises : le projet d’une société multiculturelle et d’une civilisation des minorités ne fait rêver personne au-delà de nos frontières. Et si nous étions face au premier grand revers de la gauche, ce système de pensée qui gouverne la France depuis trente ans sans interruption ?

Il était une fois la gauche

Définissons la gauche pour commencer. Disons, pour aller vite, qu’il s’agit du camp des progressistes c’est-à-dire tous ceux qui se sentent parfaitement à l’aise dans l’époque que nous vivons. Ils aiment le changement quel qu’il soit et applaudissent la transformation accélérée de la démographie, de la langue française, des paysages, des goûts et des saveurs. La seule mutation qui leur semble poser problème est celle du climat. 

Tout ce qui est purement français leur semble suspect. C’est le parti de « la mise à jour » perpétuelle. Selon eux, l’ancien doit céder la place au nouveau qui est meilleur, par essence, et donc désirable. Le seul héritage qui trouve grâce à leurs yeux est celui qui peut être monétisé en tant qu’attraction touristique (Versailles) ou « exporté » à l’étranger sous le format d’une franchise (Le Louvre à Abu Dhabi par exemple). Ils n’ont plus de relation passionnelle avec la France. 

Les progressistes combattent tout ce qui tient encore debout dans la civilisation française

La gauche mène un seul et même combat depuis cent cinquante ans : déchristianiser la société française et déconstruire la morale bourgeoise. Le succès a été foudroyant. La voix de l’Eglise ne porte plus, insulter le fait catholique et profaner ses lieux de culte n’entraînent aucune réaction ou presque. La bourgeoisie, quant à elle, a embrassé la philosophie libertaire, elle n’est plus le parti de l’ordre puisqu’elle se complaît dans le laxisme pénal. C’est bien la première fois que les possédants acceptent voire promeuvent une philosophie pénale qui allège la punition et entrave le maintien de l’ordre. Quel contraste avec la bourgeoisie décrite par Balzac et Hugo !

Plus que l’extrême-droite, les progressistes combattent tout ce qui tient encore debout dans la civilisation française.  La seule bataille qui compte à leurs yeux est la liquidation de l’héritage commun et tous ceux qui s’y opposent sont traités de réactionnaires, de machistes, de racistes et d’homophobes. Ce ne sont pas les prétendus héritiers du fascisme qui inquiètent les progressistes, c’est la résistance des traditions et de l’identité nationale. L’ennemi véritable n’est pas le populisme de droite, c’est le monde ancien qui tarde à s’effondrer.

Les progressistes “repentis” sont de plus en plus nombreux

Ce projet n’a plus besoin du peuple dont l’ultime sagesse est son inertie qui l’enracine dans ses territoires et ses modes de vie. Moi-même, progressiste repenti, je me rappelle avec quelle condescendance je considérais l’attachement de mes amis de province à leur « patelin » et leur totale indifférence vis-à-vis de ma vocation de « citoyen du monde ». La vie m’a appris à respecter dans l’homme et la femme leur capacité à prendre soin de l’endroit où ils sont nés et où ils ont aimé pour la première fois.  

La cause du peuple est un obstacle que l’on contourne par tous les moyens, même les plus perfides. Que d’insultes sont proférées chaque jour contre le « beauf », cet ennemi fabriqué de toutes pièces pour ridiculiser les classes populaires. Pire, on a lâché le délinquant sur le prolétaire tel un essaim de criquets qui s’abat sur une prairie verdoyante pour la piller et la défigurer. 

Destruction du passé

Cela dit, les masques ne sont pas encore tombés car le progressisme est officiellement bienveillant. Il est paix et amour. Il est la morphine du peuple qui anesthésie sans guérir car ce qui compte c’est la fuite en avant, atteindre le point de non-retour pour annoncer, l’air désolé : « la France a changé, il faut s’y résigner sinon ce sera la guerre civile ». 

Le progressisme représente la symbiose entre la vocation paternaliste et moraliste de la bourgeoisie (de toutes les bourgeoisies du monde en définitive) et les techniques de subversion communistes. La main droite distribue les recommandations (« mangez bio et tendez l’autre joue ») alors que la main gauche coupe la langue de ceux qui osent remettre en cause le cours naturel de l’histoire. 

Il n’y a rien à attendre des progressistes : ils ne changeront pas de cap parce qu’ils sont en train de détruire le tableau de bord à coup de battes de baseball. Ils ont déclaré la guerre à tout ce qui tient encore debout et sont incapables de stopper la grande machine à détruire le passé. Ils sont obligés de nourrir le monstre qu’ils ont créé et qui a besoin de sa dose quotidienne de dérision, de haine de soi et de naïveté.

Éteignez les lumières!

La Raison et l’Intelligence sont désormais en ligne de mire des progressistes. Après avoir vaincu l’Eglise et converti la bourgeoisie, ils s’en prennent aux cerveaux. Qu’est-ce l’écriture inclusive si ce n’est qu’une grenade à fragmentation jetée au visage de la langue française ? Ce patrimoine envié par le monde entier est en train d’être outragé par ceux qui aspirent définitivement à liquider cent ou deux cent ans d’efforts d’alphabétisation. Bientôt, on ne saura plus lire les poèmes de Ronsard ou les vers de Lamartine. Le lien sera coupé avec le passé et les Français redeviendront des nains, déchus des épaules du géant qu’a été la grande civilisation léguée par leurs aïeux (pour paraphraser la célèbre maxime attribuée à Pascal).

Les mots ne veulent plus rien dire. La Diversité désormais se limite aux couleurs, elle ne concerne plus les opinions, elle n’est plus synonyme de pluralité. La Liberté est vidée de son sens car penser par soi-même peut coûter cher par les temps qui courent, il vaut mieux déléguer le libre-arbitre aux leaders d’opinion qui vous disent quoi penser et surtout ce qu’il ne faut pas penser. La Fraternité est détruite, jour après jours, par le retour de la question de la race puisqu’il faut célébrer la différence coûte que coûte. Et soudain nous nous sommes retrouvés à dire « blanc », « noir », « racisés » etc. Enfin, l’Egalité est sapée par le multiculturalisme qui a besoin de rabaisser la majorité silencieuse pour créer les conditions de la « fierté » de quelques heureux élus. 

Aveuglement et mutisme français

Si les mots sont attaqués, alors c’est toute l’intelligence qui risque de s’effondrer. Elle s’exerce à travers le langage. La priver des mots revient à lui couper l’oxygène.

Les signaux d’alerte ne manquent pas. Jamais nous n’avons été aussi ignorants de la nature humaine ! Jamais nous n’avons été aussi incapables de comprendre autrui ! Jamais nous n’avons été aussi naïfs ! Cent ans après Freud et cinq cent ans après Machiavel, nous sommes complètement dépourvus devant le retour de l’humain ! 

Quand des adultes à la fleur de l’âge se jettent à la mer, conscients des risques encourus, les progressistes voient des migrants c’est-à-dire des enfants, des grands enfants incapables d’exercer leur libre arbitre. Quand un violeur s’en prend à des femmes voire à des jeunes filles, on évoque des problèmes de communication interpersonnelle et de contrôle émotionnel. Lorsqu’un délinquant humilie sciemment les forces de l’ordre venus l’interpeller et menace de représailles les victimes traumatisées, l’on évoque une enfance difficile et on refuse de voir la résurgence de l’implacable nature humaine. Nous avons oublié que nous sommes des êtres hiérarchiques, passionnés par le statut et la distinction. Le violeur, le délinquant, le mafieux ou le mari violent cherchent tous à imposer leur supériorité sur les personnes qui vivent sur ce qu’ils considèrent leur territoire. C’est vieux comme le monde, les Grecs le savaient, les Romains aussi, pas nous. Nous avons inventé l’anthropologie et la sociologie mais sommes incapables de voire les évidences les plus criantes … 

Retrouver le bon sens

Les progressistes ont raison lorsqu’ils embrassent le changement. Il est nécessaire car l’Humanité n’a jamais été aussi nombreuse et aussi interconnectée. Nous sommes la première génération à vivre au-delà de toute douleur physique, il y a de quoi avoir « la grosse tête ». Un mariage peut durer, en théorie, cinquante ans voire plus dans un pays où l’espérance de vie dépasse les soixante-dix ans : il est normal que les mœurs évoluent, que la notion de fidélité soit comprise différemment. Mais, nous ne devons pas perdre notre intelligence ni notre esprit guerrier. Et c’est le grand reproche qu’il faut faire aux progressistes qui sont en train de transformer la France et l’Europe Occidentale en une allégorie de la naïveté, de la candeur et du déni. 

La refondation de la droite doit prendre en compte le « sauvetage » des progressistes de bonne volonté qui ne veulent pas être accusés par les générations futures d’avoir liquidé la France. La droite doit être plurielle. Au lieu de se soumettre aux progressistes comme elle le fait depuis les années 1980, elle devrait faire une OPA sur tous les progressistes qui accordent encore de l’importance au Bon Sens.

Driss Ghali pour Causeur.

Nota : je me suis permis de reprendre le titre de l’article de Driss Ghali … Mais en utilisant le conditionnel, car je suis moins optimiste que lui !

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Qui est Driss Ghali ?

Driss Ghali est écrivain, globe trotter et diplômé en sciences politiques. Il est spécialistes des relations internationales. On peut le retrouver sur son site: Manumilitari

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